Le Lausanne Hockey Club et le Lausanne-Sport réalisent tous deux une saison solide, ce qui n'est pas une évidence dans l'histoire commune des deux clubs. «Ce n'est jamais arrivé, vous voulez dire? Quand l'un va bien, l'autre va mal, ça a toujours été comme ça à Lausanne», répond Ludovic Magnin, entraîneur du LS et suiveur du LHC depuis son adolescence.
Une raison de plus pour profiter de la situation actuelle et pour réunir les deux techniciens, Ludovic Magnin et Geoff Ward, pour une discussion passionnante au Sportsbar Le Zodiac, dans le quartier Sous-Gare à Lausanne, un lieu prisé des amateurs de hockey. «C'est pour ça que j'ai amené un maillot du LS en cadeau, il faut changer un peu la déco», se marre Ludovic Magnin en remettant son présent, qui sera accroché au mur le plus vite possible.
Geoff, quand tu es allé pour la première fois voir un match à la Tuilière, qu'est-ce qui t'a plu chez cet entraîneur de football que tu découvrais?
Geoff Ward: Ce qui m'a sauté aux yeux d'entrée, c'est la relation que Ludovic a avec ses joueurs. On peut voir qu'il vit les matches de manière très intense depuis la touche, ce que j'apprécie, et je pense que les joueurs aiment aussi beaucoup sentir que leur entraîneur est à fond dans le jeu avec eux.
Ça, c'est ce que tu as vu pendant le match. Et après, dans le vestiaire?
GW: Le respect mutuel. Ludo aime être avec ses joueurs et ils le ressentent, ils voient qu'il est là pour eux. Et ça, crois-moi, ça fait une grande différence quand les joueurs savent que le staff travaille très dur pour eux et qu'il y a des sentiments, le mot n'est pas trop fort. Le fait que le staff s'occupe des joueurs, ce n'est pas être gentil et sympa, non. C'est vouloir qu'ils s'améliorent, les pousser à leur limite. Et je vois, je sens, que Ludovic et son staff font ça très bien. Et ça, ce n'est pas une question de football ou de hockey, on peut parler de triathlon ou de ce que vous voulez. Mais c'est vrai que dans les sports d'équipe, c'est encore plus important.
Pourquoi?
GW: Parce que si vous avez une relation forte avec vos joueurs, vous ne serez déstabilisé ni par le bruit venant de l'extérieur, ni par des résultats négatifs. Si le vestiaire est avec vous, vous pouvez tout traverser.
Et toi, Ludovic, qu'apprécies-tu particulièrement chez Geoff?
Ludovic Magnin: On a dix heures devant nous (rires)? Je suis le hockey à Lausanne depuis trente ans. Et je lui l'ai dit déjà: je suis très reconnaissant envers Geoff, car c'est grâce à lui que j'ai pu vivre une finale de LNA en tant que supporter du LHC, comme des milliers d'autres personnes. Donc déjà, merci. Ensuite, sur le management, la grande différence entre Geoff et moi, c'est qu'il est très calme pendant les matches. Quand je le vois dans sa coaching zone, dans le vestiaire ou à l'interview, il est tellement tranquille, serein... Il a plus d'expérience que moi, aussi, et je dois dire que je me suis calmé aussi avec les années.
C'est pas toujours flagrant...
LM: J'espère que dans quelques années, je serai aussi calme que lui en tout cas (rires).
Geoff, pourquoi tu ne cries pas sur les arbitres?
GW: Parce que je sais qu'ils ne changeront pas d'avis! Je veux transmettre de la sérénité à mes joueurs. S'ils voient que le coach est «in control», alors ils ne vont pas perdre la tête. Ou moins facilement. Après, c'est vrai que je crie peu sur les arbitres, même si ça peut m'arriver occasionnellement. En fait, j'ai remarqué une chose avec les arbitres dans cette ligue: si tu parles calmement, ils vont venir échanger. Si tu cries, ils s'éloignent. Donc pour avoir une conversation avec eux, il vaut mieux être calme. C'est valable pour les joueurs comme pour moi.
Donc tu forces un peu ta personnalité?
