Il y a quatre ans, Killian Peier n’a pas pu regarder les Jeux olympiques à la télévision. La déception d’avoir manqué la qualification était trop grande. Depuis, le parcours du Vaudois a été impressionnant et il sera à la tête de l’équipe suisse de saut à ski à Pékin.
Sent-il une tension particulière avant le grand événement de l’hiver? Visiblement, le Romand de 26 ans reste zen. «Je me sens très détendu», déclare-t-il lors d’un rendez-vous en ligne avec les médias. Alors qu’il s’agit pour lui de sa première expérience olympique, son coéquipier Simon Amman participe, lui, aux JO pour la septième fois de sa prolifique carrière.
Interrogé sur son illustre compatriote, Peier se remémore des souvenirs. C’est en 2002 que le petit Killian prend pour la première fois goût au saut à ski. Lorsque Simon Ammann, aujourd’hui âgé de 40 ans, a réalisé un fantastique doublé à Salt Lake City, le jeune vaudois était assis dans le salon de ses parents. Impressionné par le Saint-Gallois, il a voulu faire comme lui. «Je me suis allongé à plat sur une chaise et je l’ai imité. Mon père m’a ensuite demandé si je voulais essayer pour de vrai.»
Premier saut en combinaison rose
Trois ans plus tard, Killian Peier a pu faire ses premiers sauts à l’âge de dix ans. D’abord avec des skis normaux, il s’est ensuite glissé dans les habits d’un vrai sauteur à ski. «J’avais une belle combinaison rose pétante. En y repensant, ça avait l’air génial.»
Le jeune fan est maintenant devenu le meilleur spécialiste suisse. En chemin, il a dû essuyer une cruelle déception en 2018, lorsqu’il n’a pas pu se qualifier pour les Jeux olympiques en Corée du Sud. Mais Killian Peier n’a pas de compte à régler pour autant.
«Je ne prends pas cette compétition comme une revanche. En 2018, je ne m’étais pas qualifié parce que je n’avais pas obtenu les résultats nécessaires. Cela signifie que le travail n’était pas assez bon pour le mériter. Cela m’a fait mal.» Une déception qui a été déterminante. Le Romand est revenu plus fort et plus concentré, à tel point qu’il s’est hissé dans l’élite mondiale.
L’euphorie le gagne quand même
A Pékin, il fait partie du cercle élargi des candidats à une médaille. Son retour après sa déchirure des ligaments croisés impressionne le monde du saut à ski. Au début, l’homme de La Sarraz (VD) voulait y reprendre tranquillement, sans trop d’attentes. Mais avec les bons résultats obtenus à Engelberg, il s’est laissé gagner par l’euphorie. Le soufflé est retombé après une Tournée des Quatre-Tremplins décevante.
«Je sais maintenant ce qui se passe lorsque je m’attends à trop de choses, précise-t-il. La tête voulait sauter encore un peu plus loin que ce qui était possible.» Fort de cette expérience, il veut désormais revenir à son plan initial et ainsi renouer avec le succès. «Je ne vise pas une médaille», tempère celui qui a terminé troisième des championnats du monde 2019. Mais il précise: «Je me suis entraîné tout l’été. A chaque fois, je me suis dit que je le faisais pour avoir une chance de podium.»
L’expérience d’Ammann aide
Pour que tout se passe bien, Killian Peier compte aussi sur l’expertise de Simon Ammann. D’autant plus que ce dernier a déjà décroché deux médailles d’or sur le tremplin de Salt Lake City à une altitude similaire (1800 mètres). Pour les skieurs, la sensation de vol change dans de telles conditions. «Notre avantage, c’est que c’est toujours en ligne droite. Nous ne devons pas encore réfléchir à la manière dont nous allons prendre le virage», rigole Killian Peier.
Une fois arrivée à Pékin, la délégation a été bluffée par l’impressionnant tremplin chinois. «Il est absolument gigantesque, j’en ai rarement vu d’aussi grand.» Avec un nouveau site, les conditions sont les mêmes pour tous. Et si Killian Peier fait remonter ses souvenirs de 2002, peut-être qu’il pourrait, cette fois, imiter vraiment Simon Ammann.