Les 10 vies de Valtteri Filppula
«Ce dont je suis le plus fier, c'est d'avoir pu jouer si longtemps»

Valtteri Filppula a tout gagné dans sa carrière. L'attaquant finlandais de Genève-Servette a ouvert son album photo pour Blick. Retracer un si long parcours en dix moments n'a pas été aisé mais, comme sur la glace, Valtteri Filppula s'en est très bien sorti.
Publié: 06.03.2024 à 11:42 heures
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Dernière mise à jour: 06.03.2024 à 11:51 heures
La Champions Hockey League est le dernier trophée que Valtteri Filppula a soulevé.
Photo: keystone-sda.ch
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Matthias DavetJournaliste Blick

Ouvrir l'album photo de Valtteri Filppula est un voyage dans le temps. Drafté en 2002 par les Red Wings de Détroit, le Finlandais a disputé 1222 matches de NHL dans sa carrière. Surtout, il a gagné presque toutes les compétitions auxquelles il a pris part: Coupe Stanley, Jeux olympiques, Mondial, National League et, dernièrement, Champions Hockey League.

Durant 35 minutes, le légendaire attaquant de Détroit a parcouru une dizaine de photos sélectionnées par Blick. Oui, il y a beaucoup de trophées et de médailles. Mais pas que. À commencer par une coupe de cheveux bien «années 2000».

2002

Drafté en NHL

Photo: Getty Images/NHLI

«Comment je me sens en voyant cette photo? Vieux (sourire). Et concernant ma coupe de cheveux, je tiens à préciser que c'était la mode à l'époque. Je ne sais pas si je le referais.

Je m'étais rendu à Toronto pour la draft en compagnie de mon agent et de cinq autres joueurs. Sauf que tous ont été sélectionnés avant moi. Ils voulaient sortir fêter ça, mais ils attendaient sur moi. Et j'ai finalement été drafté lors de l'avant-dernier choix de la première journée. On a donc pu tous célébrer ensemble.

Le soir, je suis allé manger avec le directeur sportif de Détroit et mon agent. Comme ils venaient de remporter la Coupe Stanley, elle était à côté de nous. Honnêtement, je ne pensais pas qu'un jour, je la soulèverais. C'était surtout un rêve. À l'époque, mon objectif principal était surtout d'intégrer l'équipe – même pas de gagner.

En ce temps, je ne suivais pas vraiment la NHL, à part le samedi car il y avait les highlights qu'on pouvait voir à la télévision. Je m'en fichais un peu par quelle équipe je serais drafté – je voulais juste avoir ma chance quelque part. Et après, tu regardes l'effectif et tu te dis: 'Okay, il n'y a aucune chance que je joue un jour pour cette équipe.'»

2003

Le développement en Finlande

Photo: Getty Images

«C'était un match d'exhibition contre Toronto à Helsinki et je m'en souviens bien car c'était excitant. Enfin, pas forcément pour eux, mais pour nous oui. Je pouvais voir où j'en étais. J'étais en confiance, mais c'était un match rude. Ça a été un bon réveil et le moyen de prendre conscience que j'avais encore un long chemin à faire pour jouer contre ces gars.

Après avoir été drafté, j'ai donc préféré rester à Jokerit, en Finlande. Mon agent en avait discuté avec Détroit et je sentais que je n'étais pas prêt pour la AHL. Au niveau du patinage et des compétences techniques, peut-être, mais pas physiquement. Cela m'a permis de bien m'entraîner en été et de réaliser de bonnes saisons avec Jokerit.

Après coup, c'est facile de dire que j'ai pris la bonne décision. Mais à l'époque déjà, j'étais 100% en accord avec cela. Je voulais vraiment être prêt avant de tenter ma chance outre-Atlantique.»

2005

1er match, puis 1er but en NHL

Photo: Imago

«C'est mon premier match en NHL? Le photographe a fait du bon travail (sourire) car je crois que j'ai joué 1'16 durant cette rencontre (ndlr: en réalité, 4'05). Certes, j'ai obtenu un assist mais j'ai aussi écopé d'une pénalité. Beaucoup de choses se sont passées durant cette rencontre.

Évidemment, c'était excitant d'être appelé pour ce premier match. On était en déplacement avec l'équipe de AHL. J'ai juste eu le temps de préparer mes affaires et de filer à l'aéroport, direction la Floride. Je suis arrivé à l'hôtel vers 2 heures du matin et j'ai tenté de dormir un peu.

J'étais un peu stressé mais tout était arrivé si vite. Je n'avais pas trop le temps d'y penser et c'était sans doute pour le mieux. Je me suis rendu à la patinoire, j'ai joué puis j'ai été renvoyé en AHL. Lors de ma première saison, je n'ai joué que quatre matches.

