Gaëtan Haas voit le bout du tunnel
«Avec cette commotion, j'ai oublié ce que c'était d’être normal»

Cela fait plus de trois mois que Gaëtan Haas n'a pas été en mesure de chausser à nouveau les patins. Sévèrement commotionné, le capitaine du HC Bienne est passé par des moments sombres. Aujourd'hui, il remonte la pente. Interview.
Publié: 12:07 heures
Gaëtan Haas n'a disputé que cinq matches cette saison.
Photo: Getty Images
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Grégory BeaudJournaliste Blick

C'est un coup de coude de Dario Allenspach qui lui a fait voir les étoiles. «Sur le moment, je n'avais pas l'impression que c'était si grave», nous a-t-il confié. Mais le coude de l'attaquant des Langnau Tigers a laissé des traces. «J'ai fait la toupie», image-t-il. Et au moment où il a arrêté de tourner, la tête, elle, a continué de lui donner des vertiges. Le diagnostic est évident: une commotion cérébrale. Le problème? Le processus de guérison peut être très court comme particulièrement long.

Et Gaëtan Haas se trouve en plein dans cette bataille contre lui-même. Une impatience qui l'a rongé. «Mais je suis sûr que cela va m'aider plus tard, que ce soit dans le hockey sur glace ou dans ma vie de tous les jours», admet-il. S'il est aujourd'hui visiblement serein et prêt à accepter que tout n'ira pas aussi vite qu'il le souhaite, cela n'a pas toujours été le cas. C'est finalement durant un voyage en solitaire à Majorque qu'il a accepté son sort. Ce périple insulaire a constitué le premier pas vers la guérison. Interview.

Gaëtan, je parie que tu en as marre de répondre à cette question, mais je suis obligé de te la poser. Comment ça va?
Oui, ça va bien dans la vie normale. J’ai vraiment eu un gros coup de moins bien mi-novembre. Mentalement, on va dire que ça n’allait pas. Mais maintenant, ça va beaucoup mieux. Mon état mental est bon, ma vie en dehors du hockey va de nouveau plus ou moins bien. Par contre, c’est plus sur le plan sportif que ça coince encore, même si je fais des progrès. Je commence à voir du positif, que ce soit à court ou à long terme. Mais je ne peux pas encore vraiment me projeter.

Ce moment de moins bien, c’était lié à quoi?
Je pense que je n’ai pas pris assez de temps pour moi au début. J’ai voulu revenir le plus vite possible, comme je l’ai toujours fait. J’ai poussé et poussé jusqu’à ce que je me prenne un mur. Là, j’ai réalisé que ça n’allait pas, que même ma vie quotidienne n’était plus normale. J’ai dû prendre des décisions et aller chercher de l’aide auprès des bonnes personnes. Ça a été compliqué pendant une ou deux semaines, mais après, j’ai assez vite remonté la pente mentalement. Grâce à ma famille, mon équipe, ma femme, j’ai retrouvé un équilibre.

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Grâce à ma famille, mon équipe, ma femme, j’ai retrouvé un équilibre.
Gaëtan Haas, capitaine du HC Bienne
»

Tu dis que ta vie quotidienne n’était plus normale. Comment cela se manifestait?
En fait, j’ai recommencé trop tôt. Après une semaine à la maison, peut-être dix jours, j’étais déjà sur le vélo. J’ai repris la glace et fait trois semaines intensives tout seul avec le coach assistant. Je voulais me prouver que j’allais bien, mais les symptômes étaient là et je pense que je me mentais à moi-même. À ce moment-là, je ne savais même plus ce que c’était d’être ‘normal’. Je me posais sans cesse des questions: est-ce que je vois bien? Est-ce que j’ai mal à la tête? Est-ce que ça me fatigue? Ces questions m’obsédaient, et je n’avançais plus.

Et aujourd’hui, tu arrives à redéfinir ce que c’est d’être normal?
Oui. Quand tu ne te poses plus ces questions, c’est que ça va mieux. J’ai fait un gros travail sur moi. Ces questions, je ne me les pose plus dans la vie quotidienne. Par contre, elles reviennent quand je fais du sport, parce que ça fait partie du protocole: les physios te demandent toujours si les symptômes augmentent après tel ou tel exercice.

