Christian Dubé et Fribourg Gottéron en mue
«Si je n'étais pas à 100% concerné, je serais parti»

Le Québécois repart pour un tour à la barre de Fribourg Gottéron. Christian Dubé demeure convaincu de sa place en tant que coach des Dragons même s'il va perdre sa casquette de directeur sportif en fin de saison. Interview à une semaine de la reprise.
Publié: 05.09.2023 à 12:06 heures
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Dernière mise à jour: 05.09.2023 à 12:35 heures
Chrisitan Dubé a dû laisser tomber une de ses caquettes.
Photo: PIUS KOLLER
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Grégory BeaudJournaliste Blick

Flashback. Le soir de l'élimination en pré-playoff face à Lugano au printemps dernier, Christian Dubé lâche qu'il n'est pas certain d'être de retour à la bande pour la saison à venir. Sous le coup de l'émotion et surtout de la déception, l'entraîneur de Fribourg Gottéron laisse planer un certain doute sur son futur. À 10 jours de la reprise, il est toujours à la bande des Dragons et, à l'écouter, il est toujours autant motivé.

Pourtant, le Québécois a vécu un été compliqué. Il a dû céder une de ses casquettes, celle de directeur sportif. Son successeur sera nommé en fin d'année et prendra ses fonctions au plus tard le 1er mai prochain. C'est dans ce contexte que Christian Dubé prépare la saison à venir en tentant de rester le plus serein possible. Interview.

Christian, tu nous disais à Lugano que tu pensais peut-être quitter le club. Cette réflexion a-t-elle vraiment été poussée durant l'été?
Je ne dirais pas que les deux semaines après l'élimination, c'était la joie. J'étais assez atteint parce que je suis une personne entière. Il n'y a pas de demi-mesure avec moi. Soit je suis in, soit je suis out. Je me posais beaucoup de questions sur la suite à donner à ma carrière. Qu'est-ce que je fais ici? Est-ce possible de continuer ainsi?

Visiblement la réponse a été oui...
Si je n'avais pas le feu sacré et si je n'étais pas impliqué à 100% dans le club de Fribourg Gottéron, je serais parti. La réponse a été oui, car je suis aussi un gars qui se remet rapidement à aller de l'avant. Je suis vite en bas, mais je suis également vite en haut. Il faut aussi comprendre la position du double mandat. Lorsqu'il y a un échec, tout le monde te fusille de tous les côtés. À Fribourg surtout, parce que c'est très émotionnel. Les gens ont beaucoup d'attentes, ce qui est normal. Après un peu de réflexion, tout s'est un peu calmé autour de moi et je ne me voyais pas arrêter.

Tu n'arrêtes pas, mais il y a un changement à venir avec l'arrivée de quelqu'un au poste de directeur sportif. Comment vis-tu cela?
Cela va être intéressant. Je suis très à l'aise avec la situation, sinon je n'aurais pas accepté ce changement. Cela me rend très serein, car j'ai confiance en l'organisation qui va choisir quelqu'un de très compétent et cela devrait bien fonctionner avec moi. En tant que coach, je sais très bien que ce sont les résultats qui décident si je reste ou pas. Mais je suis très confiant.

Tu auras ton mot à dire pour désigner ton successeur?
Je ne pense pas. Des gens m'ont écrit pour m'envoyer leur dossier. C'est un petit monde où tout le monde se connaît. Mais je ne pense pas qu'ils vont me demander de faire le choix.

Tu dis avoir beaucoup réfléchi et que le club a fait beaucoup d'analyses. Tu arrives à nous expliquer ce processus?
Il y a des erreurs que nous ne devons pas commettre à nouveau. J'espère avoir appris, moi aussi. Nous ne pouvons pas nous cacher et devons admettre qu'il y a des choses à améliorer. L'arrivée de Patrick Emond comme assistant est une des mesures. C'est quelqu'un de primordial pour moi. Aujourd'hui, il y a tellement de travail individuel avec les joueurs que c'était inévitable d'engager un deuxième assistant. Sa voix va faire du bien. Il est là pour apporter de nouvelles idées. Et nous essayons de travailler sur la culture de la gagne. Cela prend du temps et ce n'est pas facile d'apprendre à avoir du succès. Il faut des échecs pour rebondir. C'est pour cela que j'essaie de faire venir des joueurs qui ont gagné par le passé.