GW: Non, non. Je pense que que comme entraîneur, tu dois être fidèle à toi-même. Tu ne peux pas jouer un rôle. Si tu essaies d'être quelqu'un que tu n'es pas, et je pense que Ludo sera d'accord, les joueurs vont trouver ça bizarre dans un premier temps, puis ne te respecteront pas par la suite. Tu dois être confortable, bien dans ta peau, honnête avec toi-même. Tu sais, un jour, il y a très longtemps, j'ai reçu un bon conseil, qui me revient parfois en mémoire...
On t'écoute!
GW: Les joueurs sont plus intéressés par ce que tu leur apportes que par ce que tu sais. Ce que ça veut dire concrètement: tu dois créer un environnement de travail où ils se sentent bien et où ils peuvent donner le meilleur d'eux-mêmes, où ils sont contents de venir chaque jour. Ils veulent progresser comme athlètes et comme hommes. Donc fais-les grandir. Et implique-les dans ce processus. Ce que tu sais, tes connaissances théoriques, c'est bien, mais ce n'est pas la priorité pour tes joueurs.
Ludovic, tu es le même dans le vestiaire et à la maison?
LM: Je n'ai pas d'arbitre dans ma chambre à coucher, donc je ne ressens pas d'injustice chez moi (rires). Je suis d'accord avec Geoff, c'est important d'être authentique et sincère, mais je suis quand même une autre personne entre la séance d'entraînement et le match, vous pouvez demander aux joueurs. J'ai l'énergie et la passion, tout le temps. Mais pendant 90 minutes le samedi ou le dimanche, j'ai un tel désir de gagner que je n'ai pas d'amis, je n'ai plus rien: je n'ai que la victoire en tête. La semaine, c'est différent. Cette mentalité de gagneur, je l'avais comme joueur, je l'ai comme entraîneur.
Il y a une grande différence entre le hockey et le foot. Au hockey, vous avez peut-être deux ou trois joueurs en tribunes, mais les vingt autres sont sur la glace tous les trois jours. En football, vous avez onze titulaires, cinq remplaçants et dix gars en tribune. C'est tout autre chose, non?
GW: Oui, c'est incontestable. Et en hockey, vos lignes changent tout le temps, ça évolue, vous devez toujours voir quelle ligne l'adversaire envoie pour trouver le bon «match-up» de votre côté. C'est très stratégique. Après, sur la manière dont tu manages tes gars, je ne pense pas que ce sot très différent. Il y a aussi des gars qui ne sont pas contents de leur utilisation, qui estiment valoir mieux, qui veulent plus de temps sur la glace...
LM: Je pense quand même que le potentiel de frustration est plus grand en football qu'en hockey. A chaque match, la moitié de l'équipe n'est pas titulaire et n'est donc pas contente. Là, j'ai un gros boulot, pour expliquer aux gars qu'ils ne jouent pas, mais qu'ils sont importants. C'est toujours délicat de trouver un équilibre. Et j'ai le sentiment qu'un vestiaire de football est plus fermé, plus intime et secret, qu'un vestiaire de hockey.
GW: Je dis souvent aux gars que l'on ne va pas «travailler au hockey», on va «jouer au hockey». On doit garder la part fun, le hockey est un jeu! Quand je vais à la patinoire le matin, je suis heureux, parce que je sais que je vais prendre du plaisir avec mon staff, avec les joueurs.
LM: Là, il y a une différence. Pour moi, les gars vont au travail le matin. J'y tiens.
J'ai l'impression, peut-être que je me trompe, que c'est plus simple d'avoir un esprit d'équipe au hockey. Selon moi, un footballeur est plus égoïste, plus attentif à son statut, plus jaloux du salaire de son voisin... C'est juste?
LM: C'est difficile pour moi de répondre. C'est une différente culture, ça c'est sûr.
GW: Sincèrement, je ne sais pas. Oui, l'esprit d'équipe est très important dans notre sport. Mais il y a des tensions parfois dans un vestiaire de hockey aussi, tu sais... Il y a aussi des gars qui veulent jouer plus, qui sont frustrés par des blessures, qui sont en tribunes...
Prenons l'exemple d'un joueur très coté. Tu mises beaucoup sur lui, il a un bon salaire, mais il n'est pas performant. Lui, il pense qu'il est super fort, mais ton staff et toi n'êtes pas satisfaits de son rendement. Comment tu le gères? Tu l'envoies en tribunes et «shut up»?
