«On mérite cette finale»
Joël Genazzi, l'homme qui a (presque) tout connu au Lausanne HC

Débarqué en 2013 à Malley, Joël Genazzi est le dernier joueur encore en activité à avoir joué toutes les saisons dans l'élite depuis cette promotion. Le défenseur revient sur ce voyage fait de hauts et de bas.
Publié: 15.04.2024 à 14:56 heures
Joel Genazzi est arrivé à Lausanne juste après la promotion
Photo: Pius Koller
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Grégory BeaudJournaliste Blick

S'il y a bien un joueur qui a tout connu à Lausanne, c'est toi. Tu as aussi cette impression?
Oui et non. Quand je suis arrivé, les gars avaient déjà joué plusieurs finales en LNB. De mon côté, il me reste une finale à jouer avec le LHC.

Tu débarques après la promotion à Malley. Tu as vu de l'intérieur ce club s'établir dans l'élite. Quel sentiment ça te procure?
Il y a eu des hauts et des bas, il ne faut pas l'oublier. Dès le début, il a fallu changer la culture, faire grandir le club pour avoir une chance d'être l'outsider en play-off. Puis, il y a eu plusieurs changements d'entraîneurs. Je pense qu'avec Ville (ndlr: Peltonen), on était sur le bon chemin. On a ensuite un creux avec certaines personnes. Il y a eu des vagues. Puis, on est remontés en haut depuis l'arrivée de Geoff (ndlr: Ward, l'entraîneur actuel).

Et ce changement de culture?
On a essayé de le faire durant 11 saisons… Enfin, 9,5 puisque après, Geoff est arrivé. Parfois, il suffit d'avoir une personne qui sait tout gérer… Alors oui, il faut un assistant, un coach physique, des leaders. Mais ça commence avec une personne. Dès le moment où il a pénétré dans le vestiaire, j'ai eu un bon feeling. Il nous a fait accéder au Top 4, et maintenant en finale. En tout cas, une personne peut tout changer.

Dans les deux sens, tant positivement que négativement.
C'est clair (sourire). Mais c'est toi qui as dit ça! Pendant 11 années, on a eu des hauts et des bas. Maintenant, on mérite de jouer cette finale. Les joueurs, les sponsors, le club ont beaucoup souffert lors de nos bas. Je pense qu'on le mérite. Mais je ne sais pas si toi, tu as un autre point de vue…

Je suis assez d'accord avec toi.
John (ndlr: Fust) est passé de coach à directeur sportif. Il voulait ça et c'est mieux pour lui, et pour le club. Il fait un bon travail comme directeur sportif, en engageant les bons joueurs et Geoff. Depuis qu'il est arrivé, j'ai l'impression que ça a été dans la bonne direction.

On dit souvent: «Never too high, never too low». Jamais trop haut, jamais trop bas. Mais on a l'impression qu'avec le LHC, c'étaient toujours les deux extrêmes. Désormais, on sent qu'il y a davantage de linéarité.
Je sais pas si on a déjà été «too high». Avec Dan Ratushny peut-être. On jouait de manière beaucoup trop offensive et en play-off, on a chopé le mauvais adversaire avec le Davos de Del Curto. Là, on avait trop surfé sur la vague. Après, «too low», je ne sais pas…

Comme tu l'as dit: l'avant Geoff Ward.
Tu as peut-être raison. Mais ce n'est pas un point de vue que j'ai. Toutes les semaines, il faut essayer d'aller dans la bonne direction. Mais il y a parfois des détours – des plus grands, des plus petits. À l'arrivée de Geoff, il a fallu un peu de temps pour s'adapter au système. L'année dernière, on a gagné beaucoup de matches pour avoir une chance en fin de saison. Mais on n'a pas su la saisir. Cette saison, on a eu plusieurs chances: pour grimper au classement, décrocher un match 7 ou accéder à la finale. On a appris de nos leçons. C'est important: rester avec ce groupe, avec ces coaches, dans un environnement stable.

Ce qui est le cas actuellement à Lausanne…
Oui, et là tu peux prendre les prochaines étapes. On va toujours dans la bonne direction. Mais ce n'est pas encore fini, parce que le chemin n'est pas terminé.

