Mardi, Reto Berra n'était pas censé se retrouver sur la glace de Lugano. Opéré du dos en octobre dernier, il était proche d'un retour. Mais pas à la Corner Arena. Pourtant, le gardien international a suppléé au patin levé Connor Hughes, blessé. S'il n'a probablement pas vécu la soirée de travail la plus compliquée de sa carrière, le Zurichois de la BCF Arena était soulagé de cette belle victoire 1-6 au Tessin.
Au lendemain de ce succès, Christian Dubé a offert un jour de congé à son équipe. Reto Berra, lui, en a profité pour se remettre de ses émotions. Interview après une courte nuit de sommeil.
Alors, bien dormi?
On ne peut mieux, merci. Je ne sens pas de séquelle du match à Lugano. C'était forcément une question que je me posais avant de revenir au jeu. J'avais beau me sentir bien lors des entraînements, les efforts du match n'ont rien à voir.
Tu viens tout de même de vivre 24 heures assez étranges non?
Et comment! Nous avions planifié mon retour pour ce vendredi et la réception de Zurich. Mardi matin, je me suis présenté à la patinoire pour m'entraîner comme en temps normal. Je ne devais pas me rendre à Lugano. Mais on m'a tout de suite dit que je devrais jouer, car Connor n'était pas apte. J'ai évidemment eu mon mot à dire. Mais si je ne pouvais pas, un junior aurait dû être envoyé devant le filet. J'ai évidemment accepté.
Tu avais prévu de passer la soirée avec des amis ou ta copine?
Non, je n'avais pas de grands plans. J'avais prévu de regarder le match à la télé tout seul. Mais finalement, j'ai dû rentrer en vitesse chez moi pour prendre des affaires. Je n'étais pas prêt à partir pour deux fois quatre heures de bus. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle on ne voulait pas me faire commencer par une rencontre avec un aussi long trajet. Avec le dos, ce n'est tout de même pas idéal. Mais j'avais connu de bons entraînements. Mon mental était bon. Je le sentais finalement pas si mal, ce match.
Et lorsque ton équipe mène 0-5 après 20 minutes, la soirée est tout de même plus simple, non?
Oui, mes coéquipiers ont été d'une très grande aide. Je les ai d'ailleurs remerciés après le match. C'était vraiment beau de les voir se démener pour me simplifier la tâche. Je sentais déjà une très belle énergie avant le match. Mais c'est vrai que je n'ai probablement jamais vécu un tel scénario avec cinq buts d'avance au terme du premier tiers. Cela m'a permis de me concentrer sur moi et de jouer calmement mon jeu.
Quelle est l'importance d'un premier arrêt?
Immense. Je dois bien t'avouer que j'étais assez satisfait de voir qu'il s'agissait d'un tir de loin. Je préfère un arrêt facile à une situation chaude d'entrée de jeu. C'était parfait.
Comment t'es-tu senti sur la glace?
Je vais te répondre en deux temps. Tout d'abord, j'ai été étonné de la manière dont je me sentais. Je n'avais pas l'impression d'avoir dû observer une pause de quatre mois. Est-ce que j'étais comme avant ma blessure? Oui, je le crois. Mais dans le même temps, je sais aussi qu'il va falloir désormais enchaîner. Et c'est là que je verrai à quel point je suis remis de cette opération. À Lugano, tout est allé de manière optimale. Cela m'a rendu la vie bien plus simple.
Quelles sont les émotions lorsque l'on se retrouve sur la glace après une si longue période?
Au moment de sortir de la glace, je me suis rendu compte à quel point j'aimais jouer au hockey et à quel point ce sport était beau. J'aime ce sentiment de lutte avec les coéquipiers. Se battre tous ensemble pour obtenir un résultat positif. C'est franchement une sensation dont je ne me lasserai jamais. En vieillissant, je me rends compte que cela devient presque une expérience spirituelle de jouer un match. J'aime faire partie de ce moment où 10 joueurs et 2 gardiens n'ont qu'un but en tête: le puck.
Il paraît que sur le retour, vous vous êtes ouverts une bière en équipe pour fêter ça?
Il faut bien se motiver un peu non (rires). Nous savions que nous avions congé ce mercredi. Lorsque c'est le cas, nous nous permettons cela en cas de victoire. Et honnêtement, après les émotions de ces derniers jours, elle est encore mieux passé que d'habitude.