Elle arrive mercredi en bateau
La flamme olympique rappelle les racines grecques de Marseille

La flamme olympique arrive en France pour les Jeux olympiques de Paris 2024 par... Marseille, à l'endroit même où des marins grecs créèrent Massalia il y a 2600 ans, sur un bout de côte méditerranéenne naturellement protégé du vent et des vagues.
Publié: 06.05.2024 à 10:32 heures
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Dernière mise à jour: 06.05.2024 à 10:35 heures
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Photo: FABIEN NOVIAL

Ce symbole d'unité et de paix entrera en France par le Vieux-Port, emblème touristique de la plus ancienne ville du pays, un havre de protection pour les bateaux, abrité du mistral, le vent du Nord dominant, par plusieurs collines.

«Il y a pas d'endroit équivalent dans la région, les Phocéens, des Grecs d'Asie Mineure (actuelle Turquie), ont été très malins de venir s'installer ici», avant de poursuivre jusqu'à Nice (Nikaïa), s'amuse Manuel Moliner, archéologue, conservateur en chef du patrimoine de Marseille.

L'arrivée de la flamme le 8 mai sur le majestueux Belem, le dernier des grands voiliers de commerce français du XIXe siècle, retissera donc «un fil» entre Marseille et la Grèce autour des «valeurs très méditerranéennes» de «partage», insiste le maire de la deuxième ville de France, Benoît Payan.

L'héritage grec est peu visible à l'oeil nu car «Marseille est une ville sans antiquités» à force de destruction/reconstruction, sous l'impulsion d'une aristocratie marchande sur le site même de la ville antique, aujourd'hui le quartier du Panier, admet Manuel Moliner.

Pour se représenter la vie durant l'Antiquité, il faut donc aller au musée d'histoire de Marseille où quelques vestiges exceptionnels ont été découverts fortuitement dans les années 1960/1970, en marge de la construction du premier centre commercial du centre-ville.

Sur une maquette géante, se dressent trois temples, un amphithéâtre, un port commercial et militaire, le tout entouré de remparts.

Des fouilles ont mis au jour le grand chapiteau d'une colonne, seule preuve de l'existence des temples.

À quelques semaines des JO, l'archéologue montre avec délectation un bloc de pierre portant l'inscription «Stadion», retrouvé près de l'actuelle cathédrale de La Major.

Il y avait donc un stade dès l'origine dans cette ville qui vibre pour son club de foot, l'Olympique de Marseille. Mais où était-il ? Impossible de le dire.

Les archéologues espèrent toujours LA découverte spectaculaire, mais dans cette cité dense, occupée à gérer de nombreuses urgences sociales, la conservation passe parfois au second plan.

L'héritage grec reste toutefois puissant dans l'identité de celle qu'on appelle toujours en France «cité phocéenne».

Fondée par un peuple de navigateurs, Marseille est restée un des plus importants ports de Méditerranée et accueille dans une tour emblématique de près de 150 mètres de haut, le siège de la CMA-CGM, un des géants du transport maritime mondial.

Gyptis et Protis, amour et métissage

«Rappelons aussi qu'il y a toutes sortes de mythes de fondation des cités antiques, mais celui de Massalia est le seul reposant sur une histoire d'amour et de métissage», sourit Sylvain Borzillo, conservateur du cabinet des monnaies et médailles de Marseille.

Massalia serait née de la rencontre entre un marin grec, Protis, et une princesse gauloise, Gyptis. Son père, le roi des Ségobriges, aurait donné en cadeau de mariage le territoire de la cité.

La légende n'a jamais été confirmée mais des céramiques de cuisine grecques et gauloises ont été retrouvées au même endroit, prouvant les échanges entre les deux populations.

Beaucoup de Marseillais sont attachés à ce mythe qui a donné son nom à de nombreux lieux ou initiatives dans cette ville-monde, qui a toujours été une terre d'accueil et ne compte plus ses communautés: Italiens, Comoriens, Algériens en passant par les juifs ou les Arméniens.

La communauté grecque est elle estimée à 12.000 personnes, la principale vague provenant de l'Empire ottoman aux XIXe et début du XXe siècle, des commerçants puis des réfugiés.

«Une communauté discrète qui a essayé de se fondre dans la masse», explique le président de l'Union hellénique de Marseille, Pierre Theodorakis.

Mais aussi discrète soit-elle, elle tente de maintenir la culture vivante, avec des cours de grec, des balades urbaines où le visiteur découvre une statue d'Homère mise à l'honneur dans le dernier film du cinéaste marseillais Robert Guédiguian.

Et le dimanche matin, l'église grecque, plus ancien édifice orthodoxe de France, s'anime à l'heure de la messe.

(AFP)

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