Le 13 février dernier, Noah Rod est allé jouer un puck dans une bande. C'était à Porrentruy. Il ne s'est relevé qu'avec peine après avoir été chargé par Valentin Pilet, solide défenseur du HC Ajoie. La suite? Une épaule démise et une douleur immense. Les nerfs de son épaule ont été sectionnés. Quatre heures plus tard, Noah Rod a enfin pu être endormi après un transport pénible en hélicoptère à Berne via Bienne.
Mais Noah Rod ne se plaint pas. Il raconte. «Cela me fait du bien d'en parler. Je suis content de pouvoir expliquer ce qui m'est arrivé.» Depuis six mois, le capitaine de Genève-Servette tente de réapprendre à vivre. Rejouer au hockey? Ce n'est pas encore d'actualité. Mais s'il est un joueur de la National League qui a la volonté de revenir d'une telle blessure, c'est bien Noah Rod. «Travailler sur mon bras, c'est devenu mon travail à plein temps», nous explique-t-il. Interview sans filtre avec, en filigrane, une volonté de rejouer au hockey.
Noah, depuis ta blessure, on te voit toujours avec une attelle à la main gauche. Mais on ne sait pas où tu en es. Comment ça va?
Aujourd'hui, j'ai récupéré la moitié de l'usage de mon bras. Du coude jusqu'aux doigts, cela ne fonctionne toujours pas comme avant. Je travaille chaque jour pour essayer de guérir le plus rapidement possible. Le processus nécessite beaucoup de patience, car les nerfs repoussent seulement d'un millimètre par jour.
Aujourd'hui, es-tu en mesure de dire si et quand tu pourras rejouer au hockey?
Dans le meilleur de cas, cela repousse complètement et tout redevient comme avant. C'est mon objectif et c'est pour cela que je travaille tous les jours. S'il fallait fixer une date de retour, je pourrais envisager début 2025. Je suis conscient qu'il s'agit du meilleur scénario possible. Mais je sais aussi que je vais devoir passer par tout un processus de musculation de mon bras. Je ne vais pas recommencer en prenant des risques.
C'est important d'avoir un objectif temporel?
Depuis que je sais où je me situe et ce qui m'attend comme rééducation, je me suis mis la tête dans le guidon. Je ne peux donc pas voir les petites améliorations du quotidien. Mon entourage le remarque. Moi, pas. C'est comme avec ton enfant. Tu ne le vois pas grandir chaque jour. Mais si quelqu'un ne l'a pas vu pendant six mois, il va dire qu'il a bien grandi.
Au début, tu avais conscience de la gravité de ta blessure?
Sur le moment, j'ai senti que mon épaule était sortie de son articulation. C'était une douleur que je n'avais jamais subie auparavant. Je ne savais pas trop à quoi m'attendre niveau douleur. Lorsque je me suis relevé et que je suis retourné au banc, je n'avais plus de sensation dans le bras. Je n'avais plus de sang qui circulait non plus et cela m'a forcément alarmé. J'ai dû attendre un arrêt de jeu avant de pouvoir traverser la glace et me rendre à l'infirmerie. C'est là que cela s'est réveillé.
Je t'imagine comme un joueur qui n'a jamais mal.
Alors là, c'était une catastrophe. Ils m'ont donné beaucoup d'antidouleurs, mais rien ne faisait effet. J'ai demandé à être endormi, mais ils ne voulaient pas. J'ai passé environ quatre heures avec l'épaule démise. Personne ne voulait la toucher. Ni le médecin d'Ajoie, ni l'ambulancier, ni celui de la Rega. Ce n'est qu'en arrivant à Berne qu'ils ont pu la remboîter.
Ce temps perdu a-t-il été néfaste?
Si c'était arrivé à Genève, je pense que trente minutes plus tard, j'aurais pu être pris en charge. Mais en même temps, s'ils avaient voulu remettre et que le système nerveux était touché, cela aurait pu me priver de mon bras pour toujours.
Et donc à Berne on t'explique précisément ce qui t'est arrivé.
Quand je me suis réveillé à 4h du matin, je ne sentais toujours rien dans mon bras. J'ai demandé aux médecins ce qu'il en était et ils ne m'ont pas caché que je ne retrouverais peut-être pas l'usage de mon bras. C'était un choc. J'ai appelé ma femme et mes parents pour les informer de la situation. Après plusieurs examens, un autre médecin a estimé que je pouvais encore récupérer, ce qui m'a aidé à rester positif. J'ai consulté plusieurs autres spécialistes et l'un me disait «A» tandis que l'autre me disait «Z». J'ai décidé de ne rien écouter et de faire de mon mieux pour que cela revienne. C'est mon état d'esprit depuis.