Au quotidien, cela apporte vraiment quelque chose, cette fameuse culture de la gagne?
C'est un travail de tous les jours. Quand tu viens à la patinoire, tu dois aimer ce que tu fais. Être passionné. Tu dois être heureux de t'entraîner et savoir pourquoi tu es là. Pour t'améliorer et pousser tes coéquipiers à être meilleur jour après jour. Ceux qui savent ce qu'il faut faire pour arriver au sommet peuvent servir d'exemple pour ceux qui n'y sont jamais arrivés. Tu connais les sacrifices à faire. Je pense que lorsque tu n'as pas cette expérience, ce n'est pas forcément facile de t'imaginer ce qu'il faut faire. Je veux ajouter des joueurs dans le vestiaire qui vont challenger les gars en place.

Comment cela se traduit?
Cela commence par prendre soin de soi, bien manger, se reposer. Tout plein de petites choses qu'on veut implémenter. Je vais te donner un exemple tout bête. À mon époque, il y avait toujours une caisse de bière au milieu du vestiaire après le match. Et elle était rapidement vide et nous en redemandions une. Aujourd'hui, il en resterait systématiquement, car les gars savent que la récupération est importante. Lors des jours de congé, les gars viennent à la patinoire. Donc oui, je vois une amélioration. Je suis conscient que mon exemple, c'est une connerie. Mais au final, c'est une multitude de petits détails qui vont faire la différence d'un côté ou de l'autre.

Parmi ces joueurs, il y a Chris DiDomenico. Tu l'as retrouvé après une année à Berne. Il a changé?
Euh (il rigole). Pas vraiment. Je ne sais pas quoi dire. «DiDo» c'est «DiDo». Il est toujours le même. Je suis très enthousiaste. Je vois un gars un peu différent en un sens, car lorsqu'il est arrivé la première fois ici, il ne savait pas trop où il arrivait. Aujourd'hui, il est directement dans son élément et se sent très à l'aise. À l'époque, l'équipe ne savait pas sur quel pied danser avec lui. On avait entendu tellement de choses sur son passage à Langnau. Là, tout le monde est super content de le revoir. Ça va bien aller.

"Quand tu viens à la patinoire, tu dois aimer ce que tu fais. Être passionné. Tu dois être heureux de t'entraîner et savoir pourquoi tu es là."

Il fait partie de ce changement d'état d'esprit que tu souhaites?
Oui, car on est déjà plus fort sur la glace. Ça brasse aussi un peu plus. Et puis les gars comme Wallmark ou Borgman trouvent gentiment leurs marques. Je pense que nous aurons une équipe plus vivante que la saison dernière. Fribourg fonctionne à l'émotion et doit vouloir jouer avec le puck. C'est ce qui fait notre force. Patrick Emond va nous apporter de nouvelles options tactiques. C'est un coach qui a eu du succès par le passé tant au niveau junior qu'en première équipe avec Genève.

Ton équipe est souvent qualifiée de vieillissante...
(il coupe) Ryan Gunderson a 38 ans. C'est mon gars le plus en forme. Et si tu regardes, tous les joueurs que nous avons rajoutés sont plus jeunes. La moyenne d'âge baisse. Tu peux avoir un type de 25 ans totalement hors de forme et un autre comme Gunderson qui est toujours autant fit. Si l'on analyse nos quatre dernières années, j'ai l'impression que nous sommes plutôt une formation du haut de classement et pourtant chaque année, on me dit que mon équipe est vieillissante. 

Ça t'énerve?
Je vois plutôt ça comme un discours de mauvaises langues. Si mon équipe ne tient pas la distance et perd à chaque fois en fin de match, on peut discuter. Mais ça n'a pas été le cas. Nous manquons les play-off pour un point. Ce point a-t-il été perdu à cause de notre moyenne d'âge? Je ne pense pas.

National League 24/25
Équipe
J.
DB.
PT.
1
HC Davos
HC Davos
30
28
57
2
ZSC Lions
ZSC Lions
26
31
55
3
Lausanne HC
Lausanne HC
29
7
53
4
EHC Kloten
EHC Kloten
30
-2
50
5
SC Berne
SC Berne
29
16
49
6
EV Zoug
EV Zoug
28
19
46
7
SCL Tigers
SCL Tigers
28
4
41
8
EHC Bienne
EHC Bienne
28
4
40
9
HC Fribourg-Gottéron
HC Fribourg-Gottéron
29
-6
39
10
HC Ambri-Piotta
HC Ambri-Piotta
29
-16
39
11
Genève-Servette HC
Genève-Servette HC
26
1
36
12
Rapperswil-Jona Lakers
Rapperswil-Jona Lakers
30
-18
36
13
HC Lugano
HC Lugano
28
-25
33
14
HC Ajoie
HC Ajoie
28
-43
23
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