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Ah, mon premier but. Bien sûr que je m'en souviens. C'était vraiment un superbe moment. J'avoue que je l'ai revu de nombreuses fois après. Le puck du but, je l'ai toujours et il se trouve dans ma trousse de toilettes.»

2008

Vainqueur de la Coupe Stanley

Photo: imago sportfotodienst

«Je ne suis pas sûr d'avoir déjà vu celle-là (il sort son téléphone et la prend en photo). C'est un moment dont j'ai rêvé depuis si longtemps. Et puis, tout d'un coup, le rêve se change en objectif. Quand tu joues avec cette équipe de Détroit, tu sais que tu auras un jour ta chance.

Si c'est le meilleur moment de ma carrière? C'est difficile, car il y a aussi les Jeux olympiques. Mais si je ne devais en sélectionner qu'un seul, oui, ce serait quand je soulève la Coupe Stanley. Les JO, c'est un tournoi. Là, il faut d'abord jouer 82 matches de saison régulière, puis de longs play-off. Puis, juste après, on se sent vide. Épuisé, mais heureux en même temps. C'est vraiment un moment spécial.»

2009

Défaite en finale lors de l'Acte VII

Photo: NHLI via Getty Images

«Ah, l'une des défaites les plus rudes de ma vie. Quand tu te retrouves dans un acte VII, tu sais qu'il n'y a pas une grande différence entre les équipes. Même l'année d'avant, c'était déjà le cas entre Pittsburgh et nous. On avait juste réussi à être un poil meilleur.

Et cette année-là, c'est eux qui l'ont été. J’ai l’impression qu’à cause de notre victoire la saison précédente, ils en voulaient un peu plus que nous.

Bien sûr, c'est horrible de perdre. Mais savoir que nous avions déjà gagné l'année d'avant a aidé à digérer la défaite.»

2013

Départ pour Tampa Bay

Photo: Montage Blick

«Après huit ans dans le Michigan, je suis parti à Tampa. J'avais commencé à négocier avec les Red Wings au cours de la saison mais on n'a jamais trouvé de terrain d'entente pour mon contrat. Puis, Détroit a engagé Stephen Weiss – un joueur avec le même rôle que moi. Ma décision était alors prise.

Tampa a rapidement été intéressé, comme d'autres équipes. Mais je connaissais Steve Yzerman, le directeur sportif, de mon époque à Détroit. La décision était donc plus aisée. Bien sûr, on ne sait jamais ce qui va nous arriver dans une nouvelle équipe. Mais après coup, je peux dire que c'était une bonne décision. J'étais vraiment heureux là-bas et j'y ai d'ailleurs toujours un pied-à-terre.

Et c'est vrai que là-bas, en 2016, j'ai joué trois matches avec Tanner Richard. Je me souviens de lui et de Verms (ndlr: Joël Vermin). Évidemment, on n'a pas beaucoup évolué ensemble mais j'avais tendance à mieux me souvenir des Européens. Quand je suis arrivé à Genève, j'étais content de connaître des visages. D'ailleurs, je leur avais écrit quelques messages avant de débarquer ici.»

2020

Retour à Détroit et 1000e match

Photo: NHLI via Getty Images

«Avant mon retour à Détroit, j'ai d'abord été échangé à Philadelphie – une grande première pour moi. Tout s'est passé très vite. On devait jouer un match à Tampa le soir même. Je me suis réveillé de ma sieste d'avant-match et j'ai vu que j'avais deux appels en absence de Steve Yzerman. Je savais car il m'avait dit quelques jours auparavant qu'il allait tenter de me transférer. Ce n'était pas une surprise mais je me suis levé à 15h et, à 17h30, j'étais dans l'avion pour Philly.

Après un passage aux Islanders de New York, j'étais de retour à Détroit. J'étais heureux et excité. Quand je suis parti, je ne pensais pas forcément qu'un jour, je reviendrais. Mais au moment de partir de New York, j'étais en contact avec plusieurs franchises et Yzerman était de retour à Détroit – et il me voulait.

Sur la photo, c'est mon 1000e match de NHL. Si on avait dit au Valtteri Filppula de 2002 qu'il allait jouer autant de rencontres dans la meilleure Ligue du monde, il ne l'aurait sans doute pas cru. Je me sens extrêmement chanceux d'avoir pu jouer si longtemps. C'est probablement ce dont je suis le plus fier dans ma carrière.»

2021

Arrivée au bout du Léman

Photo: Keystone

«J'avais en tête que, si je devais revenir un jour en Europe, ce serait sympa d'aller en Suisse. Mon frère (ndlr: Ilari) a joué deux ans à Lugano et il en a toujours dit du bien. Comme j'étais déjà retourné en Finlande durant le lock-out de 2012, ce n'était pas une obligation de le refaire.

