«Je n'ai pas été bon ce soir.» Pierre-Edouard Bellemare, qui fêtera ses 40 ans dans quelques jours, n'a pas besoin d'être beaucoup poussé pour procéder à son auto-critique. Ajoie, battu 4-0 sans discussion à Altstetten mercredi soir, est passé à côté de son match et, pour la première fois de la saison, n'a pris aucun point contre les ZSC Lions. «Je ne suis même pas sûr qu'ils aient fait un match si extraordinaire...», a pesté le centre parisien, qui a apprécié les dix premières minutes de son équipe. Et c'est tout. «On a fait un grand pas en avant dernièrement. Mais ce soir on ne l'a pas montré.» Des mots clairs, nets, précis.
«Je veux être meilleur au prochain match»
Arrivé voilà deux mois et demi à Porrentruy, l'ancien joueur de Seattle et de Las Vegas a changé d'environnement, mais pas d'éthique de travail et d'intelligence à l'heure de l'analyse. Calme, posé, il a surtout envie de parler de l'avenir, qu'il peut influencer, plutôt que du passé, auquel il ne peut rien changer. «Oui. Mais moi, je ne suis pas doué pour penser à ce qui va se passer en mars ou en avril. Par contre, je suis quelqu'un d'assez doué pour penser au présent. Et le présent, c'est se regarder dans le miroir après ce match. Je veux être meilleur au prochain match. Et j'espère que ce sera contagieux dans l'équipe.»
Surtout, Pierre-Edouard Bellemare veut voir un HC Ajoie jouant avec des émotions, lesquelles ont clairement manqué ce mercredi à Zurich. Qu'entend-il exactement par là? Face à un adversaire supérieur, comme les Lions, aurait-il aimé qu'Ajoie provoque plus de bagarres pour faire déjouer l'un des favoris de National League? «Non. On ne peut pas se battre dans cette ligue», sourit-il.
«Ce que je veux dire en utilisant le terme d'émotions, c'est vivre le match à fond. On est une équipe qui apprend, qui est jeune, ok. Mais on a aussi une équipe trop silencieuse par moments. Et ce soir, quand l'équipe adverse prend le dessus, tu peux être un peu moins silencieux sur le banc. A la maison, c'est moins grave, les fans te poussent, ils sont là. Mais quand tu es sur la route, ça fait une grosse différence. La voix d'un joueur peut être suffisante pour une action sur le glace. Il faut qu'on prenne un peu de maturité sur ces choses-là», assure-t-il, fort de sa très riche expérience.
«Que la patinoire soit pleine ou vide, j'ai mon travail à faire»
Ajoie, si fort à Voyeboeuf, est bien moins performant loin du Jura. Un problème psychologique? «Ce qui est sûr, c'est que les matches à l'extérieur ont été difficiles par le passé pour l'équipe. Mais que la patinoire soit pleine ou vide, j'ai mon travail à faire, c'est comme ça que je le vois. C'est plus stimulant quand elle est pleine, sûrement, c'est plus simple de se motiver devant notre public, sans doute. Mais justement, on doit provoquer ces émotions nous-même! Il faut qu'on fasse un travail beaucoup plus complet depuis le banc pour réussir à amener la même ferveur et le même coeur dans notre travail.» En clair, apporter de la vie.
Ce mercredi, dès que Zurich a élevé le niveau, les Vouivres se sont aplaties, ce qui ne plaît pas à l'exigeant joueur de centre. «Zurich, ce soir, n'a pas aimé son début de match. Donc, après dix minutes, ils ont commencé à jouer un peu plus physique, avec un peu plus de ferveur. Ça aurait dû nous allumer! Or, ça nous a éteints. Et d'un seul coup, on se retrouve menés 2-0. Et ce deuxième but justement, pour vous donner un exemple, arrive après un petit jeu anodin, mais qui a des conséquences. Jouer avec le coeur, avec des émotions, c'est faire une bonne passe forte pour que le palet sorte de la zone. Et si tu le fais, il n'y a pas l'effet domine qui conduit au 2-0», assure Pierre-Edouard Bellemare, qui regrette également qu'Ajoie ne se soit pas montré plus dur durant le deuxième tiers.
«Quand on joue physique, on devient chiants à jouer»
«On a été moins efficaces au niveau physique, alors que c'est normalement quelque chose qui fait qu'on peut créer des problèmes à chaque équipe, y compris eux. On devient chiants à jouer quand on le fait, mais ce soir on ne l'a pas été. On doit montrer plus d'agressivité sur les deuxièmes palets, quand il faut sortir, finir une mise en échec au bon moment... Il faut montrer un peu de rage à partir d'un moment!», tonne-t-il encore, désireux d'élever le niveau très vite. «On doit se concentrer sur le présent pour continuer à monter des marches et faire en sorte que quand on arrive à l'échéance la plus importante, on soit à un niveau meilleur que celui qu'on a montré ce soir.»
13e ou 14e, Ajoie jouera la même chose
Avec douze points de retard à six journées de la fin, viser la treizième place semble illusoire. Y a-t-il de la déception dans le vestiaire ajoulot? «Déjà, la treizième place n'est pas mathématiquement impossible. Et même quand elle le sera, je ne sais pas si je serai déçu. Etre déçu, ça veut dire que j'ai le temps de penser à ce qui est derrière, à me dire qu'on aurait dû faire ci ou ça. Non! C'est passé. Je peux juste regarder les images pour me dire qu'on peut améliorer, mais c'est tout. Treizième ou quatorzième, on jouera la même chose. Ce qui va arriver est bien plus important que ce qui est arrivé.»
Et tant pis pour l'avantage de la glace. En mettant ces fameuses émotions qui font la différence, le HCA sera capable d'aller gagner au moins une fois à Genève, Lugano, Bienne, Rapperswil, Ambri ou Langnau, son futur adversaire en play-out.
Équipe | J. | DB. | PT. | ||
---|---|---|---|---|---|
1 | Lausanne HC | 46 | 30 | 90 | |
2 | ZSC Lions | 45 | 37 | 85 | |
3 | EV Zoug | 46 | 34 | 79 | |
4 | SC Berne | 46 | 17 | 78 | |
5 | HC Davos | 45 | 19 | 76 | |
6 | HC Fribourg-Gottéron | 45 | 2 | 72 | |
7 | EHC Kloten | 46 | -16 | 68 | |
8 | SCL Tigers | 46 | 6 | 66 | |
9 | HC Ambri-Piotta | 45 | -14 | 62 | |
10 | EHC Bienne | 45 | -5 | 61 | |
11 | Rapperswil-Jona Lakers | 46 | -13 | 61 | |
12 | Genève-Servette HC | 45 | -13 | 57 | |
13 | HC Lugano | 46 | -24 | 57 | |
14 | HC Ajoie | 46 | -60 | 45 |