Les deux seules Suissesses de la Ladies PGA avaient fait de ce tournoi olympique, qui se déroulera du 7 au 10 août sur les fairways du Golf national de Guyancourt, le principal objectif de leur saison. Car même si leur sport n'a fait son retour au programme des JO qu'en 2016 à Rio, après plus d'un siècle d'absence, l'attrait d'une médaille olympique égale - si ce n'est surpasse - un exploit en Grand Chelem.
Albane Valenzuela y était, au Brésil, où elle a vécu sa première expérience sous les anneaux à 18 ans. «J'étais très jeune et encore sur le circuit amateur. J'avais des étoiles plein les yeux», se remémore la Genevoise de 26 ans. Après un 21e rang (deux coups sous le par) à Rio, elle a progressé cinq ans plus tard à Tokyo avec une 18e place (huit coups sous le par).
Albane Valenzuela a passé un cap
La native de New York semble avoir passé un cap l'année dernière en terminant 4e du Chevron Championship, le premier des cinq tournois du Grand Chelem, et a frôlé une première victoire sur le circuit en février dernier à l'Open de Thaïlande. «Je suis une joueuse différente désormais, j'ai cinq années d'expérience sur la LPGA et je sais que je peux jouer au plus haut niveau et me battre pour une médaille», affirme-t-elle dans un entretien accordé à Keystone-ATS.
Si Albane Valenzuela vivra ses troisièmes JO, Morgane Métraux découvrira quant à elle la fièvre olympique, trois ans après avoir cédé sa place à sa soeur Kim. «J'étais toute proche d'obtenir ma place sur la LPGA et j'ai dû renoncer (à Tokyo) pour ne pas rater des tournois dans cette optique. Mais en entendant le récit de ma soeur, je n'avais qu'une seule envie: être de la partie à Paris», lance la Lausannoise.
A 27 ans, Morgane Métraux vit elle aussi l'une des saisons les plus abouties de sa carrière. Outre la LPGA qu'elle a désormais bien intégrée, elle évolue aussi sur le circuit européen, sur lequel elle a signé un probant succès en mai en enlevant le Jabra Ladies Open, à Evian.
Les deux Suissesses tenteront de réaliser le plus grand exploit du golf helvétique sur le prestigieux parcours de Guyancourt, à 20 km de Paris. «C'est un parcours génial, qui avait notamment accueilli la Ryder Cup en 2018. Il se joue presque comme un +links+ (réd: parcours situé en bord de mer) car il peut y avoir énormément de vent et les greens sont assez subtils à lire», détaille Albane Valenzuela. «Avec le vent et les plans d'eau, ça peut devenir un monstre. C'est vraiment un parcours de grands championnats.»
Respectivement 29e et 37e du classement olympique, Albane Valenzuela et Morgane Métraux pourraient profiter du plateau restreint à 60 joueuses et seulement trois par pays. «C'est très petit comparé aux 154 joueuses présentes Grand Chelem. Et ce sera d'autant plus différent car on représente la Suisse. D'un point de vue émotionnel, c'est beaucoup plus fort que n'importe quel tournoi», assure la Genevoise.
Nelly Korda en grande favorite
Face aux deux Suissesses se dressera toutefois la reine incontestée de la petite balle blanche, l'Américaine Nelly Korda, championne olympique en titre et numéro 1 mondiale. «Ce qu'elle a réalisé cette année est historique, c'est du jamais vu (réd: 7 tournois de la LPGA gagnés depuis le début de l'année dont le Chevron Championship)», admire Albane Valenzuela. «Mais toutes les filles du Tour ont le niveau pour gagner selon moi.»
Mais quelle sera la recette pour triompher? «Comme dans le sport de haut niveau, il faudra que toutes les étoiles s'alignent, qu'on soit en bonne forme physique, qu'on minimise les erreurs et qu'on rentre les putts. Le golf se résume à ça: la personne qui rentre le plus de putts l'emporte», répond Albane Valenzuela.
De son côté, Morgane Métraux veut croire à l'exploit: «Décrocher une médaille est un rêve mais sur une semaine qui se passe parfaitement, tout devient possible. Dans tous les cas, l'expérience s'annonce incroyable».
Le golf aux JO, «l'une des meilleures choses qui pouvait arriver»
La Genevoise Albane Valenzuela se réjouit également de la professionnalisation du circuit féminin ces dernières années. «Les dotations des tournois du Grand Chelem ont doublé voire triplé, et les sponsors se multiplient. On est davantage considéré comme des athlètes.»
Morgane Métraux confirme cette évolution: «Ca devient très athlétique et de plus en plus professionnel. Si on n'a pas un entourage conséquent avec des coaches, des gens pour nous accompagner, c'est très compliqué de performer de manière constante.»
La réintroduction du golf au programme des Jeux olympiques à Rio en 2016 a également participé à redorer l'image de ce sport, selon Albane Valenzuela. «C'est l'une des meilleures choses qui pouvait arriver», affirme la Genevoise.
«En Suisse, l'image du golf n'est pas super populaire, mais c'est génial de voir autant de choses positives se passer avec de plus en plus de joueuses sur les différents circuits», ajoute Morgane Métraux.
Pour sa compatriote, cette progression est avant tout due au travail de la fédération. «Swiss Golf a énormément investi dans ces programmes juniors, auxquels nous avons participé avec Morgane. Je suis très fière d'avoir fait partie de ce développement.»