On a beaucoup parlé du club. Mais toi aussi, durant ces 11 années à Lausanne, tu as vécu beaucoup de moments. De bons, mais aussi de moins bons. Comment tu vois ce chemin parcouru au côté du LHC?
Au début, je disais souvent que j'ai pu grandir avec ce club. On a pu jouer une demi-finale, et derrière je suis allé au championnat du monde. Ça sortait de nulle part.

Mais il y a aussi eu des bas.
Oui, le club et moi avons aussi fait un pas en arrière à un moment. Ce n'était pas facile pour plusieurs joueurs, pas que pour moi. On a peut-être perdu un peu la passion. Mais avec Geoff, tout le monde l'a retrouvée. Si 80% de l'équipe entre dans le vestiaire avec le sourire – tu ne peux pas avoir 100%, car il y a toujours des problèmes personnels –, le 20% peut être soutenu.

Et dans le cas contraire?
Les joueurs qui ont un état d'esprit négatif vont descendre ceux qui sont contents. C'était un point à changer avec Geoff et le coaching staff: retrouver cet esprit d'équipe. Et ils ont toujours été clairs avec moi: comment j'allais jouer et quel temps de jeu j'allais avoir. Le rôle d'un joueur parfois, c'est d'accepter ce qu'on lui donne. C'était le mien cette saison. Mais c'est un point fort de toute l'équipe: accepter son rôle et tout faire pour soutenir le club.

Maintenant, vous êtes en finale. C'est déjà extraordinaire, quand on pense à où vous étiez il y a 18 mois. C'est difficile d'être déjà satisfait de ce que vous avez fait, mais qu'il reste une finale?
C'est la marche la plus difficile. Le coaching staff nous a mis dans la tête qu'il y avait un but, et ce n'est pas la finale. Après la qualification à Fribourg, on n'a pas fait la fête. Les gens autour du club, oui, c'est normal. Mais pas nous. On n'est pas satisfaits avec cette qualification en finale.

Qu'est-ce qu'elle représente cette finale pour toi?
C'est une chance de gagner. Je ne suis pas satisfait parce qu'on la joue et que tout le monde veut des billets – même les spectateurs qui n'étaient pas là il y a trois ans. Ça veut dire beaucoup pour moi, mais aussi pour notre club. Mais il faut jouer cette finale, on va tout donner.

Et le fait d'avoir réuni tout un canton autour du club, c'est un bon pas en avant?
Le succès des matches à domicile cette saison aide. Si on regarde le premier duel contre Zurich, il y avait beaucoup de places vides dans la patinoire – et maintenant, c'est le bordel pour les billets. Et aussi à l'intérieur du vestiaire. Des joueurs qui sont arrivés y a 4-5 ans me disaient: «Je pensais que c'était cool au LHC.» J'ai toujours dit que ça l'était. Maintenant, les dirigeants ont créé un environnement de travail pour qu'on puisse gagner des matches à domicile et que la région nous soutienne à nouveau. C'est ça qui est important pour moi.

Dernière question sur Zurich. Comment tu perçois votre adversaire qui est annoncé ultra favori?
Je pense que c'est plus simple de jouer en tant qu'outsider, de manière libérée, que d'avoir la pression de devoir gagner. 

National League 24/25
Équipe
J.
DB.
PT.
1
HC Davos
HC Davos
30
28
57
2
ZSC Lions
ZSC Lions
26
31
55
3
Lausanne HC
Lausanne HC
29
7
53
4
EHC Kloten
EHC Kloten
30
-2
50
5
SC Berne
SC Berne
29
16
49
6
EV Zoug
EV Zoug
28
19
46
7
SCL Tigers
SCL Tigers
28
4
41
8
EHC Bienne
EHC Bienne
28
4
40
9
HC Fribourg-Gottéron
HC Fribourg-Gottéron
29
-6
39
10
HC Ambri-Piotta
HC Ambri-Piotta
29
-16
39
11
Genève-Servette HC
Genève-Servette HC
26
1
36
12
Rapperswil-Jona Lakers
Rapperswil-Jona Lakers
30
-18
36
13
HC Lugano
HC Lugano
28
-25
33
14
HC Ajoie
HC Ajoie
28
-43
23
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