Nino Niederreiter: Marco, très honnêtement, c'est vrai que tu as eu une liaison avec Mikaela Shiffrin?
Marco Odermatt: Il y a quelques années, j'ai eu des moments où j'avais un petit faible pour Mikaela. Mais je n'ai jamais vraiment fait sa connaissance, nous avons juste eu une brève conversation lors d'une finale de la Coupe du monde. C'est tout!
Blick: Nino, vous intéressez-vous seulement à la vie amoureuse des skieurs ou suivez-vous aussi les compétitions?
Niederreiter: Comme je me suis régulièrement entraîné ces dernières années à Coire dans la même «salle de torture» que Carlo Janka, les frères Mauro et Gino Caviezel et Thomas Tumler, j'ai pu me rapprocher du ski de compétition. Je sais à quel point ces athlètes ont dû travailler dur pour atteindre l'élite mondiale, c'est pourquoi j'ai énormément de respect pour les skieurs alpins!
Odermatt : Et j'ai un immense respect pour vous, les joueurs de NHL. Je pense que, proportionnellement, vous devez faire encore plus.
Niederreiter: À mes yeux, c'est plus difficile de réussir en tant que sportif individuel que dans un sport d'équipe!
Pourquoi?
Niederreiter: C'est simple, si je passe une mauvaise journée, je peux aussi me cacher derrière mes coéquipiers qui sont mieux. Mais si tu as une journée de merde en tant que skieur, personne ne peut t'aider. Soit tu es éliminé, soit tu perds beaucoup de temps jusqu'à l'arrivée.
Odermatt: Généralement, j'aime être mon propre capitaine. Mais, j'ai déjà souhaité à plusieurs reprises pratiquer un sport collectif. Tout simplement à cause du facteur émotionnel. Si je gagne une course, il y a de fortes chances que deux ou trois de mes coéquipiers n'aient pas réussi une très bonne compétition et ne soient donc pas d'humeur à faire la fête. Mais en tant qu'équipe de hockey sur glace, soit tu es déçu ensemble, soit tout le monde fait la fête. Et je trouve ça cool!
Marco, vous avez déjà joué au hockey sur glace?
Odermatt: Jamais en compétition, non. Pourtant, il y a quelques années, j'ai fait un rêve dans lequel j'étais convoqué par le CP Berne pour une rencontre décisive. Le match s'est terminé par des tirs au but, les premiers tireurs ont échoué. J'ai alors permis à mon équipe de gagner le match sur le 13e penalty. Je me demande toujours d'où viennent de tels rêves, surtout que je n'ai pas de lien particulier avec le SCB.
Et quand le hockeyeur pro Nino Niederreiter est-il monté sur les skis pour la dernière fois?
Niederreiter: J'avais environ 13 ans lorsque mon entraîneur m'a suggéré d'y renoncer en raison du risque élevé de blessures. J'ai donc suivi ce conseil. Mais jusque-là, j'étais souvent sur les pistes en hiver. Je dois toutefois avouer que je me suis toujours senti un peu plus à l'aise sur le snowboard que sur les skis. Une fois, sur la montagne à côté de chez moi, le Brambrüesch, j'ai aussi gagné un trophée très spécial.
Odermatt: Quel genre de trophée?
Niederreiter: J'ai terminé dans le Top 3 de la légendaire Kehrichtsack-Cup! À l'époque, on s'allongeait à plat ventre sur un sac poubelle et on devait parcourir la plus longue distance possible. Je crois que j'ai terminé deuxième. Ce soir-là, ma maman m'a tout de même remonté les bretelles parce que je n'étais pas rentré à 17h comme convenu en raison de la cérémonie de remise des prix. Mais lorsque je lui ai montré la coupe, ça l'a calmée.
À propos de cérémonie... où fait-on le plus la fête? Dans le monde du ski ou en NHL?
Odermatt: J'ai déjà observé des équipes de hockey faire la fête. Je sais donc que les skieurs et les hockeyeurs n'ont rien à s'envier dans ce domaine.
Niederreiter: Je crois que tu fais encore plus la fête que moi.
Odermatt: Pourquoi?
Niederreiter: Quand tu as réussi un très beau birdie lors de notre partie de golf, j'aurais dû t'offrir le traditionnel shot. Malheureusement, j'ai oublié le schnaps à la maison. Toi par contre, tu ne l'avais pas oublié...
Odermatt (rit bruyamment): Si je joue au golf, c'est aussi à cause de ce birdie-shot?
