Depuis le début de saison, Théo Rochette est le meilleur compteur suisse de National League (17 points) et le deuxième meilleur buteur à croix blanche (8 buts). Un début de saison exemplaire qui a permis à l'attaquant de 22 ans de coiffer le casque de Top Scorer mardi dernier contre Kloten. Auréolé du casque à flammes, il a été décisif avec un magnifique but et une passe décisive.
«Je savais que j'étais capable de passer une étape cette saison, nous a-t-il confié. Mais je ne pensais peut-être pas tourner à un point par match après 17 rencontres.» C'est pourtant le rythme qu'il est en train de tenir depuis le début de cette saison, sa deuxième dans la Ligue. «Par rapport à l'an dernier, je voulais avoir un impact plus grand sur les résultats de l'équipe en passant un cap en attaque.»
Mission pleinement accomplie pour le moment alors qu'il ne joue pourtant pas dans sa position de prédilection. Trimbalé du centre à l'aile, il a montré une belle capacité d'adaptation. «C'est un luxe pour nous, apprécie son entraîneur, Geoff Ward. Et pour être franc, je ne suis pas surpris du tout de le voir avoir autant de succès. J'ai tout de suite vu, dès le début des matches amicaux, qu'il avait vécu un été très productif.»
C'est au Québéc que Théo Rochette est allé poursuivre son développement. «Lors des deux dernières années, je n'avais pas eu de pause, poursuit-il. Je voulais donc profiter de cette période pour vraiment travailler dur afin de progresser.» Son entraîneur ne lui avait pas donné de mission précise. «À son âge, il est important qu'il maximise ses points forts et minimise ses faiblesses. Mais je lui ai surtout conseillé de laisser son développement se faire naturellement.»
Un joueur en pleine confiance
Et qu'a-t-il concrètement fait? «Au Canada, je travaille avec un préparateur physique, détaille le No 90 des Lions. Nous avons travaillé deux aspects en parallèle: Je voulais prendre du poids, mais également travaillé la puissance et l'explosivité.» Devenir plus robuste tout en étant plus rapide, n'est-ce pas antinomique? «C'était en effet un challenge, poursuit-il. Au final, j'ai peut-être pris un peu moins de masse qu'imaginé, mais je sens une vraie différence sur la glace.»
Un surplus de muscles qui lui permet de jouer de manière plus sereine. «Ce qui était important, c'était d'avoir confiance en moi-même», analyse-t-il. Cette confiance, il la sent à chacun de ses coups de patin. «C'est un concept qui n'est pas simple à expliquer, poursuit-il. Je me suis mis dans l'état d'esprit d'essayer davantage de choses que lors de ma première saison. L'an dernier, je me concentrais surtout pour ne pas faire d'erreur. Mais ce sport est un jeu d'erreurs. Il ne faut juste pas avoir peur d'en faire et être sûr de ses capacités. Quand c'est là, tout paraît plus simple.»
Le terme de confiance revient également dans la bouche de John Fust, son directeur sportif. «Le talent, c'est une chose, précise-t-il. Mais lorsque tu as un joueur qui allie talent et confiance en lui, c'est là qu'il peut réaliser de belles choses. Et c'est clair qu'il a les deux actuellement. Mais ce qui me plaît davantage encore, c'est que son évolution n'est pas terminée à 22 ans. Mais il est désormais entré dans la phase où gagner devient une priorité et il peut avoir un réel impact sur les matches comme on le voit actuellement.»
Cette évolution, John Fust la voit au quotidien. «Il faut mettre en avant le travail de Geoff Ward et de tout le coaching staff, précise l'homme de bureau. Il lui a accordé sa confiance en le faisant notamment jouer en infériorité numérique. Cela lui permet d'être constamment dans le match avec un temps de jeu élevé. C'est favorable pour sa progression.» Geoff Ward, lui, renvoie la balle: «Tout le crédit revient au joueur. Il y a des joueurs à qui tu peux faire tous les discours que tu veux, cela n'aura aucun impact. Ce n'est pas son cas. Théo a décidé de travailler dur.»
La NHL toujours un objectif
L'entraîneur au riche passé en NHL a vu passer de nombreux joueurs, plus ou moins jeunes. Comment juge-t-il son évolution? «Elle est excellente. Les joueurs intelligents ont cette capacité à attirer le puck à eux. Théo Rochette fait partie de cette catégorie.» Avec le Canadien, la question d'un éventuel futur en Amérique du Nord vient forcément sur la table. «Il y a de nombreux facteurs qui entrent en ligne de compte pour avoir sa chance là-bas, précise-t-il. Mais il suffit juste d'une seule organisation qui te donne ta chance. Je lui ai conseillé de se mettre aucune limite. Moi, je suis là pour lui fixer des objectifs réalistes tout en l'aidant à atteindre son but.»
Le principal intéressé voit forcément venir le thème de la NHL dans l'interview. Par le passé, il en avait fait un objectif central. «Mais avec les déceptions liées aux drafts qui ne se sont pas bien déroulées, j'ai appris à avoir une vision à beaucoup plus court terme. Mais c'est sûr que c'est impossible de ne pas y penser, car c'est toujours mon objectif. Par le passé, je pensais peut-être trop loin. Aujourd'hui, je pense au prochain match.»
Un état d'esprit que partage John Fust qui lui avait fait parapher un contrat jusqu'au terme de la saison 2025/2026. Le directeur sportif a-t-il peur de perdre son joyau? «Je ne réfléchis pas en ces termes, précise-t-il. En tant qu'organisation, nous sommes fiers de faire partie de son développement. Notre travail, c'est qu'il devienne le meilleur joueur possible. Si nous lui donnons une chance de recevoir un contrat là-bas, alors nous aurons réussi notre mission.» Croit-il en un avenir en NHL pour son joueur? «Tout est une question de timing, commente-t-il. On l'a vu avec plusieurs joueurs suisses, c'est parfois mieux d'être dominant en Suisse et en équipe de Suisse afin d'obtenir une vraie chance là-bas plutôt que d'être envoyé directement en AHL.»
Cela tombe bien, Théo Rochette a été sélectionné en équipe de Suisse pour le premier tournoi de la saison, la semaine prochaine. «Ce qui va me faire franchir un palier, c'est de m'améliorer chaque jour, précise l'attaquant. Alors oui, si ma chance de jouer un championnat du monde arrive, j'aurai envie de prouver ma capacité à évoluer au niveau international.» Sur ce qu'il démontre depuis le début de saison, il paraît en avoir plus que la capacité. Avec ses 17 points et 8 buts en National League, Théo Rochette devient une figure incontournable du Lausanne HC. De quoi lui permettre d'être ambitieux pour la suite.
Équipe | J. | DB. | PT. | ||
---|---|---|---|---|---|
1 | Lausanne HC | 31 | 12 | 59 | |
2 | ZSC Lions | 28 | 31 | 58 | |
3 | HC Davos | 32 | 25 | 58 | |
4 | SC Berne | 31 | 18 | 55 | |
5 | EHC Kloten | 32 | -1 | 54 | |
6 | EV Zoug | 30 | 20 | 49 | |
7 | SCL Tigers | 30 | 4 | 44 | |
8 | EHC Bienne | 30 | 2 | 42 | |
9 | Rapperswil-Jona Lakers | 32 | -11 | 42 | |
10 | HC Ambri-Piotta | 31 | -18 | 41 | |
11 | HC Fribourg-Gottéron | 31 | -12 | 39 | |
12 | Genève-Servette HC | 28 | -3 | 36 | |
13 | HC Lugano | 30 | -23 | 36 | |
14 | HC Ajoie | 30 | -44 | 26 |