Nous sommes le 26 octobre à la Vaudoise aréna, en plein match entre Lausanne et Zoug (3-4 ap). L'attaquant des visiteurs Dario Simion quitte la glace en grimaçant. Ce qui ne semble pas trop grave à première vue inquiète rapidement le staff zougois: la jambe de l'attaquant, touchée par un patin adverse, est sérieusement amochée.
Est-ce que le tendon est touché? Une opération immédiate est-elle nécessaire? Il faut de toute urgence un médecin pour ausculter Dario Simion. Le staff du club visiteur en fait la demande, mais les minutes s'égrènent et rien ne bouge. Zoug s'enquiert auprès du personnel de sécurité. La situation devient cocasse lorsque Claudio Cadonau, blessé au visage, a lui aussi besoin d'assistance. Mais elle ne vient pas non plus.
Les règles médicales de la Ligue sont pourtant claires: le club local doit veiller à ce qu'un médecin, deux samaritains et une ambulance soient à disposition. Il serait d'ailleurs à attendre qu'un médecin s'empare lui-même de la situation lorsque deux joueurs disparaissent dans le vestiaires après avoir été touchés sur la glace. Mais pas de trace d'un médecin à la Vaudoise aréna.
Rentré avec un journaliste!
Le service de sécurité se propose pour aider à trouver des samaritains. Ils réitèrent leurs demandes. Dans une telle situation, chaque minute compte. Et dix minutes se sont passées jusqu'à ce qu'enfin un samaritain (au moins ça) viennent s'enquérir de l'état des blessés.
Mais le bout du tunnel n'est pas encore en vue pour Dario Simion: le LHC refuse à l'international suisse un transport en ambulance! Le club zougois se rabat sur son bus du matériel. Mais les premiers soins prennent du temps, surtout que le personnel médical arrive au bout de son «shift». Lorsque le 4e meilleur compteur du club de Suisse centrale a enfin obtenu un diagnostic, tant le bus de l'équipe que celui du matériel étaient partis après la victoire zougoise en prolongation.
Le club champion de Suisse avait heureusement organisé un rapatriement en recourant au système D: c'est un... reporter de «Radio Central» présent sur place qui a ramené le physiothérapeute du EVZ et le joueur blessé jusqu'à Baar (ZG), où Dario Simion a pu être opéré dès le lendemain.
«Lausanne n'a enfreint aucune règle»
Furieux, le club visiteur n'a pas attendu de rentrer pour se plaindre. L'EVZ a fait savoir son mécontentement de ne pas avoir trouvé un médecin sur les lieux, avant de confirmer ses doléances par écrit auprès de la Ligue. Mais le club ne veut pas entrer dans les détails. «Nous avons réservé notre jugement pour la Ligue», explique le directeur sportif Reto Kläy.
Le directeur de la Ligue Denis Vaucher confirme ces éléments. «Nous avons traité ce cas. Tout ne s'est pas déroulé de manière optimale», concède l'homme fort du championnat. «Heureusement, nos investigations ont montré que le retard n'avait pas eu de conséquences pour la santé de Dario Simion».
A l'entendre, néanmoins, le Lausanne HC n'a enfreint aucune règle: médecin, samaritains et ambulance étaient bien présents à la Vaudoise aréna. «Mais nous avons demandé au LHC d'adapter son concept et de revoir le déroulement», assure Denis Vaucher.
Qu'en pensent les Lausannois? Le club se contente d'une déclaration laconique: «Le médecin n'a pas pu être informé à temps, ce qui a retardé la prise en charge. Mais cela n'a pas empêché Star Ambulances, notre prestataire, d'être en tous temps à disposition de l'EV Zoug», assurent les dirigeants vaudois.
Même s'il a eu de la chance dans sa malchance, Dario Simion est écarté des patinoires durant deux mois.