GW: Non, il y a un certain nombre d'étapes dans ce processus. Je vais te répondre très précisément, c'est une question intéressante. Ce que tu dois comprendre, c'est que dans la sport professionnel, 20% de tes joueurs vont t'apporter une immense partie de tes résultats. Je suis persuadé que tu ne traites pas un joueur de la première ligne comme un joueur de la quatrième ligne. Ca ne veut pas dire que celui de la quatrième ligne ne fait pas partie de l'équipe ou n'est pas important. Ca ne veut pas dire que tu as moins de responsabilités, non plus. Mais ça veut dire qu'en tant que coach, je dois traiter mes joueurs différemment. Donc le joueur qui a un statut important, je ne vais pas l'envoyer en tribunes dès qu'il foire un truc.
Concrètement?
GW: La toute première chose, c'est qu'on lui montre la vidéo. Regarde bien: là, tu t'es planté. Tu n'es pas à ton niveau. Donc retourne sur la glace et corrige ça. Un joueur a le droit de faire une erreur, il faut qu'il sente que c'est permis, sinon tu tues sa confiance. C'est normal de faire une erreur et d'être moins bien, mais tu dois corriger. Alors montre-nous que tu as compris.
Et si ça continue?
GW: Un deuxième entretien. Et s'il ne s'améliore pas ou qu'il ne veut pas comprendre, on va le prévenir: «Attention, on va devoir te sortir de l'alignement». Donc les joueurs comprennent, ils savent à chaque fois où ils en sont. C'est comme ça qu'on manage, encore plus aujourd'hui. Dans les années 80 ou 90, tu pouvais parler un peu différemment...
C'est à dire? C'était plus dur?
GW: Oui. Aujourd'hui, c'est plus individuel aussi. Un joueur aura besoin que tu l'engueules pour le réveiller. Un autre, tu dois le cajoler pour qu'il performe. Un joueur a besoin de beaucoup de vidéos, sinon il ne visualise pas bien les situations de jeu. Un autre va s'endormir après dix secondes devant l'écran... Tu dois accepter ça.
Ludovic, tu es d'accord?
LM: Je peux signer des deux mains une grande partie de ce que Geoff vient d'expliquer, même sans remonter aux années 80 ou 90. Entre 2010 et aujourd'hui, c'est déjà différent. Une de mes chances, c'est que j'ai des enfants de 21 ans et de 18 ans, ils m'aident beaucoup à comprendre les codes de cette génération actuelle. Et c'est vrai que parfois, on parle de manière individuelle, d'autres fois en groupe... J'ai eu des coaches pour lesquels les règles étaient les mêmes pour tout le monde. Mais les joueurs sont tous différents. Donc j'essaie un peu de faire à la carte. Attention, je suis intransigeant sur les règles de vie en groupe! Mais comme le dit Geoff, pour la progression individuelle, j'affine. Un certain joueur, tu as besoin de lui parler sec. Un autre a besoin de s'entraîner chaque jour à fond, tandis qu'un de ses coéquipiers sera performant le week-end s'il a donné un peu moins à un moment de la semaine... Mais ça, c'est uniquement quand tu connais bien tes joueurs.
Les grands discours de motivation collectifs ça marche encore en 2025?
LM: On le fait toujours avant le match, mais je dis souvent que le jour de la rencontre est le jour le plus tranquille pour moi. Le plan de match, on le travaille toute la semaine. Mais oui, ce petit shoot de motivation est important. Après, il faut doser. Tu as 38 matches dans la saison, tu ne peux pas dire avant chacun que c'est le plus important de la saison, sinon les joueurs ne t'écoutent plus.
GW: Nous aussi, on parle de manière collective avant chaque match. Mais c'est un peu différent. On se retrouve sur la glace le matin, on patine un peu pour réveiller les jambes, mais avant, on a des séances de dix ou douze minutes avec ceux qui jouent en powerplay et en box play, on étudie l'adversaire. Ensuite, deux heures avant le début, là on se retrouve tous, toute l'équipe, et on monte en pression, on élève le degré de motivation. Mais Ludo a raison, on ne peut pas le faire 50 matches par saison. Ou 82 comme en NHL... Et parfois, ce n'est pas moi qui parle, c'est bien qu'il y ait une autre voix.
C'est vrai qu'être entraîneur, c'est manager une équipe, mais aussi un staff. Comment gérez-vous le votre?
GW: Première chose: je ne veux pas des gens qui soient tout le temps d'accord avec moi. C'est exclu!
Ah oui?
