Quel début chaotique pour le tournoi olympique de football masculin! Mercredi au stade Geoffroy Guichard de Saint-Etienne, l'Argentine a été malmenée par le Maroc, mais a fini par arracher l'égalisation à la... 16e minute du temps additionnel (2-2). Ou du moins, elle a cru l'arracher. Car ce but tardif a provoqué l'ire d'une vingtaine de supporters du Maroc. Un chaos qui a entraîné une interruption du match. Près de deux heures plus tard, l'arbitre Glenn Nyberg a finalement sifflé la reprise de la rencontre et a... refusé l'égalisation argentine pour un hors-jeu, offrant la victoire au Maroc (2-1)!
Le coach argentin laisse éclater sa colère
«Une honte», a déclaré l'entraîneur argentin Javier Mascherano, qui assure toutefois qu'il a d'ores et déjà préparé son équipe pour le reste du tournoi. «J'ai dit aux garçons que nous devions maintenant regarder vers l'avant et essayer de prendre les six points qui nous permettront de nous qualifier pour les quarts de finale, et que tout cela devait nous remplir d'énergie et de rage face à ce qui nous attend», a-t-il expliqué.
«C'est une honte que quelque chose comme ça se produise et empoisonne le tournoi. Cela n'arriverait même pas dans un tournoi de quartier», s'insurge Mascherano, champion olympique en 2004 et 2008 Et d'ajouter laconiquement. «C'est pitoyable!» L'ancien joueur du Barça avait déjà laissé éclater sa colère, immédiatement après le coup de sifflet final: «C'est plus grand cirque qu'il ait jamais vu!»
Les personnes directement concernée par ce scénario ne sont pas les seules à s'être terriblement énervé face à cet imbroglio. Lionel Messi, légende de l'Albiceleste, a également exprimé sa stupéfaction sur les réseaux sociaux. «Extraordinaire», commente le champion olympique 2008 sur Instagram, en ajoutant un émoji incrédule.
Un but annulé après deux heures
Mais pour mieux comprendre les raisons de ce chaos, revenons en arrière: après un but présumé de Cristian Medina à la 16e minute (!) du temps additionnel, les Argentins pensaient avoir sauvé un point. Mais ce but de dernière minute, refusé par la suite, n'a fait qu'accroître une confusion déjà grande. Des supporters marocains en colère ont d'abord jeté des objets, puis ont envahi le terrain en signe de protestation. Les équipes ont alors regagné les vestiaires en pensant que le match était terminé. Même le live-ticker officiel des Jeux olympiques indiquait d'abord «end of play» (fin du match), mais quatre minutes plus tard, c'est finalement le terme «interrupted» (interrompu) qui apparaissait sur l'interface.
Deux bonnes heures après ces scènes lunaires, les deux équipes sont revenues sur le terrain, devant des gradins désormais vides. Alors que le match reprenait à peine, l'expérimenté arbitre suédois Glenn Nyberg est allé consulter la VAR. Après avoir visionné les images vidéo, il a finalement refusé le second but argentin pour un hors-jeu. L'arbitre a ensuite laissé le jeu se dérouler pendant trois minutes supplémentaires, avant de mettre un terme définitif à cette partie, plus de quatre heures après le coup d'envoi.
L'Argentine dépose une plainte
«Ce qui est ennuyeux, c'est que le match a été interrompu. Si l'on veut vérifier quelque chose, il faut le faire immédiatement après l'incident», estime Javier Mascherano. «En plus de l'esprit olympique, l'organisation doit être conforme aux normes du tournoi, et ce n'est malheureusement pas le cas pour le moment.»
Suite à cela, l'association argentine de football (AFA) a déposé une plainte auprès de la FIFA. Les événements de Saint-Etienne sont «regrettables», écrit le président de l'AFA Claudio Tapia sur les réseaux sociaux. Selon lui, la poursuite du match était «insensée» après l'envahissement du terrain par des spectateurs marocains et les «violences» contre la délégation argentine, et allait «à l'encontre des règles de la compétition.»
Le fait que l'avis des capitaines des deux équipes n'ait pas été pris en compte est un facteur aggravant. Ceux-ci se seraient prononcés contre la poursuite de la rencontre. Il appartient désormais à la Fifa de «prendre les mesures qui s'imposent et de sanctionner les responsables», estime Tapia. Le capitaine de l'équipe olympique d'Argentine Nicolás Otamendi évoque, lui, une «honte historique», tandis que la presse nationale s'en prend durement au pays hôte, la France.
La presse s'insurge
«Le début de l'organisation des Jeux olympiques a été catastrophique, comme si le football ne leur importait pas», écrit le journal «Ole», qui poursuit: «Les Jeux olympiques, pris d'assaut par l'absurde. La France a démarré avec les défauts d'un pays du tiers-monde.» Le terme de « Papelon» (camouflet) revient de façon récurrente dans la presse argentine. «Même le romancier le plus excentrique n'aurait pas imaginé une telle histoire d'horreur», titre «La Nacion», pour qui l'idée olympique a été «ridiculisée».
Avant même le match d'ouverture contre le Maroc, l'Albiceleste avait déjà dû faire face à des contrariétés. Comme le révèle l'entraîneur Javier Mascherano, le milieu de terrain Thiago Almeida s'est fait voler des affaires mardi pendant l'entraînement: «Ils se sont introduits dans le bâtiment et lui ont volé des montres et des bagues.»
Les Argentins n'ont pas beaucoup de temps pour se reposer. Samedi, ils affronteront l'Irak à Lyon, puis l'Ukraine à la fin du premier tour. Une deuxième place suffirait pour se qualifier pour les quarts de finale.