En Suisse, j'ai discuté avec quelques équipes. Mais Genève est une grande ville internationale. J'ai senti que ce serait un bon endroit. Je ne connaissais pas grand-chose au championnat et aux autres équipes mais Genève venait de jouer une finale. Je savais qu'il y avait un bon effectif et ça a fait une grande différence pour mon choix.»

2022

L'entrée au Triple Gold Club

Photo: imago images/ZUMA Press

«Les Jeux olympiques ont toujours eu une place spéciale dans mon cœur. Rien que de les jouer avec l'équipe nationale, mais aussi de pouvoir en être le capitaine… Ça signifie beaucoup pour moi.

J'avais déjà pris part aux JO de 2010 à Vancouver, mais je m'étais blessé avant Sotchi et je ne savais donc pas si j'aurais une nouvelle chance dans ma vie. Alors certes, si les joueurs de NHL avait été là à Pékin, ça aurait été totalement différent…

Beaucoup de choses se sont passées en 2022, puisque ma première fille est née le jour avant qu'on parte pour Pékin. J'étais donc tellement heureux.

Photo: imago/Bildbyran

Et puis, il y a eu le Mondial à la maison. C'était aussi spécial, surtout que lors des Jeux, il n'y avait aucun fan à cause du Covid. En Finlande, l'atmosphère était exceptionnelle. Les choses se sont bien passées et cela a rendu mon année 2022 encore plus mémorable et spéciale. Je le répète, mais je suis si fier de pouvoir encore jouer et d'avoir la chance de gagner des trophées – alors que je ne suis plus le plus jeune.

Oui, j'appartiens désormais au «Triple Gold Club» (ndlr: les joueurs qui ont gagné les Jeux, le Mondial et la Coupe Stanley). Je suis fier d'appartenir à ce club, surtout quand on regarde les autres noms.

Mais seul, on ne fait rien dans ce sport. J'ai eu de la chance de jouer dans de très bonnes équipes. Et j'ai donc toujours trouvé un peu stupide de mettre l'accent sur un seul gars.»

2024

Plus rien à gagner

Photo: Keystone

«Gagner ce premier titre en National League pour Genève, c'était incroyable. L'année précédente, on avait été bons mais il nous avait manqué un petit quelque chose. Après l'ajout de quelques joueurs, on a eu une bonne saison tout du long. Plus on vieillit et plus on apprécie les victoires.

C'était à nouveau spécial. Déjà pour l'équipe. Mais aussi pour tout le monde autour. Toute la ville était derrière nous et ce sont vraiment des bonnes sensations.

Photo: keystone-sda.ch

Honnêtement, je ne savais pas vraiment quoi penser de cette Champions Hockey League au début de la saison. Tu voyages, tu joues mais tu n'as pas vraiment de supporters derrière toi. Puis, avec les déplacements en Suède et en Finlande, on a pu comprendre que c'était spécial. En finale, c'était autant bruyant que lors de l'Acte VII contre Bienne.

Comment est-ce que, après avoir gagné tout cela, j'ai encore faim? Tu veux toujours gagner. Même quand tu es petit et que tu joues avec tes amis. C'est quelque chose que les athlètes ont en eux. Quand tu ressens pour la première fois ce sentiment, tu veux qu'il se reproduise à nouveau et c'est ce qui me pousse.

À 39 ans, je me rends compte que, chaque année, ma carrière se rapproche de sa fin. Mais dans le même temps, je continue à m'amuser. Je ne pense pas vraiment à la suite durant la saison. Et après, on verra comment ça se passe.

Si je peux finir ce championnat en bonne santé et que je veux continuer, je le ferai. Ou alors, j'arrête. Dans tous les cas, peu importe la décision, je suis arrivé à un point où je serai en paix. Et qui sait? Peut-être que je prendrai ma retraite, que je ferai du tennis et du golf et, qu'au bout d'un moment, je remarque que je m'ennuie et je veux remettre les patins.»

National League 24/25
Équipe
J.
DB.
PT.
1
ZSC Lions
ZSC Lions
27
32
58
2
HC Davos
HC Davos
31
26
57
3
Lausanne HC
Lausanne HC
30
9
56
4
EHC Kloten
EHC Kloten
31
0
53
5
SC Berne
SC Berne
30
17
52
6
EV Zoug
EV Zoug
29
16
46
7
SCL Tigers
SCL Tigers
29
3
41
8
EHC Bienne
EHC Bienne
29
1
40
9
HC Fribourg-Gottéron
HC Fribourg-Gottéron
30
-8
39
10
HC Ambri-Piotta
HC Ambri-Piotta
30
-19
39
11
Rapperswil-Jona Lakers
Rapperswil-Jona Lakers
31
-15
39
12
Genève-Servette HC
Genève-Servette HC
27
0
36
13
HC Lugano
HC Lugano
29
-22
36
14
HC Ajoie
HC Ajoie
29
-40
26
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