L'athlète, qui a remporté la finale des -66 kg aux JO de Paris, avait été présentée sur les réseaux sociaux comme un «homme combattant des femmes» après l'abandon, dès la première minute, de son adversaire au premier tour. Après son sacre olympique, Imane Khelif s'était défendue en se qualifiant de «femme forte» dotée de «pouvoirs spéciaux» et en saisissant la justice française.
«Tout juste médaillée d'or aux JO de Paris 2024, la boxeuse Imane Khelif a décidé de mener un nouveau combat: celui de la justice, de la dignité et de l'honneur», avait écrit dans un communiqué samedi son avocat Nabil Boudi, annonçant avoir déposé une plainte la veille.
Saisi, le parquet de Paris a ouvert mardi une enquête pour «cyberharcèlement en raison du genre, injure publique en raison du genre, provocation publique à la discrimination et injure publique en raison de l'origine», a-t-il indiqué à l'AFP. Les investigations ont été confiées au Pôle national de lutte contre la haine en ligne.
Selon le magazine américain Variety, le milliardaire Elon Musk, propriétaire de X, et l'autrice de la saga des Harry Potter, JK Rowling, connue pour ses positions controversées sur les personnes transgenres, sont cités dans la plainte.
«La plus grosse tache des JO»
Selon son avocat, «le harcèlement inique subi par la championne de boxe restera la plus grosse tache de ces Jeux olympiques». «L'enquête pénale déterminera qui a été à l'initiative de cette campagne misogyne, raciste et sexiste, mais devra aussi s'intéresser à celles et ceux qui ont alimenté ce lynchage numérique», avait-il ajouté. Lors des Jeux de Tokyo, à l'été 2021, sa participation n'avait suscité aucune controverse.
La polémique sur son genre, menée par les milieux conservateurs, trouve son origine dans son exclusion, comme la Taïwanaise Lin Yu-ting, des championnats du monde à New Delhi en mars 2023. Selon la Fédération internationale de boxe (IBA), Imane Khelif avait échoué à un test destiné à établir son genre. Non reconnue par le monde olympique, l'IBA a refusé de préciser quel type de test avait été pratiqué. Le Comité international olympique avait, lui, estimé qu'elle pouvait participer aux Jeux dans le tournoi féminin.
«Je suis une femme forte avec des pouvoirs spéciaux. Depuis le ring, j'ai envoyé un message à ceux qui étaient contre moi, avait déclaré Imane Khelif aux médias après sa victoire. J'ai fait l'objet d'attaques et d'une campagne féroce et c'est la plus belle réponse que je puisse donner. La réponse a toujours été sur le ring.»
«Je suis pleinement éligible pour participer, je suis une femme comme les autres. Je suis née femme, j'ai vécu en tant que femme et j'ai concouru en tant que femme», avait insisté la championne olympique.
La cérémonie d'ouverture aussi visée
Les athlètes algériens, dont les médaillés Imane Khelif, la gymnaste franco-algérienne Kaylia Nemour et le coureur de demi-fond Djamel Sedjati, ont reçu un accueil triomphal lundi à leur retour à Alger. La boxeuse médaillée d'or a tenu à «remercier le peuple algérien qui l'a soutenue dans cette épreuve et lui a donné de la force face à une campagne acharnée».
Début août, une autre enquête pour cyberharcèlement avait été ouverte à Paris après les menaces et insultes proférées en ligne contre Thomas Jolly, responsable artistique de la cérémonie d'ouverture des JO de Paris, en raison de son orientation sexuelle et d'origines israéliennes qui lui étaient prêtées à tort.