Une Coupe Stanley, un titre de champion de Suisse avec Zoug et une arrivée sur la pointe des lames du côté de la Vaudoise aréna. Si Christian Djoos réalise une première saison à Lausanne digne d'éloges, il passerait presque inaperçu sous ses nouvelles couleurs. Pourtant, le défenseur suédois compte déjà 26 points (4 buts et 22 assists) et s'est révélé être le nouveau patron de la défense lausannoise.
Après un entraînement, Christian Djoss a donné rendez-vous au restaurant de la Vaudoise aréna à Lausanne. L'arrière n'est, dans un premier temps, pas des plus loquaces. «C'est assez étrange de parler de soi, surtout en voyant de vieilles images», rigole-t-il. À mesure que l'interview avance, le Suédois se livre et se confie.
Au final, l'entretien a duré plus de 45 minutes avant que Christian Djoos ne quitte la table. «Je n'avais jamais fait cet exercice. Mais j'avoue que la sélection de photos était bonne. J'essaie de réfléchir s'il manque une étape marquante, mais je ne vois pas. On a bien fait le tour de ma carrière. Ca fait bizarre de se dire que je n'ai pas encore 30 ans en voyant tout ça, non? (rires).»
Après un entraînement, Christian Djoss a donné rendez-vous au restaurant de la Vaudoise aréna à Lausanne. L'arrière n'est, dans un premier temps, pas des plus loquaces. «C'est assez étrange de parler de soi, surtout en voyant de vieilles images», rigole-t-il. À mesure que l'interview avance, le Suédois se livre et se confie.
Au final, l'entretien a duré plus de 45 minutes avant que Christian Djoos ne quitte la table. «Je n'avais jamais fait cet exercice. Mais j'avoue que la sélection de photos était bonne. J'essaie de réfléchir s'il manque une étape marquante, mais je ne vois pas. On a bien fait le tour de ma carrière. Ca fait bizarre de se dire que je n'ai pas encore 30 ans en voyant tout ça, non? (rires).»
Joueur – et homme – discret, le Scandinave a pour l'heure slalomé entre les micros comme il le fait entre les attaquants adverses lorsqu'il remonte le puck: brillamment. Comme à Dmytro Timashov récemment, proposition lui a été faite de retracer sa carrière à l'aide de clichés des moments marquants. Il a volontiers joué le jeu. L'occasion d'en savoir plus sur Christian Djoos.
Les débuts à Brynäs, chez lui
«Ma transition des juniors aux adultes n'a pas été simple. Tout à coup, tu te retrouves face à des joueurs beaucoup plus rapides et beaucoup plus lourds que toi. Mais je pense que le timing de ce changement était le bon. J'avais 18 ans et j'ai pu bénéficier d'un encadrement de qualité. J'ai rapidement pu m'intégrer dans une équipe avec laquelle j'ai joué durant trois ans. Jouer pour Brynäs, le club de ma ville, ce n'était pas rien. Quand je repense à cette période et lorsque je revois les images de l'époque, je suis obligé d'avoir le sourire.
Quand tu grandis dans une ville et que tu te retrouves sur la patinoire devant tout ce monde et avec autant de visages connus dans les gradins, c'est très spécial. Je n'ai jamais réfléchi à jouer ailleurs en Suède que pour Brynäs. D'ailleurs après ma draft, j'y suis revenu sous forme de prêt pour une année. Aujourd'hui, le club est tombé en deuxième division et je ne sais pas de quoi l'avenir sera fait. Mais c'est trop tôt pour y penser. Peut-être que si je veux terminer ma carrière au pays, on sera à nouveau en Eliteserien?»
Deux saisons avec son mentor
«Durant mes trois saisons là-bas, un joueur m'a servi de mentor: Ryan Gunderson qui joue à Fribourg depuis de nombreuses années. En arrivant en Suisse, cela m'a fait plaisir de le croiser à nouveau. On a une dizaine d'années d'écart et lorsque je suis arrivé dans le hockey professionnel, il était le meilleur défenseur de l'équipe et l'un des meilleurs de la Ligue. J'ai essayé de m'inspirer de sa façon de travailler au quotidien et des manières de jouer aussi.