Et donc là, tu dis que la moitié de ton bras répond à nouveau.
Oui. Au début, il pendait et je ne pouvais absolument rien faire. C'était très dur, surtout avec une petite fille de moins de deux ans. Je me rappelle avoir pris 1h30 pour lui mettre un t-shirt. Ma mère est venue vivre chez moi pendant trois mois pour soulager ma femme. Tu ne te rends pas compte à quel point tu as tout le temps besoin de tes deux bras.
Et depuis, je te vois parfois sur les réseaux sociaux de ton club. Tu es donc toujours investi?
Lorsque je suis rentré de Berne, j'ai dormi chez mon père à Fribourg et je suis allé au match le lendemain. C'était important pour moi de rester présent avec l'équipe, même si je ne pouvais pas jouer. Depuis mon retour, je me suis entraîné plus que si je jouais en faisant avec les moyens du bord. C'est crucial pour réhabilitation. Le jour où cela ira mieux, j'aurai besoin de moins de temps pour être en forme.
Que peux-tu faire pour ton bras?
J'ai énormément de choses à faire. Entre la physio, des exercices, un autre médecin à voir et encore d'autres exercices à faire le soir. Cela n'arrête jamais.
Tu essaies de toujours être le capitaine même si quelqu'un d'autre va forcément être nommé?
Mon rôle en tant que capitaine ne changera pas fondamentalement. Il y aura un autre capitaine pour le vestiaire, mais je resterai impliqué en tant que soutien et comme un quatrième coach depuis les tribunes. Je vais apporter mon aide en étant présent, même si je ne serai pas sur le banc. Je vais devoir trouver le bon équilibre entre être là pour les gars, mais ne pas être une distraction. Ils me voient tous les jours pendant cinq heures faire du vélo avec un seul bras en bonne santé. Ils ne peuvent pas se plaindre s'ils doivent venir faire 30 minute de fitness après un entraînement (rires). J'espère que cela leur montre à quel point il faut profiter.
Tu as reparlé avec Valentin Pilet qui t'a chargé?
C'est le copain de la meilleure amie de ma sœur. J'étais dans le même avion que lui pour partir en vacances. C'était une drôle de coïncidence. Mais il m'a tout de suite écrit pour prendre de mes nouvelles et je ne lui en veux pas. Quand tu mets un pied sur la glace, tu sais qu'il y a des risques. Sa charge n'était pas dégueulasse et même... Je ne vais pas commencer à donner des leçons. Quand tu donnes une charge, tu ne vas pas la faire pour déchirer les nerfs du bras de ton adversaire. Il voulait me montrer qu'il était là, mais pas me blesser.
À t'écouter, je te sens positif et déterminé.
Je le suis! Je ne te cache pas que lorsque ma fille pleurait et que je ne pouvais pas la porter, cela me peinait beaucoup. Elle ne pouvait pas comprendre ce qui arrivait. J'ai forcément eu beaucoup de frustrations dans ma vie privée. Mais d'en parler, cela me fait aussi du bien. C'est difficile de le faire, mais c'est important que les gens sachent. Mon but, c'est que tout ceci devienne une belle histoire. C'est pour ça que je me bats.
Équipe | J. | DB. | PT. | ||
---|---|---|---|---|---|
1 | HC Davos | 30 | 28 | 57 | |
2 | ZSC Lions | 26 | 31 | 55 | |
3 | Lausanne HC | 29 | 7 | 53 | |
4 | EHC Kloten | 30 | -2 | 50 | |
5 | SC Berne | 29 | 16 | 49 | |
6 | EV Zoug | 28 | 19 | 46 | |
7 | SCL Tigers | 28 | 4 | 41 | |
8 | EHC Bienne | 28 | 4 | 40 | |
9 | HC Fribourg-Gottéron | 29 | -6 | 39 | |
10 | HC Ambri-Piotta | 29 | -16 | 39 | |
11 | Genève-Servette HC | 26 | 1 | 36 | |
12 | Rapperswil-Jona Lakers | 30 | -18 | 36 | |
13 | HC Lugano | 28 | -25 | 33 | |
14 | HC Ajoie | 28 | -43 | 23 |