«Jouer pour le HC Arosa, c'est spécial.» Nathan Cantin sait que son chemin est particulier. Et on ne parle pas que de celui qu'il doit emprunter pour rejoindre la station grisonne. «Lorsque nous jouons un match à l'extérieur, nous ne pouvons pas partir d'Arosa en bus, raconte-t-il. La route est trop sinueuse. Nous descendons en mini-bus jusqu'à Coire avant de changer de véhicule.» C'est dans les montagnes grisonnes que le Fribourgeois a décidé de poursuivre sa carrière après avoir terminé sa formation à Zoug en 2023.
Après une année entre Lyss et Martigny, Nathan Cantin a mis le cap à l'est. Un choix qui n'était pas prémédité. «Zoug, c'est un club qui m'avait toujours attiré lorsque j'étais petit, se souvient-il. Cela s'est fait presque naturellement d'aller y jouer cinq ans chez les juniors.» Le Glânois avait quitté Fribourg Gottéron en 2016 pour rejoindre le Lausanne HC avant le grand saut par-dessus la Sarine. Il n'est finalement revenu de l'autre côté que pour sept matches avec Martigny. «Lorsque le HC Arosa m'a contacté, ils m'ont donné envie de les rejoindre, car ils avaient un plan très clair: la promotion. Cela m'a forcément attiré.»
La formation grisonne semble sur le bon chemin pour gravir à nouveau les échelons du hockey suisse. Dominant dans les années 50 et 80, le HC Arosa veut renouer avec son passé et ce n'est pas un hasard si le club était candidat à une promotion en Swiss League. Demi-finaliste de MyHockey League, le club rhétique est d'ores et déjà assuré de monter d'un étage la saison prochaine.
Absurdité administrative
Une confirmation qui n'est tombée qu'en fin de semaine passée après quelques soucis administratifs qui ont (largement trop) occupé les gratte-papiers du hockey suisse ces derniers mois. La raison? L'organisation d'un match de gala entre Noël et Nouvel-an à Arosa face à une équipe de National League. Or, durant cette période, la Swiss League ne s'arrête pas. Administrativement, le club avait rempli les critères pour rejoindre une deuxième division qui se meurt depuis de nombreuses années. Finalement, le bon sens l'a emporté. Le HC Arosa va pouvoir fêter sa promotion puisqu'il est le seul club encore en lice dans le championnat de troisième division. Ne manque que l'attribution de la licence qui devrait ne pas poser de problèmes.
Pendant que les bureaucrates s'écharpaient pour des futilités absurdes, les joueurs du HC Arosa, eux, disputaient les play-off en faisant comme si de rien n'était. «Nous étions informés de l'évolution du dossier, précise Nathan Cantin. Je ne dirais pas que cela nous a perturbé, dans le sens où nous avons toujours pu nous concentrer sur le hockey sur glace. Mais c'est sûr que c'est une discussion qui a pris de l'importance dans le vestiaire. Nous sommes beaucoup de jeunes joueurs qui sommes ici avec cette promotion comme ambition.»
S'il est évidemment impliqué dans cet objectif commun qui est désormais atteint, Nathan Cantin a suivi ces palabres de loin. Début février, il a en effet signé un contrat d'un an à Coire, club pensionnaire de Swiss League. «Avec la promotion d'Arosa, cela veut dire que j'aurai la chance de jouer le derby la saison prochaine, se réjouit-il. Cette année, je suis allé jouer 13 matches avec eux et cela m'a permis de me montrer. Mais cela m'a aussi permis de voir que j'étais capable de jouer à ce niveau.»
Nino Niederreiter comme dirigeant
À 21 ans, le défenseur a signé un contrat d'un an avec le EHC Coire. «Actuellement, je travaille entre 40 et 60% selon les semaines, détaille-t-il. Je ne sais pas encore comment se passera ma vie là-bas, mais je me vois bien faire la même chose. Lorsque j'étais à Martigny, je ne faisais que de jouer au hockey et je ne suis pas sûr que ce rythme m'a convenu. Je me laisse un peu de temps pour voir comment cela évolue.»
En parlant d'évolution, son futur club est en pleine croissance. Sous l'impulsion des frères Reto et Jan von Arx à la bande ainsi que d'un groupe d'investisseurs dont le joueur de NHL Nino Niederreiter, les ambitions sont grandes. «Je n'ai pas parlé à Nino Niederreiter avant de signer, rigole Nathan Cantin. Mais les frères von Arx, c'est déjà pas mal, je trouve (rires). De ce que j'ai vu durant mon passage là-bas, tout est très professionnel et les structures sont bonnes.»
Nino Niederreiter, lui, suit de près son club. Avec le décalage horaire entre Winnipeg et la Suisse, l'attaquant de NHL est même favorisé. «Je ne regarde pas tous les matches, nous a-t-il confié. Mais cela arrive que je suive en direct certaines rencontres durant l'après-midi chez moi ou lorsque nous voyageons. Je suis très régulièrement en contact avec des gens sur place pour voir comment cela évolue.» S'il a encore de belles années devant lui en Amérique du Nord, il n'exclut pas un retour à Coire. Un jour. «Mais c'est trop lointain pour l'évoquer maintenant», sourit-il.
Chemin de traverse
S'il est moins loin de la maison que son futur dirigeant, Nathan Cantin est conscient d'avoir pris un chemin de traverse en partant à plus de 300 kilomètres de chez lui. «Je ne changerais rien à mon parcours, précise-t-il. Ce n'était probablement pas toujours le choix le plus simple, mais je suis convaincu d'avoir toujours pris la bonne décision, même si cela a impliqué quelques sacrifices.» Sa famille ne peut pas assister à autant de matches que par le passé. «Mais ils sont tout de même venus quelques fois», apprécie-t-il.
En demi-finale de MyHockey League, le HC Arosa affronte Huttwil et la série s'annonce serrée puisque les deux formations ont remporté un match. «C'était eux ou Martigny, remarque Nathan Cantin. J'aurais bien aimé affronter mon ancienne équipe. Mais les deux adversaires permettaient à mes proches de venir plus facilement aux matches, donc j'étais de toute façon content.» Et s'il pouvait quitter Arosa avec un titre en poche, cela lui permettrait de clore en beauté le premier chapitre grison de sa carrière.