Il y a un aspect sur lequel je n'arrive pas à rivaliser avec lui, c'est le côté quasi martial de sa préparation. Il fait tout le temps la même chose aux mêmes heures. Il mange systématiquement les mêmes choses et ne commet jamais le moindre écart. C'est quasi impossible d'être comme lui, je crois. En tout cas, je ne voudrais pas ça (rires). C'est plus sur la glace que je tentais de suivre ses pas. Il a toujours été un excellent coéquipier et m'a toujours aidé à progresser sans jamais me voir comme une menace pour son temps de jeu. C'est ce que j'appréciais particulièrement chez lui. Et lorsque je vois sa carrière et le niveau qu'il a encore aujourd'hui, je suis impressionné.»
Un crève-cœur contre la Finlande
«Celle-ci, elle fait mal. Bon, j'avoue que c'est une photo parfaite pour illustrer ce match perdu en finale de championnat du monde M20 contre la Finlande. Mais je n'ai toujours pas digéré ce match. C'était une défaite difficile à encaisser. Est-ce que c'était la plus grosse déception de ma carrière? J'aurais tendance à dire que oui. Nous savions que c'était notre dernier match ensemble. Nous étions une génération talentueuse et une bonne équipe de hockey.
Nous avons encore de nombreux contacts. Certains sont en NHL, d'autres en Europe. Mais cette défaite nous a uni d'une manière assez particulière. Et le fait que ce soit contre la Finlande, cela a ajouté une couche à la douleur. Perdre un match, pour un Suédois, n'est jamais une option. Mais lorsque c'est la Finlande face à toi, c'est encore pire.
Depuis, je n'ai plus jamais disputé de tournoi avec mon équipe nationale. En un sens cela me manque. Je crois qu'à mon âge, c'est en train d'être trop tard. Cette année je n'ai pas été sélectionné du tout.»
Le grand saut en Amérique du Nord
«Après mon année de prêt en Suède, le plan était très clair pour moi. L'organisation de Washington voulait que je me développe durant deux saisons en AHL avec l'équipe de Hershey. Je n'ai donc pas été surpris de ne pas être directement intégré à l'équipe des Capitals. C'était important pour moi de savoir que le club savait où il voulait aller avec moi. C'était également bien de ne pas avoir à passer de la Suède à la NHL d'un point de vue personnel. J'ai pu m'acclimater de manière plus fluide à un nouveau mode de vie. Ce passage à Hershey m'a permis de me familiariser avec la culture, le mode de vie. Et comme homme, je pense avoir mûri énormément.
Au niveau du hockey, j'ai connu quelques frustrations dans un premier temps. Nous avions une équipe avec pas mal de vétérans. En un sens, c'était bien pour poursuivre mon développement, mais ils nous prenaient du temps de glace. En tant que jeune, tu veux toujours être sur la glace dans toutes les situations. Mais cela m'a appris la patience durant la première saison. Et comme le plan était clair, cela me permettait de ne pas m'impatienter trop. Ensuite j'ai pu disputer des matches importants, notamment en play-off. Je pense que ces années sous le maillot des Bears ont été parfaites dans mon développement et c'est aussi grâce à cela que je suis devenu le joueur que je suis aujourd'hui.»
Premier match en NHL et premier but
«Bien joué d'avoir trouvé la vidéo (rires). Quand je revois ce premier but, je me dis que le gardien ne devait pas être franchement content d'avoir pris ce but. Mais pour moi, c'était égal. Premier match et premier but, tu veux quoi de plus? Ma famille était dans les tribunes, cela a forcément ajouté quelque chose à ce moment particulier. Le puck est toujours présent à la maison quelque part. Je ne suis pas un grand collectionneur. Des fois, je me dis que je devrais l'être et que je regretterai un jour.
Cette photo juste après le but est chouette également. Cela me fait rire de voir Alexander Ovechkin sourire de la sorte et de sembler si content pour moi. C'est forcément l'un des moments les plus particuliers de ma carrière et je suis content de pouvoir en parler à nouveau. Ce n'est pas si fréquent.»
Washington et Alexander Ovechkin
«J'ai côtoyé beaucoup de bons joueurs. Mais lui, c'est encore autre chose. C'est une superstar. Et lorsque tu vis dans le même vestiaire que lui durant plusieurs saisons, tu comprends pourquoi il a été capable de jouer à ce niveau durant tout ces années. Il est capable de travailler avec une intensité folle absolument tous les jours. Il n'y a jamais de jour 'off' chez lui. Bien sûr, tous les hockeyeurs travaillent fort. Mais lui, c'est encore autre chose.
