Sur le podium, le spectacle se répète encore et encore. Face aux caméras, les trois médaillés mordent dans leurs breloques. Bien sûr, ils font semblant.
Cela n'avait pourtant pas empêché les organisateurs des JO de 2021 à Tokyo de plaisanter sur la question: «Nous voulons juste confirmer officiellement que les médailles ne sont pas comestibles!», avaient-ils alors déclaré.
L'empreinte des dents dans l'or
Car ce rituel est également une tradition. Lors des premiers Jeux olympiques de 1896 et de 1900, seules les premières et deuxièmes places étaient récompensées par des médailles. Le premier recevait alors une médaille d'argent et le second une médaille de bronze. Il a fallu attendre les Jeux de 1904 pour que la médaille d'or fasse son apparition en tant que récompense suprême décernée au champion olympique. L'argent et le bronze sont alors devenus les métaux des deuxième et troisième rangs.
Mais revenons encore plus en arrière: au XIXe siècle, il était courant pour les orpailleurs de mordre dans une pépite pour en tester la qualité, l'or étant un métal particulièrement mou et malléable. Si la morsure laissait une empreinte, alors c'était de l'or. Ainsi, en 1904, les médailles les plus prestigieuses étaient composées d'or pur et il était alors possible d'y laisser une empreinte.
Dés médailles composées à 90% d'argent
Mais depuis 1912, ce geste n'a plus vraiment de raison d'être aux Jeux olympiques, médailles d'or étant composées à 90% d'argent et ne contenant plus que six grammes d'or, pour un poids total de 529 grammes.
En 2024, la part d'or contenue dans une médaille équivaut à une valeur d'un peu plus de 400 francs. Cela fait des médailles d'or olympiques des JO de Paris les plus précieuses de l'histoire récente. Un morceau de fer de la tour Eiffel est également inclus. Quant aux alliages métalliques des médailles d'argent et de bronze, ils ont tout aussi durs. Il est donc impossible d'y laisser la moindre empreinte à l'heure actuelle.
Les photographes le veulent
Dans les faits, la morsure des médailles, c'est avant tout une forme de célébration pour les athlètes olympiques. Les médaillés sont régulièrement invités par les photographes à mordre dans leurs breloques, afin de générer des images iconiques à chaque olympiade.
Cette pratique n'est toutefois pas sans risque. Lors des JO d'hiver de 2010 à Vancouver, le lugeur allemand David Möller s'était cassé un morceau de la dent supérieure. Ceci après avoir mordu dans sa médaille d'argent à la demande des photographes.
A Paris, les médaillés peuvent avoir l'esprit tranquile: une clinique dentaire est ouverte 24 heures sur 24 au village olympique. Il n'en reste pas moins conseillé aux athlètes de simuler leur morsure. Et pour ceux qui tiennent absolument à mordre pour de vrai, les boulangeries parisiennes proposent de délicieuses médailles olympiques en chocolat.