René Stammbach, vice-président et trésorier de la Fédération Internationale (ITF) ainsi que président de Swiss Tennis, fait partie de ceux qui ont milité pour le changement de format de la Coupe Davis. Malgré la rupture de contrat entre l'IITF et le groupe Kosmos, il ne regrette rien.
«Nous devons chercher des solutions»
«Nous avons organisé 36 rencontres de Coupe Davis le week-end dernier. Je n'ai eu que des retours positifs, se félicite René Stammbach. Sur le plan financier, 6 millions de dollars étaient redistribués aux fédérations et le prize money pour les joueurs s'élevait à 6,8 millions de dollars avant la réforme de 2018. Aujourd'hui, nous versons 10 millions aux fédérations et 16 millions aux joueurs.»
Selon René Stammbach, ces montants seront toujours de mise pour 2023 malgré le retrait de Kosmos. «Des assurances ont été finalisées pour couvrir le prize money de 2023, précise-t-il. Quant à celui de 2022, il sera réglé ces prochaines semaines. Les joueurs qui n'ont pas encore touché leur argent vont être indemnisés.»
René Stammbach est toutefois pleinement conscient que la Coupe Davis devra se «réinventer» dès l'année prochaine pour faire face au retrait du groupe Kosmos de Gerard Piqué qui s'était engagé pour un contrat de... 25 ans chiffré à 3 milliards de dollars. «L'ITF se penchera sur cette question au mois de mars. Nous devons chercher des solutions», lâche-t-il.
Le président de Swiss Tennis n'ignore pas que les tournois du Grand Chelem souhaitent redonner à la Coupe Davis son lustre d'antan. «J'ai pris connaissance des critiques émises par Gilles Moretton, le président de la Fédération française. Mais quelles sont les propositions avancées par les tournois du Grand Chelem? Je ne vois rien venir!»
Le succès du Big Three
L'engouement suscité par les «qualifiers» du week-end dernier – on a notamment joué à guichets fermés à Trèves pour la rencontre Allemagne-Suisse – a rappelé combien le public pouvait apprécier ces rencontres à domicile qui ont toujours fait beaucoup pour la promotion du tennis.
«L'idéal serait de jouer les huitièmes et les quarts de finale sur un match 'sec' comme on le faisait jusqu'en 2018 et d'organiser ensuite un Final 4», plaide pour sa part Marc Rosset. Finaliste de la Coupe Davis en 1992 lors d'une campagne mémorable, le Genevois veut croire que l'épreuve qu'il chérit a encore un avenir.
«La Coupe Davis a été en quelque sorte la victime des fabuleux succès du Big Three. Roger Federer, Rafael Nadal et Novak Djokovic l'ont jouée au début de leur carrière avant de courir derrière le record des titres du Grand Chelem», note Marc Rosset.
«On peut comprendre que la Coupe Davis, qu'ils ont tous les trois gagnée, n'était plus un objectif premier pour eux. Mais aujourd'hui, nous n'avons plus de joueurs capables de remporter 20 titres du Grand Chelem. Pour un Stefanos Tstsipas, un Carlos Alcaraz, un Alexander Zverev, un Roger Auger-Aliassime, un Jannik Sinner, la Coupe Davis est un must. J'en suis persuadé», glisse-t-il.
Pas le droit de décevoir
A Trèves en sa qualité de consultant pour la RTS, le Genevois a pu constater que la magie de la Coupe Davis opère toujours pour l'équipe de Suisse. A 37 ans bien passés, Stan Wawrinka s'est battu comme un lion pour lui donner le point de la victoire. Transcendé par l'événement, Marc-Andrea Hüsler a sorti le match de sa vie pour battre Alexander Zverev. Quant à Dominic Stricker, il avait des étoiles plein les yeux après son double avec Stan Wawrinka malgré l'amertume de la défaite.
«Croyez-moi, jouer une rencontre de Coupe Davis dans un stade à guichets fermés au côté d'un triple vainqueur en Grand Chelem fut une expérience extraordinaire. J'en redemande», lançait le Bernois. René Stammbach a sans doute reçu le message de celui qui est aujourd'hui le plus grand espoir de sa fédération. Il n'a franchement pas le droit de le décevoir.
(ATS)