«La folie, c'est de faire toujours la même chose et de s'attendre à un résultat différent.» Albert Einstein semble avoir parfaitement résumé, sans le savoir, le problème de l'équipe de Suisse qui vient de perdre son cinquième quart de finale consécutif. Une fois de plus, la pièce est tombée du mauvais côté.
Comme lors du Mondial 2019 contre le Canada.
Comme lors du Mondial 2021 contre l'Allemagne.
Comme lors des JO 2022 contre la Finlande.
Comme lors du Mondial 2022 contre les États-Unis.
Ce qui fait mal cette année? L'adversaire. Face à cette équipe d'Allemagne, la Suisse doit s'imposer. Il n'y a pas d'autre alternative possible.
Depuis l'arrivée de Patrick Fischer, la Suisse n'a passé qu'une fois les quarts de finale d'une grande compétition. C'était en 2018 lors du Mondial durant lequel elle a terminé à la deuxième place. Le reste? Une succession d'échecs et de désillusions. Ces dernières années, la Suisse a franchi un cap et s'est établie comme une nation du Top 6. Mais elle est chroniquement incapable de faire tourner une rencontre en sa faveur.
Que faut-il dès lors faire pour que cette génération si talentueuse ne déçoive pas systématiquement? Bien sûr, on doit parler de Patrick Fischer. Le sélectionneur national est intelligent. Il sait que les résultats sont largement insuffisants.
Bonne équipe de phase préliminaire
En désormais sept ans sous son règne, les raisons concrètes de se réjouir n'ont pas été nombreuses. Pourtant, son bilan n'est pas dramatique en tous points. Depuis son arrivée, les stars de NHL sont toutes présentes. Lorsque l'on voit la peine qu'à la Finlande à faire venir ses «Nord-Américains», ce fait est à porter à son crédit.
Les matches pièges face aux petites nations n'en sont plus. Lors des deux derniers Mondiaux, les Helvètes ont remporté 13 des 14 parties du tour préliminaire. La seule défaite est intervenue dans une rencontre sans le moindre enjeu. Ce progrès ne doit pas être oublié au moment de décider du sort de Patrick Fischer.
Et cependant, la question de sa légitimité à ce poste se pose aujourd'hui plus que jamais. Cela fait dorénavant plusieurs années que la Suisse fait toujours la même chose en espérant un résultat différent. N'est-ce pas le moment de faire autrement?
Car «faire autre chose» ne veut pas dire que les résultats seront instantanément meilleurs. Il n'y a pas la moindre garantie. Et lorsque l'on dit que l'équipe de Suisse est la sixième meilleure nation mondiale, cela veut dire qu'elle n'appartient pas au Top 4. Et donc qu'une demi-finale devrait toujours être considérée comme un résultat au-delà des attentes. Cette défaite en quart de finale - encore une - est venu nous le rappeler.
La lassitude de Krueger
Lorsque la Suisse du hockey en a eu marre de Ralph Krueger en 2010, la lassitude du «quart de finale réglementaire» a eu raison du technicien. Cinq de ses huit derniers tournois avaient vu la Suisse arriver dans le Top 8 malgré une génération largement moins talentueuse que la présente. Après son départ? Il y a certes eu l'exploit de 2013 (médaille d'argent), mais il y a également eu trois éliminations en phase de poule et des tristes 11e, 10 et 9e place.
Finalement, les résultats sont-ils le problème ou est-ce que ce sont les attentes générées par les discours des dirigeants d'une équipe qui ne se disent plus satisfaits d'une défaite en quart de finale? Est-ce réaliste de parler de demi-finale - et donc de Top 4 - lorsque l'on n'appartient pas au Top 4? Aujourd'hui, le constat est clair. Patrick Fischer reste sur plusieurs échecs cuisants et n'a pas atteint les objectifs.
Au moment de réfléchir à l'avenir de Patrick Fischer, il faudra se poser une question centrale. Est-il capable de faire autrement? Si oui, l'y aider n'est-ce pas un compromis très «suisse» qu'il serait a minima bon d'étudier. Il est toujours plus difficile de construire quelque chose que de brûler ce qui existe.
Ne l'oublions pas sous le coup de l'émotion.