À un moment, tu t’es demandé si tu allais pouvoir rejouer?
Oui, bien sûr. Cette question, je me la suis posée. Mais j’ai appris qu’elle ne sert à rien tant qu’on ne peut pas y répondre. Kevin Lötscher (ndlr ancien joueur, auteur du livre «Glace Noire»), que j’ai appelé, m’a dit quelque chose de très juste: tant que tu n’es pas devant le fait accompli, pourquoi te poser cette question? Ça ne fait que te tirer vers le bas. J'ai arrêté de le faire et depuis, je vais mieux.

Tu as mentionné un moment où tu as craqué. Tu peux nous en parler?
Oui, c’était un jour où je suis arrivé à la patinoire et j’ai dit: «Je dois partir, sinon ça va mal finir.» Là, j’ai eu un soutien incroyable de tout le monde. Personne ne m’a posé de questions. Tout le monde m'a dit: «Ok, casse-toi» (rires). Ce vendredi-là, on est partis à Séville avec ma femme pour le week-end. J’étais un peu un fantôme, mais ça m’a aidé. Ensuite, je suis reparti seul trois jours. C’était une première pour moi. Mon coach mental, qui est aussi psy, m’a poussé à le faire même si cela m'inquiétait. Pendant ces trois jours, j’ai évité mon téléphone, j’ai réfléchi, appelé des gens importants pour moi, et lu le livre de Kevin. Ça m’a permis de me recentrer.

Où es-tu allé pour ces trois jours?
À Majorque. C’était un peu improvisé. J’ai choisi une destination où j’étais déjà allé avec ma femme, il y a deux ans, pour ne pas être complètement dans l’inconnu. J'avais quelques repères au moins. Ces trois jours m’ont fait beaucoup de bien. J'ai décidé de me couper un maximum de tout afin de me retrouver seul avec moi-même. En revenant, j’ai intensifié mes séances avec mon coach mental.

Aujourd’hui, tu dis voir le bout du tunnel. Qu’est-ce que ça signifie concrètement?
Quand je pense à l'état dans lequel j'étais il y a deux mois, je vois déjà un grand chemin parcouru. Me sentir bien dans la vie normale, revoir mes priorités... Avant, je pensais à ma santé, mais sans vraiment y donner la place qu’elle mérite. Maintenant, je sais que sans la santé, cela ne sert à rien de vouloir revenir. Je ressens moins de symptômes et je peux refaire un peu plus de sport. Je me rapproche doucement du moment où je pourrai retourner seul sur la glace.

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Quand je pense à l'état dans lequel j'étais il y a deux mois, je vois déjà un grand chemin parcouru.
Gaëtan Haas, capitaine du HC Bienne
»

Tu ne fixes plus de date pour ton retour?
Non, j’ai arrêté. Je le faisais tout le temps au début, mais ça ne faisait qu’ajouter de la pression. Personne ne me mettait de pression pour revenir, mais moi, je voulais aider l’équipe, jouer mon rôle de capitaine. Et finalement, je me suis rendu compte que je me mettais trop de pression tout seul. Aujourd’hui, on avance pas à pas, avec une approche plus structurée et mieux organisée. Ça me permet de voir les progrès et de rester positif.

National League 24/25
Équipe
J.
DB.
PT.
1
Lausanne HC
Lausanne HC
39
21
75
2
EV Zoug
EV Zoug
40
32
71
3
ZSC Lions
ZSC Lions
36
34
70
4
SC Berne
SC Berne
40
16
68
5
HC Davos
HC Davos
39
19
66
6
EHC Kloten
EHC Kloten
41
-9
65
7
HC Fribourg-Gottéron
HC Fribourg-Gottéron
40
-1
61
8
Rapperswil-Jona Lakers
Rapperswil-Jona Lakers
40
-6
56
9
EHC Bienne
EHC Bienne
39
-1
55
10
SCL Tigers
SCL Tigers
40
0
54
11
Genève-Servette HC
Genève-Servette HC
38
-7
50
12
HC Ambri-Piotta
HC Ambri-Piotta
39
-21
50
13
HC Lugano
HC Lugano
38
-26
45
14
HC Ajoie
HC Ajoie
39
-51
36
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