«Ma patience a été testée»
Connor Hughes se livre avant son retour au jeu pour le Lausanne HC

Le gardien du Lausanne HC devait être absent entre quatre et six semaines. Finalement, Connor Hughes a manqué trois mois. Son retour au jeu est imminent et il s'est confié avec, dans un coin de la tête, l'espoir d'être sur la glace vendredi soir à Fribourg.
Publié: 04.01.2024 à 12:05 heures
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Grégory BeaudJournaliste Blick

Le 22 octobre dernier, Connor Hughes a effectué un arrêt de la crosse comme il en a fait des milliers depuis le début de sa carrière. Sans qu'il y ait le moindre contact, le gardien du Lausanne HC est resté allongé sur la glace et a dû quitter ses coéquipiers avec difficulté. «J'ai tout de suite senti que c'était sérieux, nous a-t-il confié mercredi, au lendemain de son retour sur le banc du Lausanne HC. Mais à cet instant, je ne pensais pas que je serais absent pour plus de deux mois.»

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Aujourd'hui, le Canado-Suisse est prêt à faire son retour sur la glace avec le Lausanne HC. Ce devrait être pour ce week-end. Son équipe se rend vendredi à Fribourg, son ancien club. Elle accueille dimanche Kloten. Après avoir passablement douté, le gardien de 27 ans a acquis des certitudes durant cette période de rééducation. C'est avec sérénité qu'il revient sur cette période compliquée… et longue.

Connor Hughes, comment tu te sens à quelques jours d'un retour sur la glace?
Plutôt bien. Même si j'étais sur le banc mardi contre Bienne, j'ai déjà un match dans les jambes. Durant la pause de Noël, je devais continuer de patiner pour poursuivre ma remise en forme. C'est pourquoi j'ai demandé à aller m'entraîner avec Martigny. Comme je me sentais bien, j'ai même joué un match. Ce n'est qu'après ce test que j'ai pensé être vraiment prêt à revenir à Lausanne.

Ce retour pourrait être vendredi à Fribourg…
Ce serait cool non? (rires) Vraiment cool, même. Surtout que le premier match de la saison était déjà là-bas et je n'ai pas joué. Et tu sais quoi? La première estimation faisait état d'un retour aux alentours du 22 novembre… pile le jour de Lausanne - Fribourg. J'ai donc tout de suite encerclé cette date. Aujourd'hui, avec du recul, ça fait un peu bizarre.

Raconte-moi comment tu t'es blessé. Depuis les tribunes, on a d'abord cru à un choc.
Je comprends. Mais non, je me suis fait mal tout seul. Pour moi, le mal était déjà là un peu avant. Deux semaines avant, au cours d'un entraînement hors glace, j'ai senti un petit truc bizarre dans cette zone des adducteurs. C'était gênant plus que douloureux. J'ai tout de même décidé d'investiguer. Le radiologue n'a rien décelé sur les images. Je me suis dit qu'il y avait peut-être juste une petite inflammation. Comme la pause était proche, je me suis dit que je pouvais jouer et que le repos allait me faire du bien.

Et puis il y a eu cette action.
Oui, durant ce match… boom. Je ne sais pas ce qui s'est passé. Si l'on revoit les images, cela a l'air d'une action totalement anodine. Je ne peux même pas dire si c'est lié à ce que j'ai ressenti auparavant. Mais toujours est-il que j'ai le sentiment qu'il y avait déjà un petit quelque chose qui s'est aggravé sur cette scène.

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À cet instant, tu te dis quoi?
Que ç'avait l'air assez sérieux. Plus sérieux que ce que j'ai finalement eu. J'ai senti un grand 'pop'. Donc j'étais presque rassuré lorsque j'ai eu les résultats, on m'a dit que c'était une déchirure au niveau de l'adducteur de niveau II et que j'en avais pour 4 à 6 semaines. Et me voilà à revenir… 10 semaines plus tard (rires).

Mais tu arrives à m'expliquer pourquoi cela a duré si long?
Début décembre, nous nous rendions bien compte que la guérison n'était pas assez rapide. C'est pourquoi nous avons décidé de faire de nouveaux tests. Lors du premier scanner, la zone était tellement enflammée que l'image n'était pas suffisamment bonne. Mais finalement, il s'avère qu'il y avait une grande déchirure au niveau du tendon. C'est la raison pour laquelle c'était si long.

Et comment tu as vécu cette période, du coup?
Ce n'était pas franchement simple. Car comme je t'ai dit avant, j'avais directement dit à mon physio que je voulais être sur la glace contre Fribourg le 22 novembre. L'histoire aurait été géniale. Et j'ai vite dû me résoudre à attendre plus. Mais je ne pensais pas autant. C'était probablement l'une des périodes les plus difficiles de la guérison, car je n'avais pas de visibilité sur la fin. On m'a dit 4 à 6 semaines et après 8, je n'étais toujours pas prêt. Je ne pensais pas que ce serait si difficile honnêtement.

C'était ta première blessure aussi sérieuse?
Non, je m'étais déjà blessé au ménisque lorsque j'évoluais à Biasca. Mais c'était au début de la préparation estivale donc le temps passait plus vite. J'étais resté sur la touche durant neuf semaines.

