Willy Vögtlin ramène la coupe à la maison
«Rassurez-vous, chez moi la porte est toujours fermée à clé»

Depuis plus de 20 ans, Willy Vögtlin est le garde du trophée de champion de Suisse. Le dirigeant de la Ligue suisse de hockey sur glace est habitué à héberger la Coupe lorsque le titre n'est pas décerné. Pourra-t-il la remettre ce vendredi soir aux Zurich Lions?
Publié: 29.04.2022 à 06:06 heures
Willy Vögtlin s'occupe du calendrier... et de la Coupe.
Photo: Keystone
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Grégory BeaudJournaliste Blick

«Oui, la Coupe a passé la nuit à la maison. Mais rassurez-vous, je ferme quand même la porte à clé pour que personne ne vienne la voler.» Willy Vögtlin était prêt à donner le trophée à Zurich tant lundi que mercredi. Mais comme Zoug s’est à chaque fois imposé, le dirigeant de Swiss Ice Hockey est rentré dans ses pénates avec le «précieux» tant convoité.

Au moment de lui parler de ce sujet, celui qui s’occupe également du calendrier rigole: «C’est fou. Durant chaque finale tout le monde s’intéresse à cette Coupe.» Il faut dire que le cérémonial a fait de cette récompense un élément central du décorum des matches de la finale. «Cela fait peut-être une dizaine d’années que nous l’amenons au centre de la glace, détaille notre interlocuteur. Avant, cela ne se faisait pas. Moi je trouve que c’est assez bien.»

Photo: IMAGO/Andreas Haas

Et c’est forcément Willy Vögtlin qui s’y colle au moment de l’amener au centre de la patinoire. Gants blancs «chaussés», l’homme de bureau apporte une certaine importance à cette tâche. «Il faut respecter un trophée, précise-t-il. C’est pour ça que je mets les gants.» Le problème? Marcher sur la glace. «Je ne dirais pas que je suis nerveux, rigole-t-il. Mais je suis concentré, oui. Je refuse de mettre des chaussures à crampons. Là aussi, cela fait partie de l’habillement de circonstances que d’avoir de jolies chaussures. Alors je ne marche pas vraiment, je glisse (rires).»

Cela fait plus de 25 ans que Willy Vögtlin s’occupe du trophée. «D’habitude je prends beaucoup de marge pour être sûr d’arriver à temps, remarque-t-il. Mais ce mercredi, c’était un peu plus compliqué avec les habituels bouchons sur l’autoroute A1 entre Berne et Olten.» Il est tout de même arrivé avant 18h00. «C’est un rituel, nous mangeons à ce moment alors il fallait être là.»

L’incident d’Ambri

Durant toutes ces années, l’employé de la Ligue en a vécu, des histoires. La plus marquante? «Peut-être lors de la finale entre Lugano et Ambri en 1999, se souvient-il. Lugano était allé gagner le titre dans la patinoire de son rival cantonal. Un fan d’Ambri, visiblement pas content, a sauté par-dessus une barrière, m’a arraché la Coupe des mains et est parti avec. Par chance, la sécurité l’a vite rattrapé. Mais l’espace d'un instant, je me retrouvais les mains vides alors que la cérémonie allait avoir lieu dans quelques minutes.»

Tant lundi que mercredi, tout avait été mis en place pour un éventuel titre zurichois. Même les médailles? «Non, pas les médailles, rigole-t-il. Je fais attention, car en 2012, Bob Hartley, entraîneur de Zurich avait utilisé l’excuse des médailles pour expliquer la victoire de son équipe. Selon lui, les médailles étaient déjà prêtes pour le sacre de Berne au match précédent. Il a dit à un journaliste que c’était la motivation pour son équipe. Mais ce n’était pas vrai. Elles sont restées dans mon coffre durant toute la soirée. Il a tenté quelque chose avec ses joueurs, je pense.»

Davos l’a cassée

La célébration de 2015 a également marqué Willy Vögtlin. Les Davosiens ont tout simplement fracassé la Coupe. «J’étais à quelques mètres et j’ai tout vu, se remémore-il. Ce sont des choses qui arrivent, mais sur le moment ça ne fait pas vraiment plaisir.»

Avec la victoire de Zoug mercredi – sans que les médailles ne soient visibles –, Willy Vögtlin a une nouvelle fois ramené la Coupe à la maison. Sur un petit chariot et dans une caisse en bois, il a une nouvelle fois embarqué l’accessit jusqu’à son domicile.

«Pourquoi arrêter?»

Après 26 ans, veut-il céder la main (et les gants blancs) à son fils qui l’aide déjà à établir le calendrier? Cela ne semble pas être à l’ordre du jour. «Il y a une blague dans les bureaux qui dit que je suis là depuis tellement longtemps que personne ne pourra me virer, pouffe-t-il. Mais plus sérieusement, je prends du plaisir à cette fonction et j’ai l’impression que les joueurs et les dirigeants de club me respectent. Alors pourquoi arrêter?»

Prochaine étape: Zurich et le Hallenstadion, vendredi soir pour le sixième match de la finale. Dernier voyage pour le binôme quasi iconique composé de Willy Vögtlin et de la Coupe de champion de Suisse? L’homme ne semble en tout cas pas être lassé par cette responsabilité.

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