«Wow, le petit Chinois»
Un commentateur écarté des Jeux olympiques pour des propos racistes

Un analyste de snowboard de Radio-Canada a défrayé la chronique dans le cadre des Jeux de Pékin. Max Hénault a dû être remplacé mardi soir après des propos déplacés sur l'origine asiatique de deux athlètes.
Publié: 10.02.2022 à 14:48 heures
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Dernière mise à jour: 10.02.2022 à 16:19 heures
Lors du run de Su Yiming, le commentateur a lâché plusieurs propos désobligeants à son égard.
Photo: DUKAS
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Jocelyn Daloz

Malaise sur les ondes de Radio-Canada: lors de la compétition de slopestyle masculin, dimanche, l'analyste Max Hénault a lâché plusieurs remarques jugées déplacées. Lors du run de l'athlète Takeru Otsuka, il s'est fendu d'un «un peu trop de dumplings?» après une manoeuvre ratée du Nippon. Il a en outre prononcé plusieurs fois son nom en imitant un accent japonais.

Celui qui entraîne les Canadiens Maxence Parrot, Seb Toutant et Laurie Blouin a également lancé, à propos du surfeur Su Yiming, 17 ans, médaillé d'argent derrière Maxence Parrot: «Wow, le petit Chinois qui est tellement impressionnant, nouveau sur la scène internationale, en plus.»

L'analyste a depuis été retiré de l'antenne. Il s'est excusé auprès du journal «La Presse»: «Je suis un gars qui est de bonne humeur dans la vie, j’aime le monde, j’ai beaucoup d’énergie, je peux parfois faire de mauvaises blagues. Je ne sais pas pourquoi j’ai parlé de dumplings. On était en direct, ça allait vite. Ce n’est pas mon métier dans la vie. C’était une petite joke, qui n’avait pas lieu d’être, je n’avais pas d’arrière-pensée. On fait tous des erreurs.»

Il se défend toutefois quant aux deux autres saillies, arguant qu'il s'est contenté de prononcer le nom de Takeru Otsuka à la japonaise. «Ce n’était vraiment pas pour rire de lui», assure-t-il. A propos du «petit Chinois» Su Yiming, Max Hénault se défend d’être raciste, jurant qu'il parlait de sa taille: «Je m’en excuse auprès des téléspectateurs. Ce n’était nullement dans le but d’être négatif envers l’athlète. Su Yiming est vraiment petit et en snow, c’est un avantage d’être petit. Plus tu es grand, plus tu risques de te blesser. J’entraîne plein de jeunes, je les appelle mes petits rippers, mes petits boys. Le racisme, ça ne me passe pas par la tête. J’ai voyagé partout dans le monde, je ne regarde pas les nouvelles», soutient Max Hénault auprès de nos confrères canadiens.

Il ne passera plus sur les ondes de Radio-Canada durant ces JO, mais uniquement, affirme le porte-parole Marc Pichette, parce que «l’épreuve de slopestyle en planche à neige (sic) ayant eu lieu, son contrat comme analyste est terminé». On ignore s'il sera à nouveau sollicité par la suite.

Autres dérapages lors de Jeux Olympiques

Ce n'est pas la première fois qu'un commentateur sportif dérape. Pas plus tard que dimanche, l'ancien skieur acrobatique Guilbaut Colas commentait le ski acrobatique pour les téléspectateurs de France 3. Au vu du niveau élevé de la compétition et du nombre de points impressionnants atteints par les skieuses qui sont montées sur le podium, Guilbaut Colas s'est exclamé que Jaelin Kauf (médaille d'argent) skiait «comme un mec» ou encore que «pour une fille, c'est vraiment impressionnant».

En 2016, lors des Jeux d'été, «Femme actuelle» avait relevé un florilège de dérapages et de bourde sur les chaînes françaises:

- L'ancien gymnaste Thomas Bouhail a comparé les Japonais à des Pikachus lors de la cérémonie d'ouverture.

- Toujours durant la cérémonie, le directeur des Sports à France Télévisions, Daniel Bilalian, a eu la maladresse de parler «d'esclavage nécessaire» en décrivant le développement industriel et agricole du Brésil: «Ces images symbolisent le trafic d’esclaves qui a été nécessaire ici, considéré comme nécessaire pour le développement industriel et surtout agricole de l’époque. Et c’est un esclavage qui a duré, très, très longtemps, pratiquement jusqu’à la fin du XVIIIe siècle. Le Brésil a utilisé les services de ces esclaves africains qui venaient de l’ensemble du continent africain.»

- Le journaliste François Brabant, en commentant un match de tennis féminin opposant Serena Williams et la Française Alizé Cornet: «On va avoir le droit à une opposition entre deux des plus grandes drama queens du circuit: on va voir pas mal de grandes démonstrations, de grands gestes, de cris, de rage, de pleurs… Ça extériorise beaucoup.»

- «Ah, ça pleure chez les gonzesses. Quand ça gagne, ça pleure, quand ça perd, ça pleure….» Cette fois-ci, c'est l'ancien judoka Thierry Rey qui parle d'émotions féminines en commentant le combat lors duquel la Brésilienne Rafaela Silva rafle la médaille d'or à la tenante du titre, la Mongole Dorjsürengiin Sumiya.

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