Les sketches de la féroce «Revue de Genève», une tradition de l'automne, sont très probablement déjà écrits, mais les auteurs vont peut-être devoir adapter l'une ou l'autre chute avant de monter sur scène pour la première. Les déboires de la conseillère d'Etat Fabienne Fischer devraient lui valoir d'être sévèrement brocardée, mais un autre Fischer, Didier, pourrait également bien se retrouver caricaturé contre son gré.
La «Tribune de Genève» a en effet publié aujourd'hui une nouvelle salve de critiques envers le président de la Fondation 1890, cet organisme qui gère le Servette FC (football), le Servette Rugby Club et Genève-Servette (hockey). Sportivement, tout va très bien pour ces trois entités, puisque le rugby et le hockey sont officiellement les deux meilleures équipes de Suisse et que les footballeurs sont vice-champions de Suisse en titre.
Un audit interne a été commandé
En coulisses, par contre, les diverses réorganisations provoquent visiblement de nombreux commentaires, que le quotidien genevois liste au cours d'une enquête fouillée, allant jusqu'à parler de «soupçons de conflits d'intérêts», de «tensions internes», de «zones d'ombres», mais aussi «d'enchaînement de démissions et licenciements». Un audit interne a été commandé, la Fondation 1890 reconnaissant, en substance, qu'une amélioration de son fonctionnement était possible.
Selon la «Tribune de Genève», il est notamment apparu «qu’une société de conseil externe et appartenant au patron servettien – dont les enfants apparaissent comme associés au Registre du commerce – a obtenu des mandats de Genève Sport SA», une entité concentrant tous les emplois et services des trois clubs.
Le quotidien y voit une manière de contourner le bénévolat exigé par les statuts de la Fondation et estime que «près de 350’000 francs par année ont été versés à la société de Didier Fischer en 2021 et 2022». Le président conteste les montants évoqués et dément contourner quelle règle que ce soit.
Plusieurs témoignages anonymes à charge
S'appuyant sur plusieurs témoignages anonymes, la «Tribune de Genève» donne la parole à des témoins de l'ombre regrettant que la Fondation 1890 «ne semble pas toujours régie par des principes de bonne gouvernance».
D'autres s'insurgent de voir des proches de Didier Fischer placés à des postes à responsabilité. «Il faut que cette sensation de copinage cesse, c’est clairement un chantier prioritaire auquel doit s’atteler la Fondation 1890», confie une source.
Les frontières entre Genève Sport et Naxoo – qui appartient à 51% à la Ville de Genève – sont également remis en question, comme d'autres partenariats. Des employés auraient de plus été mobilisés pour des tâches privées, selon des témoignages.
Les résultats de l’audit sont attendus d’ici à fin septembre, assure le quotidien genevois. Déboucheront-ils sur une amélioration de la gouvernance? Sur un renforcement de la structure? En tous les cas, la Fondation 1890 reste solide sur ses appuis, refusant de commenter les charges émises contre elles par le journal et communiquant de manière très succincte.