Ces 24 jours seront-ils suffisants? C'est le temps qu'il reste à Marlen Reusser pour préparer son contre-la-montre olympique. C'est peu dire qu'il lui reste peu de marge. Celle qui est peut-être le plus grand atout olympique de la Suisse est à des années lumières d'une préparation optimale pour les JO de Paris. Et aucune amélioration n'est (encore) en vue. Alerte maximale donc.
Mais de quoi souffre-t-elle? Difficile de répondre à cette question. Depuis cinq semaines, son état de santé est fluctuant. La Bernoise de 32 ans a régulièrement des poussées de fièvre, parfois violentes, parfois moins fortes. Elle ne veut pas en parler. «Tant que Marlen n'est pas complètement guérie, elle demande de la patience. Ensuite, elle s'exprimera», explique sa manager Janine Geigele.
«Elle ne pouvait presque plus parler»
Marlen Reusser semble être dans le flou le plus complet. Dans un premier temps, on a supposé que ses problèmes pouvaient être le fruit de sa chute lors du Tour des Flandres le 31 mai. Elle s'était alors fracturée la mâchoire au cours d'un crash dont elle n'était pas responsable. Huit de ses dents avaient en outre été endommagées. Puis, l'entraîneur Edi Telser a émis une hypothèse selon laquelle elle n'aurait pas encore digéré la lourde opération subie après l'accident. «Une telle guérison prend du temps», a-t-il notamment rappelé. Car Marlen Reusser est rapidement retournée sur son vélo après l'intervention. Trop rapidement peut-être? Là aussi, on ne le sait pas. Et si ce mal trouvait ses origines au niveau de la molaire que la cycliste avait dû se faire arracher?
«Nous ne savons pas exactement quel est le problème», déclarait déjà Janine Geigele, il y a un mois. À l'époque, Reusser dormait beaucoup, jusqu'à 10 heures par nuit. Elle ne pouvait que rarement s'entraîner. «Quand Marlen est rentrée de chez le médecin, elle ne pouvait presque plus parler. Sinon, elle avait simplement de la fièvre et pas d'énergie», expliquait la manager. Elle a d'ailleurs prononcé une phrase qui, dans la perspective actuelle, est encore plus inquiétante qu'à l'époque: «Maintenant, il ne faut plus que quoi que ce soit arrive.»
Aujourd'hui, nous le savons: d'autres incidents sont survenus. Quand bien même Marlen Reusser a fait part de sa bonne forme il y a deux semaines sur Instagram: «J'ai fait en sorte d'avoir des jambes fraîches à 100 % et de ne plus souffrir en selle afin d'être prête pour ma préparation aux matches olympiques». Une appréciation sans doute prématurée.
Son ex-entraîneur est pessimiste
Quoi qu'il en soit, le contre-la-montre olympique aura lieu le 27 juillet, il se déroulera sur un parcours quasi plat de 32,4 kilomètres. Dans sa forme normale, Reusser, qui a remporté l'argent à Tokyo il y a trois ans, serait l'une des candidates les plus sérieuses à la médaille d'or. Mais en coulisses, la Bernoise risque fort de perdre sa bataille contre le temps.
Au point d'être disqualifiée des Jeux olympiques? Son ex-entraîneur Marcello Albasini se montre pessimiste: «Je ne peux rien dire sur l'état de Marlen. Mais quand quelqu'un est malade trois bonnes semaines avant un tel contre-la-montre, on peut dire que cela devient extrêmement serré. Et chaque jour, c'est plus difficile. D'autres s'entraînent depuis longtemps, alors que Marlen ne peut manifestement pas le faire.»
Elena Hartmann comme remplaçante?
Il est peu probable que Marlen Reusser prenne le départ à Paris si elle n'est pas en bonne santé et en pleine forme. «Elle ne partira pas pour finir 15e», précise Marcello Albasini.
Dans le doute, Swiss Olympic a retenu Elena Hartmann comme remplaçante. La Grisonne de 30 ans a récemment été sacrée championne suisse de contre-la-montre pour la troisième fois. Son avance sur la deuxième après 30,8 kilomètres? 3 minutes 24, un écart énorme donc. Aux Jeux olympiques, Elena Hartmann se présenterait donc comme une outsider de taille.