Giulia Steingruber entamera ses troisièmes Jeux olympiques à Tokyo dimanche avec les qualifications en gymnastique. Ce seront très certainement ses derniers. La jeune femme originaire de Gossau (SG) aimerait écrire une nouvelle fois l'histoire!
Chose qu'elle avait réussie en 2016 aux Jeux olympiques de Rio. Avec ses sauts - Chusovitina et Jurtschenko avec double vrille, qu'elle présentera à nouveau cette année - elle a remporté le bronze dans sa discipline de prédilection, le saut de cheval. Un moment fort pour la porte-drapeau de l'époque, dont on se souvient d'autant plus qu'elle s'est blessée au pied alors qu'elle était encore à Rio. Elle a ensuite été secouée comme sur des montagnes russes, envoyée en chute libre, conduite dans une profonde vallée de larmes et catapultée à nouveau.
Des années fatigantes
Un va-et-vient constant dû à des blessures et à des coups du sort dans le privé. «J'ai d'abord dû opérer des éclats d'os dans mon pied. Puis ma soeur est morte. Un an plus tard, je me suis déchiré le ligament croisé du genou. Puis est arrivée la pandémie - et lors de mon retour aux championnats d'Europe à domicile à Bâle, je me suis déchiré la fibre musculaire de la cuisse», confiait Giulia Steingruber au Blick il y a quelques semaines. Le temps s'est écoulé et l'amélioration de ses sauts n'a pas pu avoir lieu pour Tokyo.
Pourtant, la rayonnante Saint-Galloise n'a rien perdu de son optimisme. Mais elle ne veut pas édulcorer les choses: «c'est assez fatigant. Se battre pour se remettre de chaque échec devient de plus en plus rigoureux. Et mon âge relativement avancé pour ce sport n'aide pas. Je ne cherche pas d'excuses, mais ce n'était pas facile, j'ai le droit de le dire.»
Elle a effectivement tous les droits de dire cela! La mort tragique due à une maladie pulmonaire de sa sœur Desirée, qui était handicapée physiquement et mentalement depuis sa naissance, a bouleversé la vie de la gymnaste en février 2017. «C'est toujours difficile à supporter. Elle me manque tous les jours, et j'ai encore beaucoup de mal à trouver des solutions.»
La gymnastique pour sa sœur
Giulia Steingruber trouve du réconfort dans la pensée que Desirée se porte bien maintenant. «Pour moi, c'est la chose la plus importante et ça me donne un bon sentiment.» Elle précise que si elle s'est lancée dans la gymnastique, c'est en partie pour sa sœur. «Nous vivions dans deux mondes différents. Elle dépendait de notre aide pour tout - j'ai toujours été activement impliquée dans les sports de compétition. Je sais qu'elle est en quelque sorte avec moi lors des compétitions et cela me donne de l'énergie et de la force.»
Ce choc familial permet-il de relativiser les retards à l'entraînement ou les objectifs de carrière? «Je peux très bien séparer ma vie privée et la gymnastique», nuance Giulia Steingruber. Elle explique aussi qu'il y a des moments particuliers où elle fait face à des difficultés. «Mais je ne suis pas du genre à m'en occuper tout le temps. Pour moi, il est important de garder le rythme et la concentration - sinon le risque de blessure serait aussi beaucoup trop grand.»
Et d'ailleurs, ces dernières années ont aussi apporté de bonnes choses: comme le nouvel amour de la gymnaste... En riant, elle ne laisse qu'une seule phrase s'échapper de ses lèvres: «Il y a certainement eu des choses positives, tant dans le sport que dans ma vie privée. Mais ma vie privée reste privée.»