C'est un honneur de partager de nombreuses émotions avec une telle personne et de le voir évoluer au quotidien. Passé le premier moment où tu es intimidé par Alexander Ovechkin, ensuite cela devient juste un coéquipier… jusqu'au moment où il fait un truc exceptionnel sur la glace. Le voir de près était incroyable.»
Winter Classic
«Ce match est également gravé dans ma mémoire. Lorsque tu reçois ton calendrier en début de saison, il y a certaines dates qui sont plus importantes que d'autres. Et voir que nous avions un match en extérieur, cette saison-là, était incroyable. En général, tu ne sais pas forcément où tu joueras dans 10 jours. Une saison de NHL, il faut bien se rendre compte, c'est un tunnel de plusieurs mois dans lequel on entre. Mais le Winter Classic, c'est autre chose. C'est un instant suspendu dont tu te souviens toute ta vie.
D'ailleurs, je pense qu'avant d'avoir vécu une saison régulière de 82 matches, tu ne peux pas y être vraiment préparé. Je pensais l'être avant ma première, mais ce n'était pas le cas. Nous étions toujours en route sans forcément toujours savoir quelle heure il est en raison du décalage horaire. Il y a tellement de matches et de longs voyages en avion que les entraînements sont finalement assez rares. La régénération est capitale.»
Champion de NHL
«On ne dirait pas comme ça, mais elle est lourde, cette Coupe Stanley! Me revoir la gagner me donne des frissons. Ce qui me reste de cette victoire, c'est la manière dont nous avons su rester concentrés tout au long des play-off. Victoire ou défaite, cela ne changeait rien. Nous nous sommes imposées à Las Vegas lors du match No 5, mais nous étions prêts à revenir à la maison si nécessaire. C'est comme si rien ne pouvait nous arriver.
Alors forcément, je ne vais pas mentir. Tu t'endors un peu moins bien à la veille d'un match décisif pour gagner le championnat que pour un match du 14 décembre. Mais dans le même temps, le focus de tout le monde semblait être au même endroit. C'est quelque chose d'assez rare à vivre en groupe. C'était notre deuxième voyage à Vegas durant cette finale. Nous dormions au même hôtel. Nous avions tout fait pour traiter ce match comme un autre.
Et puis nous avons gagné et pu célébrer à Las Vegas. Il y a pire comme endroit pour gagner la Coupe Stanley, non? Nous sommes rentrés à Washington le lendemain. Une parade était organisée.»
Jour de fête à Gävle
«Oh elle est belle celle-ci (rires)! Lorsque tu gagnes la Coupe Stanley, tu as le droit d'en disposer une journée pour la montrer à tes proches et faire la fête. Comme j'étais coéquipier de Nicklas Backström, qui est également de Gävle, nous avions pu l'avoir durant deux jours. Nous sommes allées à la patinoire ensemble avec des fans. Cette photo a été prise à la maison où j'ai vécu jusqu'à mes 18 ans. Ensuite nous avons organisé une grande fête au restaurant du golf avec des gens de ma famille et des amis. C'était un beau moment pour remercier les gens qui m'ont aidé à atteindre ce rêve.
L'été suivant la Coupe Stanley ne ressemble à aucun autre été. Et c'est tentant de te laisser aller. Mais dans le même temps, lorsque tu es arrivé au sommet, tu veux y revenir le plus vite possible. Ce d'autant plus qu'en gagnant, tu apprends également à quel point c'est difficile.»
Passages à Anaheim et Détroit
«Je suis surpris qu'il existe des photos de moi avec Anaheim puisque j'y ai seulement joué une poignée de matches. Au moment où j'ai été transféré de Washington aux Ducks, je savais que cela allait arriver. Je ne jouais plus avec les «Caps» et j'avais envie d'aller ailleurs. La Californie était un endroit magnifique pour travailler et jouer avec d'autres Suédois. En un sens, cela m'a permis de me relancer.
Un transfert, ce n'est pas quelque chose d'anodin. On te donne une heure ou deux pour faire tes affaires et tu pars. J'étais à la fois excité de vivre quelque chose de nouveau et triste de quitter la vile où j'ai gagné un titre. Ma copine était en Suède, car je savais que nous allions bouger tout soudain. J'ai donc effectué le déménagement tout seul. La saison a ensuite été interrompue en raison du Covid. C'était assez irréel. Et lorsque j'ai recommencé, j'avais déjà changé d'équipe puisque j'ai rejoint Détroit.
