«L’arrivée de Nicolas avait été accueillie avec enthousiasme. Et là, c’est la déconvenue.» La confession vient d’un directeur de jeu préférant garder l’anonymat pour des raisons évidentes. Lundi, Swiss Ice Hockey a annoncé que la fédération et Nicolas Fluri, chef du département de l’Officiating «prenaient des chemins différents». Une décision qui a surpris plus d’un arbitre en poste. «Choqué, mais pas surpris, confirme une autre source. Cela fait depuis décembre qu’il était en arrêt maladie. Nous sentions venir son départ.»
Le départ du Romand est un coup dur pour un milieu particulièrement chahuté. Et pas que pour les arbitres. C’est le CEO Martin Baumann qui va reprendre le poste ad intérim. «Le département présente différents défis, admet le dirigeant. Ce que je déplore, c’est que l’arrivée de Nicolas avait provoqué une énergie positive. Mais en raison de ses problèmes de santé, nous avons trouvé une solution consensuelle pour qu’il ne soit plus lié contractuellement.»
Un département compliqué
Il y a eu l’ère Andreas Fischer qui ne s’est pas terminée uniquement par des réactions positives tant sur la gestion humaine que technique des directeurs de jeu. L’arrivée de Nicolas Fluri, un ancien arbitre et un homme du sérail, était synonyme de lumière au bout du tunnel. «Après quatre ou cinq ans de gestion chaotique, on voyait cela comme une bonne chose», précise l’une de nos sources. Une remarque à laquelle se doit de réagir Martin Baumann. «Je pense que le domaine de l’arbitrage a vécu des moments difficiles, mais je pense aussi qu’il y a eu de bonnes choses. Il faut voir ça comme un tout. Il y a les relations avec les dirigeants, avec les autres fédérations et aussi les ligues inférieures ou juniors.»
Les premiers mois du mandat de Nicolas Fluri ont validé ce vent frais bien que le Romand ne soit pas arrivé en terrain conquis pour autant. Surtout que le poste semblait devoir revenir à Philipp Rytz, l’ancien défenseur. La nomination de Fluri a été suivie d’une période d’absence prolongée pour l’ex-joueur de Langnau et Fribourg pour des raisons de santé. «Comme le successeur d’Andreas Fischer n’était pas encore là, nous avons été en autogestion durant toute la préparation, précise un autre arbitre sondé. Et le plus drôle? Cela a très bien fonctionné, car pour la première fois depuis longtemps, le rôle de l’arbitre a été remis au cœur du débat au lieu de la politique.»
Mais visiblement, Nicolas Fluri n’avait pas que des appuis. «Il a essayé de mettre des choses en place, détaille un autre interlocuteur. Mais quand il disait d’aller à gauche, certaines personnes devant appliquer ses volontés allaient systématiquement à droite.» Lutte de pouvoir? Frustration de ne pas avoir été sélectionné?
Construire des ponts
Pour l’heure, c’est donc toujours une navigation «à vue» dans laquelle se trouve le domaine de l’arbitrage suisse. Philipp Rytz fait de son mieux pour gérer l’absence de Nicolas Fluri qui remonte à mi-décembre. «Mais il n’a pas forcément toutes les clés de compréhension pour gérer une équipe, nous précise un arbitre de juniors. Même techniquement, on se demande s’il n’a pas quelques lacunes au niveau du règlement.» Martin Baumann veut créer un dialogue apaisé. «Philipp est confronté au défi de s'établir en tant qu'ancien joueur dans un environnement d'arbitres, mais il apporte une perspective précieuse. Dès ce mercredi une séance est prévue pour tenter de donner une vision commune. Je crois fermement dans ma capacité à créer des ponts entre les gens.»
Dès aujourd’hui, c’est donc le CEO de Swiss Ice Hockey, Martin Baumann, qui va mettre sa casquette de bâtisseur pour tenter de remettre un peu d’ordre à titre intérimaire avant de nommer le successeur de Nicolas Fluri. «Le mot le plus important, pour moi, c’est la stabilité. C’est important de retrouver un certain calme surtout au moment où les play-off approchent à grands pas.» Une volonté qui semble partagée par toutes les personnes impliquées. De quoi voir la suite avec optimisme? «Je le suis», remarque Martin Baumann dont la volonté de créer un dialogue constructif paraît forte.
Absence de feedback
Dire que son arrivée ne se fait pas dans un climat apaisé est un euphémisme. «Ces derniers mois, nous n’avons jamais reçu de retour sur nos performances, précise un arbitre de National League. Ai-je fait une erreur? Ai-je été bon? Je ne sais jamais. Et parfois, nous devons encadrer des arbitres étrangers qui ne sifflent pas de la même manière que nous. Cela donne des situations qui pourraient être cocasses. Mais nous parlons d’une ligue professionnelle. Ce n’est pas acceptable.»
Désormais, ce sont deux hommes en poste qui n’ont pas un passé d’arbitre. «Je conçois que ce puisse être un challenge, mais je suis responsable à titre intérimaire et c’est important pour moi de réussir à donner une ligne claire aux arbitres.» Martin Baumann va ensuite se mettre à la recherche d’un responsable de l’arbitrage en Suisse. «Qui n’a pas besoin d’être un ancien directeur de jeu, précise-t-il. La question que nous devons nous poser est: Qui parmi le binôme doit être le gourou des règlements? Nicolas Fluri était très bon dans ce rôle, tandis que Philipp Rytz est peut-être meilleure dans les relations avec les dirigeants. Nous allons réexaminer et remettre en question les compétences afin de pouvoir prendre de meilleures décisions lors des nominations futures.»
Une décision qui sera très attendue comme l’était celle de Nicolas Fluri, d’ailleurs. En espérant que le soufflé ne retombe pas après six mois, cette fois-ci.
Équipe | J. | DB. | PT. | ||
---|---|---|---|---|---|
1 | Lausanne HC | 46 | 30 | 90 | |
2 | ZSC Lions | 45 | 37 | 85 | |
3 | EV Zoug | 46 | 34 | 79 | |
4 | SC Berne | 46 | 17 | 78 | |
5 | HC Davos | 45 | 19 | 76 | |
6 | HC Fribourg-Gottéron | 45 | 2 | 72 | |
7 | EHC Kloten | 46 | -16 | 68 | |
8 | SCL Tigers | 46 | 6 | 66 | |
9 | HC Ambri-Piotta | 45 | -14 | 62 | |
10 | EHC Bienne | 45 | -5 | 61 | |
11 | Rapperswil-Jona Lakers | 46 | -13 | 61 | |
12 | Genève-Servette HC | 45 | -13 | 57 | |
13 | HC Lugano | 46 | -24 | 57 | |
14 | HC Ajoie | 46 | -60 | 45 |