Au moment du 3-1 de Genève-Servette, le staff vidéo du HC Bienne était sûr de son coup: il y a hors-jeu et la réussite de Henrik Tömmernes doit être annulée. Depuis la tribune des Vernets, les membres de l'encadrement seelandais ont averti le coach, Antti Törmänen, pour qu'il demande aux arbitres d'aller consulter la vidéo.
Après plus de cinq minutes de palabres et de tergiversations, les juges de ligne en sont arrivés à la conclusion... qu'on ne sait pas. Y avait-il hors-jeu? Peut-être. Probablement même. Mais aucune image ne leur a paru suffisamment claire pour annuler cette réussite. Outre la validation du 3-1 de Henrik Tömmernes, les visiteurs ont encore été pénalisés de 2 minutes. Sur la continuité de cette punition mineure, Genève a inscrit le 4-1.
La colère des Biennois
Dans la tribune des Vernets, le staff biennois peinait à contenir sa colère. Après la rencontre, une longue discussion a eu lieu entre Martin Steinegger et les arbitres. Sa teneur? «On leur a donné notre avis et ils nous ont donné le leur, a rigolé le directeur sportif. Mais visiblement, on n'était pas tout à fait d'accord. C'est par contre une bonne chose qu'ils soient ouverts à la discussion et qu'ils soient venus vers nous. J'ai apprécié ce point.»
En apparence calme, «Stoney» bouillonne de l'intérieur. Difficile de ne pas être d'accord avec le dirigeant du HC Bienne. Cette scène litigieuse a tourné le match. «Nous étions vraiment bien revenus dans ce deuxième tiers-temps, a apprécié Antti Törmänen, le coach vaincu. Ce 3-1 nous coupe les jambes et je ne parle même pas du 4-1 juste derrière. C'est agaçant, mais cela fait partie du jeu. Des fois ça te sourit et des fois pas.»
«C'est très frustrant»
Même s'il se veut fataliste, le technicien finlandais n'apprécie pas ce règlement. «Ce qui ne me plaît absolument pas, c'est d'être pénalisé alors que, manifestement, aucune image ne montre que nous avons tort puisque les arbitres qualifient la vidéo de «non concluante». Alors devoir jouer en infériorité numérique droit derrière, c'est assez problématique.» Dans une Ligue qui est gérée par les clubs, n'est-ce pas aux dirigeants - donc notamment à Martin Steinegger - de pousser pour un changement de règle? «Sur le fond, je suis d'accord, précise-t-il. Mais on ne peut pas tout modifier en cours de saison. Il y a eu une votation pour valider cette règle et c'est comme ça. Il faut accepter.»
Si son directeur sportif n'est pas forcément en faveur de la vidéo sur les lignes bleues - «Cela demande tout de même une grosse infrastructure» -, Antti Törmänen, lui, y est très favorable. «Regardez en football, plaide-t-il. Au début, tout le monde rouspetait. Et maintenant? C'est devenu normal, car le système a fait ses preuves. Mais il faut s'en donner les moyens.» Le coach verrait également d'un bon œil l'arrivée des vidéos sur les lignes bleues. «Bien sûr, il y aura parfois une jambe qui gâche la vision ou une séquence floue. Mais je suis convaincu que la plupart des cas litigieux comme celui de ce soir seraient beaucoup plus simples à juger.»
Mais comme toujours, si les clubs n'ont pas la volonté de changer les choses, les entraîneurs n'ont pas fini de hausser les épaules en zone mixte... Et les staffs vidéo éconduits de taper du poing sur la table.