Comment un athlète professionnel vit-il cette période d'inactivité?
C'est clairement une expérience à laquelle on n'est pas préparés. Et, en un sens, j'ai trouvé cela plutôt intéressant. Naïvement, tu te dis que chaque jour, tu iras un petit peu mieux jusqu'à la guérison totale. Eh bien pas du tout (rires). Il faut accepter de faire deux pas en avant pour n'en faire qu'un en arrière. La première semaine sur la glace, j'étais catastrophique. J'avais l'impression que les attaquants marquaient des buts deux fois plus facilement qu'avant. C'est comme si j'avais totalement perdu mon jeu durant cette période.

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Tu ne penses pas que c'était surtout mental et pas physique?
À 100%. Au début, je me posais beaucoup de questions. Je savais que je n'étais pas complètement guéri. Mais mes yeux et mon cerveau, eux, était en état de marche. Donc d'un côté, je tentais de ne pas trop forcer sur une partie de mon corps tout en essayant de reproduire les mêmes gestes que si j'étais en pleine santé. Je me suis également rendu compte à quel point le mental et le physique doivent être totalement alignés pour avoir du succès. Et au début, cela ne pouvait tout simplement pas être le cas. Cela m'a pris du temps pour l'accepter. Mais le jour où j'ai pu cesser de protéger mes adducteurs pour m'entraîner normalement, c'est là que j'ai pu reconstruire ma confiance. En un sens, c'était un processus particulièrement intéressant à analyser avec du recul.

Tu as repris à Biasca avec Martigny, mais la Coupe Spengler n'était pas une option, comme la saison passée?
Oui, j'avais prévu d'y aller. Environ une semaine ou deux après ma blessure, j'ai reçu un message de Joe Thornton (ndlr légende du hockey canadien et directeur général du Team Canada) me demandant de le rappeler. C'est assez cool comme expérience (rires).

On rappelle vite Joe Thornton?
(Il éclate de rire) Très vite! Très, très vite même. Je lui ai dit que j'étais blessé, mais que normalement, je serais prêt à jouer à Davos pour le Team Canada. Mais j'ai dû déclarer forfait et c'est vraiment dommage, car je me réjouissais vraiment de vivre à nouveau ce tournoi. J'espère avoir à nouveau une chance dans le futur.

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La première semaine sur la glace, j'étais catastrophique. C'est comme si j'avais totalement perdu mon jeu durant cette période
Connor Hughes, gardien du Lausanne HC
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Durant ta blessure, Lausanne a d'abord eu une période compliquée avant de commencer à tout gagner. Au début, tu avais l'impression d'abandonner tes coéquipiers ou comment as-tu vécu cette période?
Laisse-moi deux secondes pour y réfléchir. Hmm. Les premières semaines, je n'avais tellement pas de force que je ne pouvais même pas imaginer revenir plus vite pour les aider. Et puis l'équipe a commencé à gagner des matches au moment où je progressais moi-même. Je me suis dit que c'était une très bonne chose et que grâce à Kevin Pasche et à son excellent jeu, j'avais là une parfaite opportunité de ne pas me stresser. Surtout que Punny (ndlr Ivars Punnenovs, l'autre gardien du LHC) a également haussé le niveau de son jeu. En un sens, je pense que cela m'a aussi aidé durant ces dernières semaines.

Comment tu as vécu ce choix de faire confiance à un tout jeune gardien comme Kevin Pasche plutôt que d'enrôler un gardien étranger?
Je trouve ça extraordinaire. Le management et le coaching staff ont d'abord décidé de faire confiance à un tout jeune gardien et je ne pense pas que de nombreux clubs auraient osé le faire. Mais ils ont été récompensés de leur courage, car nous avons pu jouer durant toute cette période avec six étrangers sur la glace et non cinq plus un gardien. Et Kevin m'a bluffé par son calme. Il a 20 ans, mais joue comme un gardien de 26 ans. C'est impressionnant, c'est comme s'il n'était jamais stressé. Nous sommes désormais trois gardiens pour une place. Il y aura une belle concurrence.

National League 24/25
Équipe
J.
DB.
PT.
1
Lausanne HC
Lausanne HC
31
12
59
2
ZSC Lions
ZSC Lions
28
31
58
3
HC Davos
HC Davos
32
25
58
4
SC Berne
SC Berne
31
18
55
5
EHC Kloten
EHC Kloten
32
-1
54
6
EV Zoug
EV Zoug
30
20
49
7
SCL Tigers
SCL Tigers
30
4
44
8
EHC Bienne
EHC Bienne
30
2
42
9
Rapperswil-Jona Lakers
Rapperswil-Jona Lakers
32
-11
42
10
HC Ambri-Piotta
HC Ambri-Piotta
31
-18
41
11
HC Fribourg-Gottéron
HC Fribourg-Gottéron
31
-12
39
12
Genève-Servette HC
Genève-Servette HC
28
-3
36
13
HC Lugano
HC Lugano
30
-23
36
14
HC Ajoie
HC Ajoie
30
-44
26
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