La légende grisonne Daniel Mahrer a récemment révélé dans une interview à Blick qu'il avait pris le départ du slalom en 1989 après son triomphe sur la Streif de Kitzbühel avec un bon reste d'alcool dans le sang. Cela vous est-il déjà arrivé?
Odermatt: Lorsque j'ai remporté six médailles d'or aux Championnats du monde juniors 2018 à Davos, je me suis bien défoulé, surtout la veille de l'épreuve par équipes. Mais au niveau de la Coupe du monde, j'ai toujours été sobre au départ.
En NHL, les fêtes des rookies sont légendaires. C'est vrai?
Niederreiter: La fête que j'ai dû organiser lors de ma première saison était vraiment très spéciale!
Que s'est-il passé?
Niederreiter: Je n'ai bien sûr pas le droit de raconter ici toutes les détails de cette nuit-là, mais le principe, c'est qu'un rookie doit payer au moins 5000 dollars pour cette fête. Je peux vous dire que la mienne a coûté beaucoup plus cher... En tant que rookie, tu dois boire au moins un shot d'alcool fort avec chaque coéquipier lors de ta fête. Et tu dois aussi imiter quelques-uns de tes coéquipiers plus âgés devant l'équipe réunie et, à un moment donné, tu chantes aussi l'hymne de ton pays d'origine à tes camarades.
Êtes-vous fier lorsque vous chantez «Trittst im Morgenrot daher» («Sur nos monts, quand le soleil») dans votre pays d'adoption, en Amérique du Nord?
Niederreiter: Quel que soit le pays, je chante toujours notre hymne avec beaucoup de fierté. C'est une manière de dire merci pour tout ce que mon merveilleux pays m'a permis d'accomplir. Pour moi, c'est comme si je priais le Seigneur à l'église.
Odermatt: Je suis également fier d'être Suisse et notre hymne est également très important pour moi. J'ai appris les paroles après mon premier titre de champion du monde junior, en 2016 à Sotchi. Et depuis que j'ai remporté cinq médailles d'or aux Mondiaux à domicile, deux ans plus tard, je suis très à l'aise avec les paroles.
Nino, souffrez-vous parfois du mal du pays pendant la saison en Amérique du Nord?
Niederreiter: Oui, cela arrive. Au début de la saison, je me réjouis toujours comme un petit garçon de retrouver mes coéquipiers. Mais à partir du 60e match de championnat, le mal du pays devient de plus en plus fort. C'est logique. Ma famille, ma petite amie et mes meilleurs amis sont en Suisse.
On entend souvent parler, dans les ligues professionnelles d'Amérique du Nord, de joueurs qui combattent la pression en consommant des drogues. En connaissez-vous?
Niederreiter: Oui. Chez les jeunes qui gagnent beaucoup d'argent, le risque est relativement élevé qu'ils entrent en contact avec la cocaïne. Mais tous ceux que je connais et qui ont eu des problèmes avec la drogue sont ensuite allés dans une clinique pour se désintoxiquer. Ils ont ensuite dû fournir un échantillon d'urine pendant trois mois pour prouver qu'ils n'avaient pas rechuté. Dans la plupart des cas, il s'agit d'un dérapage unique.
Avez-vous été soulagé lorsque la NHL et le syndicat des joueurs ont décidé de ne pas participer aux Jeux olympiques?
Niederreiter : Non, j'aurais adoré aller sur la glace pour mon pays lors de ces Jeux.
Il y a cependant quelques sportifs qui se sont prononcés pour un boycott de ces JO de Pékin en raison du manque de respect des droits de l'homme en Chine.
Niederreiter: En tant que sportif, on ne devrait pas s'exprimer politiquement. Et peu importe où ils ont lieu, les Jeux olympiques sont toujours quelque chose de spécial.
Odermatt: Je suis d'accord, les Jeux olympiques restent les Jeux olympiques. D'un autre côté, je dois aussi me demander pourquoi on n'attribue pas cette compétition à des endroits où la population s'y intéresse vraiment. En 2018, les courses de ski olympiques en Corée du Sud ont attiré à peine 500 spectateurs. Mais nous serons peut-être agréablement surpris sur ce point à Pékin.
Pour conclure: Nino s'est construit une imposante villa à Coire. Marco, vous avez des projets de construction similaires?
Odermatt: Actuellement, je vis toujours en colocation avec mon ami d'enfance, Gabriel Gwerder, le loyer mensuel est de 400 francs. Comme je souhaite moi aussi m'offrir un jour une belle maison, je mets la plupart de mon argent sur mon compte d'épargne.