GW: Si un gars de mon staff n'est pas d'accord avec ce que je dis, j'attends de lui qu'il le dise immédiatement. Je veux créer un environnement de travail où chacun est important.
LM: En ce qui me concerne, je suis très exigeant avec moi-même et avec les joueurs, mais aussi avec mon staff. Je suis au stade de 8h jusqu'en soirée, donc je n'accepte pas si un membre de mon staff ne donne pas le meilleur de lui-même. Je n'attends pas d'eux qu'ils soient juste bons, j'attends d'eux le top. Et j'attache une grande importance au staff médical, je considère qu'ils te font gagner beaucoup de points dans une saison. Ou plutôt que si tu ne travailles pas bien avec eux, tu vas en perdre.
Ludovic, tu coaches le club de ton enfance. C'est différent de Geoff, qui est à des milliers de kilomètres de chez lui?
LM: Je dis toujours que c'est la meilleure expérience de ma vie. J'ai passé vingt-deux ans loin de la maison, à Lugano, en Allemagne, à Zurich. Là, je suis à la maison, je peux voir mes parents, mes vieux amis. Je sais que je ne serai pas là pendant vingt ans, donc j'en profite. Je suis très heureux ici.
Oui, mais si tu vas boire un café, si tu vas voir un match du LHC ou si tu vas au restaurant, on va te parler du LS...
LM: Tout le temps! Mais c'était la même chose à Zurich.
Et toi Geoff, tu aimerais coacher chez toi, dans ta ville?
GW: Pour moi, en termes d'efforts, de travail, de préparation, de sérieux, il n'y a aucune différence. Coacher, c'est difficile. C'est très difficile. Tu bosses pendant des heures et des heures, tu ne peux pas montrer la moindre faille, tu dois avoir des réponses quand les joueurs ont des questions. C'est clair que Ludo est chez lui, qu'il défend les couleurs de sa ville, de son canton et j'adore cette énergie. Mais le boulot est le même, au final. Donc être à la maison ou non, ça ne change rien. Et je vais même te dire un truc qui va t'étonner...
Volontiers!
GW: Je vois plus ma famille depuis que je coache à Lausanne que lorsque je travaillais aux Etats-Unis.
Comment c'est possible?
GW: Ma famille est à Boston, ma femme et moi avons quatre enfants. Je les vois en facetime quand je suis à Lausanne, mais on a quand même des pauses des équipes nationales où tout le monde a congé pendant cinq ou six jours. Donc je les ai vus une fois par mois durant l'automne, ce qui ne t'arrive jamais quand tu es en NHL. Quand j'étais à New Jersey et ma famille à Boston, à quatre heures et demi de route, je ne les voyais jamais, parce qu'en NHL, tu joues trois fois par semaine, sans aucune pause. En une année, j'ai dû les voir deux fois. Ici, en gros, je suis seul de juillet à novembre et ensuite je peux les voir chaque mois jusqu'en mars, quand ils ont le springbreak et qu'ils viennent me trouver. Et mon fils travaille dans la NHL, donc il m'appelle régulièrement, il aime ces moments d'échange. C'est bien pour moi, ça me permet aussi de me tenir informé de ce qui se passe dans la grande ligue. Et mes autres enfants ont développé d'autres passions, c'est super, ils font leur truc et ça me rend heureux.
Comment tu évacues la pression?
GW: Je fais un «work-out» chaque matin avant de commencer la journée, en tout cas j'essaie. Je me lève donc tôt. Et après le boulot, j'aime bien venir ici boire une bière, je le fais une à deux fois par semaine, je parle de hockey avec le patron, Bruno, un ancien joueur. J'ai fait une ou deux rencontres sympa ici, je m'évade un peu du boulot. Sinon, j'aime bien aller voir le Lausanne-Sport quand j'ai un jour off ou découvrir un endroit sympa en Suisse. C'est important d'avoir l'esprit frais, pour laisser de nouvelles idées arriver. Parfois, quand j'ai un problème au boulot, je referme la boîte, je vais au fitness, je fais autre chose, et la solution vient toute seule.
Et toi, Ludo, tu éteins le téléphone des fois?
