Blick: Alors, Michelle et Luca, vous allez bientôt vous marier?
De Aliprandini: Pourquoi est-ce que vous nous demandez cela?
Vous êtes en couple depuis sept ans maintenant. Luca, vous nous aviez dit que vous deviez faire votre demande au plus tard durant votre huitième année commune, car sinon Michelle vous quitterait.
Michelle Gisin: Quand Luca a dit cela, je savais, qu’un jour, on nous ressortirait cette question (rires).
De Aliprandini: Je ne pense pas que Michelle me quittera si je ne la demande pas bientôt en mariage. On considère souvent que cette septième année est maudite et 2021 a vraiment été une année folle, qu’il faut encore digérer. Nous avons été bons sur les skis, Michelle a connu de grands succès – et nous avons tous les deux remporté une médaille aux championnats du monde de Cortina d'Ampezzo il y a un an. C’était comme un conte de fées.
La suite a été plus compliquée. Michelle, vous avez contracté une mononucléose.
Gisin: Oui, quand je me baladais au mois d’août, c’était souvent à peine supportable. Dès que le soleil brillait ou qu’il faisait trop chaud, je devais rentrer chez moi. Mes batteries étaient à zéro.
De Aliprandini Mais le mois de septembre a été le plus difficile. Michelle a compris que le début de la saison arrivait dans une trentaine de jours, mais qu’elle était encore très loin de pouvoir skier. Cela a été très éprouvant sur le plan psychique.
Gisin: Luca et ma famille ont été d’énormes soutiens durant cette période. J’ai eu des hauts et des bas, mes sautes d’humeur étaient brutales.
Ce soutien a-t-il encore resserré votre affection que vous avez envers votre compagnon?
Gisin: Absolument. J’avais perdu confiance en mon corps, mais aussi en moi-même. C’était un vrai combat. Je ne sais pas si j’aurais pu faire tout cela sans Luca. C’est une personne extrêmement stable et calme – même s’il est parfois un peu fou sur les skis (rires). C’est extrêmement agréable de pouvoir compter sur lui de cette manière.
Contrairement à la plupart des autres athlètes, vous aurez votre conjoint avec vous aux JO de Pékin.
Gisin: Je trouverais bien que d’autres puissent aussi avoir leur amoureux à proximité. Les proches et les spectateurs vous manquer. Mais bien sûr, je suis très contente que Luca soit au village olympique.
De Aliprandini: Ce qui est bien, c’est que je reste deux semaines et demie en Chine. Il y a quatre ans à Pyeongchang, mon séjour n’avait duré que quelques jours. Avec Michelle, on n’avait pu manger ensemble qu’une seule fois.
Avez-vous peur lorsque vous regardez la course de l’autre?
De Aliprandini: Je suis tendu, mais pas plus que ça.
Gisin: Chez moi, c’est beaucoup plus extrême. Quand Luca a chuté à Adelboden, je l’ai vécu en direct à la télévision entre mes courses à Kransjka Gora. J’ai cru qu’il s’était cassé une jambe. Heureusement, la blessure n’était pas si grave. Mais dans ce genre de situation, j’ai du mal à gérer mes émotions.
Comment s’est passée pour vous le succès olympique de Michelle en combiné il y a quatre ans, Luca?
De Aliprandini: J’étais déjà de retour de PyeongChang à l’époque et j’ai regardé la course à la télévision chez mes parents. Nous nous sommes levés au milieu de la nuit pour la descente, suivie plus tard par le slalom. Je suis du genre calme, mais ma maman et moi avons pleuré de joie.
Si Luca remporte une médaille d’or en Chine, mais pas vous. Est-ce que vous signeriez pour un tel scénario, Michelle?
Gisin: C’est une question difficile. Mais si je ne gagne pas l’or… Il y a aussi l’argent et le bronze que je pourrais gagner (rires).
Considérez-vous vos compétitions aux Jeux olympiques comme des courses normales?
De Aliprandini: Honnêtement, oui. Logiquement, il y a beaucoup plus d’attention et les Jeux n’ont lieu que tous les quatre ans. Mais au départ, c’est comme toujours – tout le monde veut gagner.
Gisin: Pour moi, c’est différent. Je ne dois pas me donner trop à fond aux Jeux olympiques, sinon je serais paralysée par la nervosité. Aux JO d’été à Tokyo, j’ai presque tout regardé, y compris le tir à l’arc. C’était tout simplement génial!
Si vous aviez le temps, quelle compétition aimeriez-vous voir sur place à Pékin?
Gisin: Le saut à ski! Je trouve extrêmement fascinante la manière dont les hommes et les femmes s’élancent.
Da Aliprandini: Le skicross, c’est cool. Mais le biathlon aussi, c’est super et je connais quelques athlètes.
Pour finir, un regard vers l’avenir: les Jeux olympiques 2026 auront lieu à Milan et Cortina. Ce serait alors la conclusion parfaite pour votre carrière Luca?
De Aliprandini: J’aurai alors 35 ans. Mais j’aimerais encore continuer jusqu’à 39 ans.
Michelle, vous avez maintenant 28 ans. Allez-vous aussi continuer plus de dix ans encore?
Gisin: Certainement pas! C’est très différent quand on pratique quatre disciplines. Je ne suis presque jamais à la maison. J’essaie encore de miser sur tous les tableaux pendant deux ans. Ensuite, nous verrons ce que l’avenir me réserve.