Blessé, il reste un pilier du Lausanne HC
Lawrence Pilut: «Si je peux faire sourire un gars, j’ai réussi ma journée»

Malgré deux blessures majeures et une saison blanche, Lawrence Pilut ne baisse pas les bras. Entre rééducation et soutien mental pour ses coéquipiers, le défenseur du Lausanne HC raconte comment il transforme cette épreuve en motivation pour son futur.
Publié: 03.12.2024 à 12:51 heures
Lawrence Pilut va manquer la totalité de la saison 2024/2025 de National League
Photo: Antoine Gauci/Lausanne HC
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Grégory BeaudJournaliste Blick

C'est dans l'intimité du vestiaire que Lawrence Pilut attend. Quelques jours après une deuxième opération qui le contraint à mettre un terme à sa saison, le Suédois du Lausanne HC paraît de bonne humeur. «Tu peux t'asseoir ici, il n'y a personne. C'est un jour de congé, donc on ne sera pas dérangé.» La veille, les Vaudois avaient subi la loi de Davos sous ses yeux. «Je vis les matches différemment depuis le début de saison», rigole-t-il.

Il a pris place devant le casier de Théo Rochette. Pourquoi ce choix? «Parce que le mien n'est plus dans le vestiaire, pouffe-t-il. Il est tout là-bas au fond.» Il est vrai que Lawrence Pilut, qui s'est blessé durant sa convalescence d'une première opération à la jambe, ne pourra pas rechausser les patins de toute la saison. Homme à la bonne humeur communicative, il ne peut pas cacher que ce double coup du sort l'a affecté. C'est logique. Mais cette perspective d'avoir du temps pour se concentrer sur son retour à la compétition ne l'effraie pas. «Quand est-ce que je reviens? Je garde cela pour moi. Je ne veux pas me mettre de pression en parlant ouvertement. Mais j'ai un objectif clair en tête.»

Le défenseur tente de jouer un autre rôle. Celui de confident et de dépositaire de la bonne ambiance dans le vestiaire. En attendant, peut-être de porter à nouveau le maillot des Lions. En fin de contrat, il ne sait pas encore s'il sera de retour la saison prochaine. Mais cela ne semble pas l'inquiéter plus que tant. Il est vrai qu'il a d'autres soucis à régler en priorité. Interview.

Lawrence, tu as traversé une période compliquée avec cette deuxième blessure. Comment ça va aujourd’hui?
Honnêtement, ça va mieux. Tout progresse petit à petit Après ce deuxième coup dur, j’ai l’impression que les choses avancent dans le bon sens. Je commence à bouger un peu plus, et tout le monde ici prend super bien soin de moi. Ils sont vraiment pros, et ils m’aident à revenir au meilleur niveau possible. Mais ce n’est pas juste eux, tu sais. Les coachs, les gars dans le vestiaire, tout le monde est là pour moi. C’est vraiment une ambiance spéciale ici.

Tu viens tous les jours à la patinoire?
Oui, pratiquement. Ça fait du bien juste d’être là, de discuter avec les gars, de sentir que tu fais toujours partie de l’équipe. Même si tu n’es pas sur la glace, tu te sens intégré.

Photo: Antoine Gauci/Lausanne HC

Mentalement, comment tu le vis, ce deuxième coup dur après celui que tu avais déjà vécu l'été dernier et dont tu étais en train de te remettre?
C’est forcément dur. Tout se passait super bien, j’avais suivi tout le plan, et bam, ça arrive. Là, tu te dis: «Mais pourquoi maintenant?» Tu fais tout ce qu’il faut, et malgré ça, tu n’as pas de contrôle sur ce genre de choses. Mais bon, je suis comme ça: une fois que le choc est passé, je rebondis. Je me dis rapidement: «OK, qu’est-ce que je peux faire maintenant pour avancer?» Ce n’est pas dans mon caractère de me laisser abattre.

Tu n’as jamais pensé: «Bon, j’arrête, ça suffit»?
Non, jamais. J’ai encore tellement à donner, tellement à prouver. Ce genre de moment, c’est juste une étape à franchir. On dit que ce qui ne te tue pas te rend plus fort. C'est avec cette mentalité que j'ai décidé de faire face à cette épreuve. J'ai tendance à croire que tout arrive pour une raison. Ce n'est pas ce qui t'arrive qui compte, mais comment tu décides de réagir.

Tu vis tout seul ici?
Non, j'ai justement énormément de chance. Ma femme est présente ici et m'aide énormément. Dès que je me suis blessé, je l’ai appelée directement: «Mauvaise nouvelle, ça ne sent pas bon…» Et elle est restée super calme: «On va gérer ça un jour à la fois. Je suis là pour t'aider.» Elle et ma famille, c'est magnifique de pouvoir compter sur autant de gens autour de moi. Et les coéquipiers ont également été d'un grand soutien en venant me trouver à l'hôpital. C'est agréable de ne pas se sentir seul.

«
Ce genre de moment, c’est juste une étape à franchir. Je sais que j’ai encore tellement à donner
Lawrence Pilut, défenseur du Lausanne HC
»

Tu as rarement été blessé avant, il me semble.
Pas vraiment, non. Une fois, en Suède, j’ai eu une blessure à l’épaule, et j’avais raté quelques mois. Mais une saison entière, comme maintenant? Jamais. C'est difficile de se dire que durant toute une saison je ne vais pas jouer du tout. Tu te rends compte à quel point le hockey fait partie de ta vie. Quand tu ne peux pas jouer, tu as l’impression qu’il manque un gros morceau. Mais ça te pousse aussi à travailler différemment. Je me focalise sur des muscles que l'on peut oublie parfois. Et puis le haut du corps. Les béquilles, crois-moi, c'est un super moyen de travailler les bras (rires).