LM: Non, jamais. Déjà parce que je veux être atteignable pour ma famille à Zurich. Pour moi, c'est très différent si tu es troisième du championnat ou dernier. J'ai vécu les deux situations et je peux te dire que quand tu vas jouer au padel avec tes potes, ton esprit pense moins au football quand tu es troisième que dixième, c'est humain. La même chose quand je vais à la pêche avec mon frère. Sinon, je regarde un peu Netflix, j'essaie de débrancher un peu... C'est différent aujourd'hui, parce que mes enfants et ma femme sont à Zurich. Quand tu vis avec eux, il y a toujours quelque chose à faire (rires).
Tu vas souvent les voir?
LM: Le plus souvent possible, mais avec le job, c'est évidemment compliqué. Je dis souvent que je serai en vacances le jour où je serai viré!
Tu ne décroches vraiment jamais?
LM: En tant qu'entraîneur principal, tu as toujours des problèmes à régler. Le truc, c'est qu'après, le joueur il va chez lui et il s'est débarrassé de son problème. Mais c'est toi qui l'as récupéré, du coup! Quand tu es coach, ce n'est pas dix heures par jour, c'est 24h sur 24, sept jours sur sept.
GW: Tu dois être préparé tout le temps, on y revient.
Vous avez des ambitions? Vous raisonnez comment sur le plan de la carrière?
LM: Très clair: je suis entraîneur comme j'étais joueur, je ne fais aucun plan. Comment aurais-je pu penser que j'allais être deux fois champion d'Allemagne ou jouer une Coupe du monde? Donc non, je n'ai pas de plan. Je travaille du mieux possible et s'il y a une possibilité devant moi, je l'étudie.
Et toi, Geoff? Les Etats-Unis, le Canada?
GW: Je crois que l'équipe la plus importante de ta carrière, c'est celle avec laquelle tu es dans le moment présent. Je fonctionne comme ça: tant que je suis à Lausanne, je veux que Lausanne progresse, je veux que les joueurs aient du plaisir à venir au travail. Ensuite, on verra. Ce que je peux te dire, c'est que je vis un des meilleurs moments de ma carrière ici à Lausanne. Je recommanderai cet endroit à toute personne qui me posera une question à ce sujet.
La famille sera importante dans votre choix futur? Geoff, si la prochaine offre c'est un club au Kazakhstan, en Suède, à Las Vegas ou en Chine, tu en parleras à qui avant de signer?
GW: J'ai 62 ans, j'espère que Lausanne est mon dernier club. J'ai appris à aimer la vie ici, je me plais ici et je n'ai pas encore beaucoup de temps. Je suis déjà en train de descendre la colline! Si je peux rester plusieurs années à Lausanne et fermer le livre ici, je serais très très heureux. Après, tout peut arriver, c'est la vérité. Tant que j'aime coacher, je vais continuer. Et pour répondre précisément à ta question, ma femme et mes enfants en sont arrivés à un point où ils ont compris (rires). Quand je suis à la maison l'été, après trois ou quatre semaines, ils me regardent l'air de dire: «Bon, l'entraînement recommence bientôt?» (rires). J'ai de la chance, ils me soutiennent énormément. Ils me rendent la vie facile. Les gens ne se rendent pas toujours compte des sacrifices que la famille doit faire pour qu'on puisse exercer ce job passionnant et très beau, mais très contraignant. Savoir qu'ils sont heureux et contents pour moi me rend la vie plus facile.
Ludo, quand tu vas aller en Arabie saoudite, tu le diras à ta femme avant ou après avoir signé le contrat?
LM: Si j'ai une offre qui m'intéresse, je vais en parler à ma femme, à mes parents et à des amis proches, qui me connaissent très bien, qui savent qui je suis. Et après, je prendrai la décision.
On en arrive à la délicate question des critiques... Ludovic, tu gères comment les «Magnin démission»?
LM: J'ai de la peine à comprendre, mais je commence à connaître ce sport... On a atteint tous les objectifs depuis que je suis revenu à Lausanne. La promotion immédiate, le maintien et aujourd'hui, à mi-chemin, le top 6. Mais il y a des pierres sur le chemin. Donc pour répondre clairement, je me dis que je dois changer l'opinion de ces gens.
Pour ta femme et tes enfants, c'est dur?
LM: Non. C'était plus un problème à Zurich qu'à Lausanne, sincèrement.
Pourquoi?
LM: Parce qu'ils étaient à l'école. Et puis il y avait la rivalité avec Grasshopper. Ici, quand ils viennent au match à Lausanne, ils se sentent bien, l'atmosphère au stade est agréable.
Murat Yakin a dit dans une interview à Blick qu'il avait dû changer sa fille d'école...
