Schärer a été évincé
Retour sur l'explosion de la fédération suisse de hockey

L'ex-star du handball Stefan Schärer (59 ans) n'est déjà plus le patron du hockey suisse. Blick revient sur ces 15 mois tumultueux.
Publié: 08.12.2024 à 09:04 heures
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Stefan Schärer a démissionné de son poste de président de la fédération de hockey sur glace.
Photo: keystone-sda.ch
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Marcel Allemann et Emanuel Gisi

Juin 2023

Dans la course à la succession de Michael Rindlisbacher à la présidence de la Swiss Ice Hockey Federation (SIHF), le nom de Stefan Schärer (59 ans) fait surface. L'ancien handballeur séduit par son charisme et est officiellement élu lors de la réunion conjointe de la National League et de la Swiss League. L'idée de nommer une personne extérieure, non liée à des clubs ou à la ligue, séduit de nombreux acteurs du milieu.

Septembre 2023


Schärer est élu lors de l'assemblée générale de la SIHF. Les espoirs sont grands: l'ex-sportif et entrepreneur pourrait insuffler un nouveau dynamisme à une fonction qui semblait ces derniers temps en perte de vitesse. Il est également attendu qu’il comble les divisions apparues entre la National League et la SIHF. Lors de ses premières apparitions dans son nouveau rôle, Schärer s’impose comme un homme de conviction. Il souhaite s’impliquer pleinement dans le monde du hockey et de la fédération, se faire une idée concrète des enjeux. Pour l’heure, cela ne dérange personne.

Novembre 2023


Lorsque le renouvellement du contrat de l’entraîneur de la Nati, Patrick Fischer, devient un sujet médiatique, Schärer se retrouve sous les projecteurs. Il souhaite prolonger le contrat du sélectionneur jusqu'aux Championnats du monde 2026, mais avec une garantie financière en cas de mauvais résultats lors des Championnats du monde 2024. Dans les coulisses, les premières critiques se font entendre. D'un côté, certains remettent en question son efficacité, de l'autre, on lui reproche de trop s'impliquer dans des décisions stratégiques.

Février 2024


Les négociations se concrétisent: le contrat de Fischer est prolongé jusqu'en 2026, au milieu d'une série de défaites lors de l'Euro Hockey Tour. Une clause de sortie est toutefois insérée en guise de sécurité. Les détails de cette celle-ci ne sont pas divulgués, mais il est clair que Fischer devra livrer des résultats lors des prochains Championnats du Monde. Pour lui, cette prolongation est un «signe fort».

Mai 2024


La Nati se qualifie pour les quarts de finale des Championnats du Monde à Prague, bat l'Allemagne et décroche finalement la médaille d'argent. Fischer n'est plus perçu comme un entraîneur en difficulté, mais comme un héros populaire. Après ce succès, la clause de sortie perd toute pertinence. Schärer peut également savourer ce premier Championnat du Monde couronné de succès en tant que président de la fédération.

Août 2024


À la fin de l'été, des tensions apparaissent au sein de la fédération. Le conseil d'administration décide de licencier Patrick Bloch, le directeur de la SIHF. Schärer justifie cette décision par la nécessité de créer de nouvelles impulsions. Parallèlement, les clubs se montrent de plus en plus hostiles à Schärer. La faction autour du président du SCB, Marc Lüthi, qui avait déjà exprimé des doutes à son sujet, s’élargit. D’autres figures importantes, comme le CEO du ZSC, Peter Zahner, se joignent à la contestation. On affirme que Bloch était le bouc émissaire destiné à détourner l'attention des faiblesses internes du président. Ce dernier est également accusé de s’immiscer dans des domaines qui ne relèvent pas de sa responsabilité, notamment dans l’affaire du talentueux défenseur Lian Bichsel, désormais écarté de l’équipe nationale. Des plaintes internes à la SIHF concernant des relations difficiles avec Schärer commencent à circuler.

Septembre 2024


Blick dévoile l’opposition grandissante à Schärer et titre «Le président de la SIHF sur la liste des personnes à abattre». L’un des reproches récurrents à son encontre est qu'il a exacerbé les divisions entre la ligue et la fédération au lieu de les apaiser. En outre, Schärer a pris l'initiative de s'adresser directement aux présidents des clubs de la National League, sans passer par les directeurs sportifs ou les directeurs généraux, ce qui a alimenté la frustration dans ces rangs. Le fait qu’il ne vienne pas du milieu du hockey, un atout lors de son élection, lui est désormais reproché. Celui-ci tente de répondre aux critiques et affirme qu'il n'a pas l’intention de démissionner. Ce n’est pas dans son esprit de sportif de céder à la première difficulté. De plus, la convocation d’une assemblée générale extraordinaire pourrait se retourner contre ses opposants, car certains estiment qu’il est prématuré de le révoquer après un si court mandat et qu'une telle procédure risquerait d’entraîner un embarras médiatique.

Novembre 2024


Bien que Schärer ait réussi à résoudre le conflit autour du blason du maillot de l'équipe nationale, les tensions demeurent en coulisses. Le président semble de plus en plus isolé au sein de la structure du hockey suisse. Gaudenz Domenig, président du HCD, qui s’était montré modéré jusque-là, l'accuse dans la «NZZ» d'avoir agi de manière autoritaire. Schärer a permis de rapprocher la ligue et la fédération, mais non pas comme il l’avait envisagé, plutôt en raison de la résistance commune et croissante à son égard.

Décembre 2024


Des menaces de grève émergent depuis le bureau de Glattbrugg. Début décembre, les événements s'accélèrent et un plan est organisé. Schärer, désormais complètement isolé, est contraint de démissionner, sans alternative, ce qu’il finit par accepter. L’annonce officielle est soigneusement préparée, de manière à ce que toutes les parties impliquées puissent sortir de l’affaire sans trop perdre de crédibilité. Les protagonistes prennent leurs distances. «Je ne vais pas m'acharner publiquement», déclare Lüthi. «Se rejeter mutuellement la faute ne sert à rien, il faut avancer», estime quant à lui Zahner. Et Schärer, avec une pointe de regret, déclare à Blick: «Tout ce qu'il y a à dire est dans le communiqué de presse».

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