Cette photo paraît irréelle avec des gradins vides. Ce n'est pas ce à quoi doit ressembler un match de hockey. Mais nous étions déjà contents de pouvoir jouer dans cette situation tout en pouvant rester en bonne santé. Il ne faut pas oublier que des gens mourraient ou étaient malades. Nous étions des privilégiés malgré les circonstances.
Lorsque tu joues à Détroit en tant que Suédois, tu as une responsabilité supplémentaire tant l'histoire entre cette franchise et mon pays est grande. Il y a eu de nombreuses légendes qui y ont joué et au pays, tout le monde suit les Red Wings. Je n'y suis toutefois resté qu'une saison, ma dernière avant mon retour en Europe.»
Retour en Europe, à Zoug
«Lorsque mon agent a sondé le marché suisse, il n'y avait pas forcément beaucoup de clubs intéressés. Mais nous avons rapidement ciblé Zoug. Les premières discussions ont rapidement été bonnes et cela me semblait être le bon timing pour rejoindre le EVZ. Je voulais jouer dans une équipe de haut de classement et le club, dans le même temps, voulait changer un peu de direction. Nous nous sommes trouvés au bon moment.
Ce n'est pas facile d'accepter de revenir en Europe lorsque tu as joué en Amérique du Nord. Il faut être convaincu de ton choix et je l'étais. Et lorsque tu gagnes le titre en fin de saison, c'est un bonus. C'est finalement comme mon départ. Je pense qu'après deux saisons, c'était le moment de passer à autre chose pour tout le monde. Peut-être que le club pense que c'est ma décision. Je pense peut-être que ce n'est pas la mienne. Mais au final, nous regardions peut-être tous dans une autre direction. Je ne regrette rien de ces deux années magnifiques là-bas. J'ai été des deux côtés de ce genre de décisions durant ma carrière.»
Arrivée à Lausanne
«Au moment où j'ai compris que cela n'allait pas durer avec Zoug, je me suis dit que je me plaisais en Suisse et que je souhaite y rester. Nous apprécions vraiment la vie ici avec ma compagne. Dès que nous avons eu une opportunité de rester, nous n'avons pas hésité un instant. Le niveau de jeu est excellent et les conditions de vie sont très bonnes. Pour avoir affronté Lausanne dans le passé, je savais que c'était une bonne équipe avec de bonnes infrastructures. Au moment de prendre la décision, nous sommes venus visiter un peu la région et nous nous y sommes bien plu.
J'ai signé pour deux ans à Lausanne. Comme je vais bientôt passer les 30 ans, je ne vois pas ces années comme un tremplin pour un retour en Amérique du Nord. J'y ai joué plusieurs années et je pense que les franchises ciblent des joueurs plus jeunes. Ce n'est en tout cas pas dans mon esprit en ce moment.
Je me plais dans cette nouvelle vie et je suis content de participer à cette bonne saison du Lausanne HC. Tout au long de la saison, nous avons progressé et sommes devenus une équipe difficile à manoeuvrer. Nous allons désormais commencer la partie intéresssante du championnat et je m'en réjouis terriblement.»
Équipe | J. | DB. | PT. | ||
---|---|---|---|---|---|
1 | HC Davos | 23 | 25 | 46 | |
2 | Lausanne HC | 23 | 12 | 45 | |
3 | ZSC Lions | 21 | 22 | 43 | |
4 | SC Berne | 24 | 13 | 39 | |
5 | EHC Kloten | 23 | 4 | 38 | |
6 | EV Zoug | 23 | 18 | 38 | |
7 | EHC Bienne | 23 | -2 | 34 | |
8 | Rapperswil-Jona Lakers | 23 | -8 | 31 | |
9 | HC Lugano | 21 | -15 | 28 | |
10 | HC Fribourg-Gottéron | 23 | -12 | 28 | |
11 | HC Ambri-Piotta | 21 | -12 | 27 | |
12 | SCL Tigers | 21 | -7 | 26 | |
13 | Genève-Servette HC | 19 | -3 | 24 | |
14 | HC Ajoie | 22 | -35 | 18 |