LM: Ca n'a jamais été jusque-là pour moi. Mais c'est sûr que ça forge un peu le caractère des enfants... Après, si ça dépasse les bornes, il faut intervenir. A Zurich, on a eu des moments sympas aussi, des gens qui déposent une bouteille devant chez toi quand tu as battu GC! Il y a des émotions dans les deux sens, mais tu sais une fois que tes enfants ont vu la voiture de police une fois devant la maison, ils sont vaccinés, il n'y a plus de problème ensuite.
Et en NHL, Geoff?
GW: Le sport génère des émotions, c'est comme ça. Tu dois avoir le cuir épais. Quand tout va bien, c'est super. Moi, c'est vite vu: pas de réseaux sociaux, pas de médias. Mais vraiment! Je ne suis au courant de rien. 0%. Après, quand il y a une conférence de presse ou un «media day», la personne en charge dans mon club me fait un briefing, me dit: «Voilà, ce sont les titres du moment en ce qui te concerne et en ce qui concerne le club, tu auras peut-être des questions à ce sujet», mais c'est tout. Je suis conscient que tu ne peux pas rendre tout le monde heureux. Les spectateurs paient leur billet, ils ont leur liberté de parole. Le plus important, c'est de prendre tes décisions sans être influencé par tout ce qui est extérieur. Et sincèrement, sans forfanterie aucune et très factuellement, c'est ce que je fais.
Geoff, il y a eu un entraîneur en particulier qui t'a inspiré?
GW: Oh, la question compliquée! J'ai pris le meilleur de différents coaches, ça fait partie de mon évolution. J'ai énormément observé les autres durant ma carrière, mais pas seulement dans le hockey. Tu peux prendre des petites choses au tennis, au football, à la gymnastique, au waterpolo... Après, vu que tu m'en demandes un, je vais te citer Dallas Eakins, avec lequel j'ai travaillé à Anaheim.
Qu'avait-il de spécial?
GW: Justement que lorsqu'il avait quelques jours de congé, il ne voulait pas aller voir des entraîneurs de hockey. Il allait passer une journée entière avec un coach de water-polo. Les conversations avec lui étaient passionnantes et je dois dire que j'ai énormément progressé dans mon approche grâce à lui.
Et pour toi, Ludo? Le nom qui sonne comme une évidence, c'est Lucien Favre, mais vous êtes tellement différents...
LM: Comme pour Geoff, tu rencontres tellement de personnes que tu t'inspires de toutes. Evidemment, Lucien, c'est très particulier, c'est l'entraîneur qui m'a donné ma première chance, qui connaît mes parents, qui vient du même village... Après, j'ai eu des références dans le football, mais c'est différent, parce que tu connais les gens et l'histoire derrière. J'ai eu Ottmar Hitzfeld ou Giovanni Trapattoni comme entraîneurs, évidemment que je peux m'inspirer d'eux, mais si je dois te citer une personne qui m'a inspiré, c'est Michael Jordan.
Pourquoi?
LM: Je ne connais pas l'homme, donc je ne suis pas influencé comme dans le football par ce que je sais de lui, je connais juste la personnalité publique, le côté «good guy» et «bad guy» que l'on connaît tous. J'ai d'ailleurs pris le numéro 23 à Brême à cause de lui. Et après David Beckham a pris le 23 à cause de moi, mais c'était moi le premier (rires)!
Équipe | J. | DB. | PT. | ||
---|---|---|---|---|---|
1 | Lausanne HC | 40 | 22 | 77 | |
2 | EV Zoug | 40 | 32 | 71 | |
3 | ZSC Lions | 36 | 34 | 70 | |
4 | SC Berne | 41 | 15 | 69 | |
5 | HC Davos | 39 | 19 | 66 | |
6 | EHC Kloten | 41 | -9 | 65 | |
7 | HC Fribourg-Gottéron | 40 | -1 | 61 | |
8 | Rapperswil-Jona Lakers | 40 | -6 | 56 | |
9 | EHC Bienne | 39 | -1 | 55 | |
10 | SCL Tigers | 40 | 0 | 54 | |
11 | HC Ambri-Piotta | 40 | -17 | 53 | |
12 | Genève-Servette HC | 39 | -10 | 50 | |
13 | HC Lugano | 39 | -23 | 48 | |
14 | HC Ajoie | 40 | -55 | 36 |