Tu n'as pas dû souvent te balader avec des béquilles, non?
En effet. Ça te force à tout planifier avec une plus grande marge. Tout prend plus de temps. Mais, je ne me plains pas. Comme je l'ai déjà dit, je suis bien entouré pour faire face à cette épreuve.

Et tu as désormais un rôle un peu particulier: dans l'équipe, mais pas sur la glace...
C’est spécial, mais je veux apporter quelque chose. C'est mon objectif en arrivant à la patinoire: trouver un moyen d'aider l'équipe d'une manière ou d'une autre. Si je peux faire sourire un gars ou l’aider à se sentir mieux, j'ai déjà réussi ma journée. Ce club, c'est comme une famille. Tu veux être là pour les autres, comme ils le sont pour toi. J'adore arriver le matin et simplement boire le café avec quelqu'un et discuter. Des fois sérieusement s'il le faut ou pas du tout. Même si je ne suis pas sur la glace, je peux contribuer. Et puis, ça me permet de rester impliqué. De sentir que je fais toujours partie du groupe.

«
Chaque jour, je regarde ma médaille d’argent et je me dis : la prochaine sera en or.
Lawrence Pilut, finaliste malheureux la saison dernière avec Lausanne.
»


La dernière fois qu’on t’a vu sur la glace, c’était ce fameux match No 7 contre Zurich...
(il coupe) Je sais...

Désolé.
Pas de souci.

Tes coéquipiers ont pu jouer à nouveau pour passer cette déception. Toi, pas. Comment tu le vis?
C'est évidemment difficile d'avoir cela comme dernier souvenir de moi sur une patinoire. Mais je le prends aussi comme une motivation. Chez moi, je garde la médaille d’argent et elle est en évidence. Chaque jour, je la vois. Cela me motive. Chaque jour, je passe à côté et je me dis: «La prochaine sera en or». Parfois, il faut passer par des moments comme ça pour aller plus loin. Et avec ma blessure, c'est encore plus vrai. C’est en tout cas ce qui me pousse à revenir plus fort. 

Depuis les tribunes, tu penses que tu as appris à voir le jeu différemment?
Complètement. Tu captes des choses que tu ne vois jamais sur la glace: les détails, les comportements des joueurs, les dynamiques d’équipe. C'est un aspect passionnant que de pouvoir étudier le jeu de la sorte.

Et tu vas dans le bureau du coaching staff leur donner des conseils?
(Il rigole) Non, non. Ça, c’est leur boulot. Moi, je reste avec les gars, je discute, je motive. C’est mon rôle pour l’instant. Et je ne suis pas là non plus pour leur donner des conseils. Tout le monde est professionnel et sait ce qu'il a à faire.

Ton contrat finit à la fin de la saison. On est obligé d'en parler. Tu y penses?
Pas encore, honnêtement. Pour l’instant, je suis à 100% concentré sur ma rééducation. Mais j’aime Lausanne, j’aime le club, j’aime la ville. Et je le dis sincèrement. Mais par contre, c'est trop tôt pour réfléchir plus loin. Le moment venu, mon agent discutera. Moi, pour le moment, mon objectif, c’est de revenir à 100%.

Photo: Antoine Gauci/Lausanne HC

Avec tout ce temps libre, tu fais quoi?
Je lis pas mal, surtout des livres sur la pleine conscience, rester dans l’instant présent. Et je bosse sur des détails physiques que je n’avais jamais vraiment le temps de traiter avant.

Et côté détente ? Une série Netflix à me recommander?
Ah oui, «Helicopter Heist». C’est sur le plus gros braquage de l’histoire en Suède. C'est super bien fait et ça vient de sortir. Cela m'a permis de passer un peu de temps. Parce que, pour ne rien te cacher, on a un peu de temps. C'est en suédois, mais tu peux trouver avec les sous-titres. 

Merci. En échange, vu que tu parles de pleine conscience, je te conseille «Mindfully Murder». J'espère que tu vas apprécier.
Merci. Je t'en donnerai des nouvelles.

National League 24/25
Équipe
J.
DB.
PT.
1
HC Davos
HC Davos
26
30
53
2
ZSC Lions
ZSC Lions
24
31
52
3
SC Berne
SC Berne
27
19
48
4
Lausanne HC
Lausanne HC
26
2
46
5
EV Zoug
EV Zoug
26
16
41
6
EHC Kloten
EHC Kloten
26
-2
41
7
EHC Bienne
EHC Bienne
26
0
37
8
HC Fribourg-Gottéron
HC Fribourg-Gottéron
26
-9
34
9
Genève-Servette HC
Genève-Servette HC
23
2
33
10
SCL Tigers
SCL Tigers
24
-3
32
11
HC Ambri-Piotta
HC Ambri-Piotta
25
-14
32
12
Rapperswil-Jona Lakers
Rapperswil-Jona Lakers
26
-14
32
13
HC Lugano
HC Lugano
24
-20
29
14
HC Ajoie
HC Ajoie
25
-38
21
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