Pour elle, le peuple devrait voter
La gauche est sceptique concernant des Jeux olympiques en Suisse

La Suisse pourrait bientôt accueillir des Jeux olympiques d'hiver durables. Mais la gauche doute des promesses des promoteurs. Les politiciens exigent que le peuple ait le dernier mot.
Publié: 14.08.2023 à 11:14 heures
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En Suisse, les fédérations sportives rêvent d'une candidature. Celle-ci se concrétise désormais.
Photo: keystone-sda.ch
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Lea Hartmann

Urs Lehmann n'abandonne pas. Le président de la Fédération suisse de ski rêve de Jeux olympiques d'hiver en Suisse – bien que toutes les tentatives aient échoué jusqu'à présent. Les projets d'organisation de JO dans nos contrées sont en train de se concrésiter désormais.

Swiss Olympic et les fédérations nationales de sports d'hiver seraient sur le point d'entamer des discussions sur les modalités concrètes d'une candidature. Les choses pourraient devenir sérieuses dès le mois de novembre.

Dans toute la Suisse

L'euphorie des promoteurs olympiques est grande, mais le scepticisme du camp politique de gauche l'est tout autant. Certes, on promet les Jeux les plus durables de l'histoire. Au lieu de se dérouler dans un seul canton, ils devraient être répartis sur des installations sportives dans toute la Suisse. Il ne faudrait donc pas construire de nouvelles installations.

Photo: Graphique Blick

Mais les politiciens des Vert-e-s et du PS doutent de ces promesses mirobolantes. «Jusqu'à présent, tous les Jeux olympiques ont été beaucoup plus chers et gigantesques que ce qui était prévu à l'origine», fait remarquer Brigitte Wolf. Cette ancienne sportive de haut niveau est présidente des Vert-e-s valaisans et a contribué en 2018 à empêcher l'organisation de Jeux olympiques en Valais.

«Pas de Jeux rentables économiquement»

Selon elle, le fait que l'on veuille désormais organiser les Jeux dans toute la Suisse est certainement un point positif. Mais elle a encore de gros points d'interrogation – notamment en matière de durabilité. «Au final, c'est toujours le Comité international olympique (CIO) qui décide. Si un site sportif ne convient pas aux responsables, il faut en construire un autre», avance Brigitte Wolf. Elle craint en outre que l'approche décentralisée ne conduise à ce que les athlètes et les fonctionnaires soient transportés en hélicoptère à travers la Suisse.

Le conseiller national socialiste grison Jon Pult est également sceptique. La durabilité signifie aussi la durabilité économique, soutient-il. «Et il n'y a encore jamais eu de Jeux olympiques qui aient été rentables économiquement et financièrement pour le lieu où ils ont été organisés – c'est ce que montre l'ensemble de la recherche en la matière.» Selon lui, le commerce local n'en profite guère.

La Suisse doit voter

De son point de vue, le problème principal est que les coûts et les pertes d'un tel événement devraient être supportés par la Confédération et les cantons – et donc par le contribuable. En revanche, ce sont les fédérations sportives qui empochent les bénéfices. «Si les règles du jeu du CIO restent telles qu'elles sont aujourd'hui, la Suisse ne peut pas gagner du tout», conclut Jon Pult, qui s'est déjà battu à plusieurs reprises contre une candidature olympique grisonne.

Pour les critiques de gauche, une chose est sûre: cette fois encore, le peuple devra avoir le dernier mot. «Si l'on aboutit à une candidature nationale, le vote doit aussi avoir lieu au niveau national», affirme le conseiller national des Vert-e-s Bastien Girod. Le Zurichois verrait aussi les Jeux olympiques comme une chance pour la Suisse. Mais seulement si l'on prend vraiment au sérieux la durabilité. Et que le CIO soit prêt à renoncer au gigantisme d'autrefois.

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