Canadiens moins présents
Il n'y a jamais eu autant de Nordiques en National League

Lors des dix dernières saisons du championnat de Suisse, la proportion de joueurs issus de Finlande et de Suède a plus que doublé. Ce sont les Canadiens qui en font les frais. Plusieurs raisons expliquent ce phénomène. Décryptage.
Publié: 20.09.2024 à 10:34 heures
Blick_Gregory_Beaud.png
Grégory BeaudJournaliste Blick
Photo: keystone-sda.ch

Cet article est tiré de ma newsletter hebdomadaire, publiée chaque jeudi matin à 7h. Pour s’inscrire, rendez-vous au pied de cet article. Attention, il faut valider l’inscription dans le mail que vous recevrez. Il est également possible de s’inscrire ici. 

À l'image de Genève-Servette ci-dessus, les joueurs nordiques sont de plus en plus nombreux en Suisse. Les Finlandais Sakrari Manninen et Teemu Hartikainen supplantent peu à peu les Canadiens. Ce début de saison marque même une première en National League depuis au moins dix ans.

La cohorte canadienne n'est plus la nationalité la plus représentée en Suisse. Ce sont les Suédois et les Finlandais qui virent en tête avec 8,4% des joueurs importés pour un cumul de 16,8%. Les deux nations ne totalisaient que 7,2% des hockeyeurs étrangers voici dix ans.

Bien sûr, il n'y a pas qu'une seule raison pour expliquer ce phénomène. C'est plutôt une conjonction de plusieurs facteurs. En voici trois principaux.

1

L'invasion russe en Ukraine

Le 24 février 2022, les troupes russes ont commencé une guerre contre l'Ukraine, mettant le pays au ban de la société. Le sport n'a pas été épargné et les étrangers ont été nombreux à quitter le championnat de KHL afin de ne pas être sanctionné par leurs propres fédérations. Ce n'est donc pas un hasard si l'augmentation drastique des joueurs suédois et finlandais a commencé dès la saison suivante. Et Genève-Servette en a profité puisque les arrivées de Linus Omark et Teemu Hartikainen ont propulsé les Aigles dans une autre dimension.

«Ce sont des joueurs qui n'auraient jamais joué en Suisse, précise un agent spécialiste du marché international, préférant garder l'anonymat. Pas spécialement Hartikainen et Omark, mais les nombreux autres qui sont arrivés ici. Nous n'avions jamais vu autant de champions olympiques et de champions du monde arriver en Suisse en un été.»

Cette tendance ne semble pas proche de cesser à mesure que le conflit s'enlise en Ukraine. «Même si la KHL venait à redevenir attractive, il faudrait plusieurs années pour que la situation concernant les joueurs européens évoluent», poursuit notre interlocuteur.

2

La crise du Covid

La pandémie de coronavirus a grandement perturbé la saison 2020/2021 avec des matches annulés et des conditions difficiles pour voyager. Ce n'est pas un hasard si la cohorte canadienne a vu son contingent diminuer considérablement. «On ne se souvient peut-être pas bien, mais c'était particulièrement compliqué pour les Nord-Américains de venir en Europe, précise notre interlocuteur. Les gens préféraient rester en famille.» Même si la tendance s'est légèrement freinée les années suivantes, elle n'a jamais été corrigée.

3

Un marché plus vaste

Qui dit offre plus grande dit évidemment demande moins forte. Ainsi, les joueurs canadiens et américains ont vu leur cote de popularité baisser en raison de la qualité des étrangers européens à disposition. Et il n'y a pas que les Suédois et les Finlandais puisque les Tchèques sont également toujours plus nombreux en National League.

«Ce fait couplé à l'augmentation du nombre de joueurs importés à six par équipe a fait baisser le prix», précise notre expert. Désormais, un directeur sportif a presque l'embarras du choix. «Auparavant, certains préféraient attendre l'été pour signer des Canadiens recalés en NHL. Mais la AHL offre dorénavant de meilleures conditions pour les meilleurs joueurs. Cela rend ce petit jeu compliqué à jouer pour les clubs suisses qui ne peuvent pas se permettre de voir le marché s'assécher en attendant une décision d'un Nord-américain.» En résumé, un Suédois aujourd'hui vaut mieux qu'un éventuel Canadien demain. «Surtout si le directeur sportif veut partir en vacances durant l'été», pouffe l'agent de joueurs consulté pour cet article.

National League 24/25
Équipe
J.
DB.
PT.
1
ZSC Lions
ZSC Lions
19
19
40
2
HC Davos
HC Davos
21
21
40
3
Lausanne HC
Lausanne HC
21
8
40
4
SC Berne
SC Berne
22
15
36
5
EV Zoug
EV Zoug
22
14
34
6
EHC Kloten
EHC Kloten
21
2
33
7
EHC Bienne
EHC Bienne
21
0
32
8
Rapperswil-Jona Lakers
Rapperswil-Jona Lakers
22
-4
32
9
HC Fribourg-Gottéron
HC Fribourg-Gottéron
21
-9
27
10
SCL Tigers
SCL Tigers
19
-3
25
11
HC Lugano
HC Lugano
19
-13
25
12
HC Ambri-Piotta
HC Ambri-Piotta
19
-12
24
13
Genève-Servette HC
Genève-Servette HC
17
-3
22
14
HC Ajoie
HC Ajoie
20
-35
15
Vous avez trouvé une erreur? Signalez-la