Genève s'en sort par miracle
Jan Cadieux: «À 0-4, je n’ai jamais pensé que mes joueurs m’abandonnaient»

Après un match riche en rebondissements contre Ambri, l’entraîneur de Genève-Servette, Jan Cadieux, est revenu sur ses émotions lors d'une soirée qui s'est bien terminée après un départ chaotique.
Publié: 25.11.2024 à 23:36 heures
Jan Cadieux, coach de Genève-Servette, est passé par tous les états d'âme.
Photo: keystone-sda.ch
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Grégory BeaudJournaliste Blick

Jan Cadieux, entraîneur de Genève-Servette, est passé par toutes les émotions lors de ce match à rebondissements. Menés 0-4 après le premier tiers, ses joueurs ont trouvé les ressources pour arracher une victoire inattendue en prolongation grâce à Michael Spacek. Entre doutes personnels, décisions stratégiques et gestion des émotions, le technicien revient avec lucidité sur une soirée durant laquelle il ne s'est jamais senti abandonné par ses joueurs. Même au plus fort de la tempête.

Jan, ce soir, on parle d’un point perdu ou de deux points gagnés?
On va dire deux points de gagnés.

Vous étiez pourtant menés 0-4 après le premier tiers. Que dis-tu à tes joueurs pour éviter une débâcle?
Franchement, je ne me souviens pas précisément de ce que j’ai dit. Je sais seulement que je ne me suis pas énervé. On est revenu à 4-2, grâce au powerplay, j’ai insisté sur l’importance de marquer le troisième but. Après, je leur ai dit que c’était un nouveau match qui commençait. La seule chose qu'il y avait à leur dire, c'était d'oublier ce qu'on avait fait pendant ces 20 minutes et de regarder de l'avant.

Quand un match bascule comme ça, comment gardes-tu les idées claires sur le banc?
Ce n’est pas simple, mais c’est notre rôle. On doit apporter de la sérénité et rester calmes. C’est aussi pour ça qu’on a changé de gardien. Ce n’était pas pour punir Robert Mayer, mais pour permettre à l’équipe de reprendre ses esprits sans utiliser notre temps mort.

À quel moment as-tu senti que c'était possible de revenir dans ce match?
Dès qu’on a marqué ces deux buts en power-play à la fin du premier tiers pour revenir à 4-2. Il restait 1'40'' en supériorité, et j’étais convaincu qu’on pouvait en mettre un troisième. Même si ça ne s’est pas passé comme je l’espérais, à ce moment-là, j’étais confiant. Et même à 4-0, tu sais j'ai vu beaucoup de choses dans ma vie même si, peut-être, à ce moment j'espérais plus que je n'y croyais. Mais à 4-2, c'était différent.

Après dix minutes compliquées, tu ressens quoi? Est-ce que tu te dis que les joueurs t’abandonnent?
Honnêtement, je me suis surtout demandé ce que j’avais mal fait ce matin. Je me pose des questions. Je réfléchis où je m’étais trompé dans la préparation. Mais penser que mes joueurs m’abandonnent? Non, ce n’est pas du tout mon état d’esprit, et ça ne m’a jamais traversé l’esprit. À ce moment-là, je m’en voulais à moi. Je me disais: «Qu’est-ce que j’ai fait de faux pour qu’on se retrouve dans cette situation?»

Donc, à 4-0 après 16 minutes, tu t’en veux plus à toi-même qu’à tes joueurs?
Oui, absolument. Si l’équipe n’est pas prête, c’est que j’ai fait quelque chose de faux.

Par contre, tu as aussi dû faire quelques bonnes choses pour revenir dans ce match.
À la fin, on gagne et on perd en équipe, toujours.

Ce match, avec ses hauts et ses bas, ressemble à d’autres que vous avez joués récemment. Il y a eu Langnau avec un début très difficile avant une victoire, un match solide contre Berne, et ce soir, encore des moments compliqués. Ces «sautes d’humeur» dans un match, est-ce que tu peux les corriger?
Oui, c’est clair qu’il y a moyen. Mais c’est quelque chose qu’on doit apprendre, et pour l’instant, on a de la peine à le faire. Les soirs où ça ne va pas, ou quand c’est plus compliqué, il faut savoir faire le dos rond pendant cinq minutes et jouer simple. Ce n’est pas sexy, ce n’est pas beau, mais pour gagner, il faut parfois passer par là. C’est une question d’humilité: savoir reconnaître nos limites et comprendre où on en est dans le match. C’est un apprentissage. Depuis le banc, on doit apporter de la sérénité, et sur la glace, les joueurs doivent se dire: «Maintenant, je fais quelque chose de simple pour l’équipe.» Ce soir, on a encore vu des moments où, même quand on joue bien, on se découvre et on prend des risques inutiles. C’est ce qui nous manque.

C'était ton message dans le vestiaire à l'instant?
Non. Je leur ai surtout dit qu'ils étaient tous assez intelligents pour savoir dans quelle situation nous nous sommes mis. On doit surtout prendre conscience qu'il n'est pas possible de faire cela tous les soirs, sinon on va se griller.

Après ce match, est-ce que tu vas revoir ces dix premières minutes en vidéo avec tes joueurs?
Non, je ne vais rien leur montrer. Ce match, on le met derrière nous, on n’en discute même pas. Mais moi, honnêtement, à cet instant je n'ai plus jamais envie de revoir ça. Mais dans deux ou trois heures, en arrivant à la maison, je vais le regarder à nouveau. Pas parce que j’en ai envie (rires). Mais parce que je dois comprendre ce que j'ai fait de faux. Je vais sûrement me faire du mal.

Tu penses que tu vas réussir à dormir après ça?
Je ne te garantis rien…

National League 24/25
Équipe
J.
DB.
PT.
1
HC Davos
HC Davos
23
25
46
2
Lausanne HC
Lausanne HC
23
12
45
3
ZSC Lions
ZSC Lions
21
22
43
4
SC Berne
SC Berne
24
13
39
5
EHC Kloten
EHC Kloten
23
4
38
6
EV Zoug
EV Zoug
23
18
38
7
EHC Bienne
EHC Bienne
23
-2
34
8
Rapperswil-Jona Lakers
Rapperswil-Jona Lakers
23
-8
31
9
HC Lugano
HC Lugano
21
-15
28
10
HC Ambri-Piotta
HC Ambri-Piotta
22
-13
28
11
HC Fribourg-Gottéron
HC Fribourg-Gottéron
23
-12
28
12
Genève-Servette HC
Genève-Servette HC
20
-2
26
13
SCL Tigers
SCL Tigers
21
-7
26
14
HC Ajoie
HC Ajoie
22
-35
18
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