La saison dernière, le hockey sur glace suisse a frôlé la catastrophe. Ce n'est que parce que les joueurs ont renoncé à leurs salaires, que le Conseil fédéral a versé des indemnités et que les supporters, les sponsors et les mécènes ont prêté main forte que tous les clubs ont survécu à la crise du Covid et à une saison de matchs fantômes.
Il est clair qu'un tel tour de force ne peut être répété. Après tout, la saison dernière a creusé de sacrés trous dans les caisses. Davos, par exemple, a enregistré une perte d'environ 3,8 millions, Fribourg de plus de 3 millions et Berne un déficit de 1,5 million de francs.
Cette saison, de nombreux clubs ont réduit leur budget. A Berne et à Davos, on a parlé de réductions d'un million. Et le dirigeant de Lugano, Hnat Domenichelli, déclare: «Nous avons un budget inférieur de dix pour cent. Cela devrait également être le cas la saison prochaine.»
Mais certaines équipes des prochaines saisons sont déjà remaniées. Les premiers gros transferts ont été rendus publics: le CP Berne a engagé les joueurs de l'équipe nationale Joël Vermin (Genève-Servette) et Romain Loeffel (Lugano), tandis que Gottéron s'est assuré les services de Christoph Bertschy (Lausanne) pour sept ans.
Bertschy et Fazzini ont négocié sans agents
Le consensus dans le secteur est que les grosses stars continuent à encaisser. «Vous n'économisez pas forcément de l'argent sur des joueurs qui sont sur la glace pendant 20 à 25 minutes par match», déclare l'agent Sven Helfenstein, qui travaille également comme consultant TV pour «MySports» outre-Sarine, chaîne sur laquelle il a récemment débattu avec le président fribourgeois Hubert Waeber sur la nécessité des agents. Pour rappel: Bertschy a négocié son contrat de sept ans sans l'aide d'un agent, tout comme Luca Fazzini, qui a prolongé son contrat avec Lugano jusqu'en 2027.
«La qualité aura toujours un prix. Cela vaut pour les Suisses et les étrangers», est convaincu l'agent Daniel Giger. Le directeur sportif de Zurich, Sven Leuenberger, a quant à lui l'impression que les salaires des étrangers ont baissé.
Un retour à la normale dans 2 ou 3 ans?
Par rapport à la période de grande incertitude d'il y a un an, la situation s'est calmée. Mais il faudra «deux ou trois ans pour que les choses redeviennent telles qu'elles étaient auparavant», déclare l'agent Gaëtan Voisard. Reto Kläy, directeur sportif de Zoug, le contredit: «Je vois plutôt la tendance à devoir se serrer la ceinture.»
Il y a un sentiment partagé que «les discussions peuvent être plus raisonnables», explique Raeto Raffainer, directeur sportif du CP Berne. «Du moins, c'est ce que me dit mon directeur sportif. Il y aura des gens qui diront que la pandémie nous a rendus plus raisonnables. D'autres diront que c'est logique car avec cinq ou six étrangers, il y a plus de pression sur le marché suisse.»
«Les joueurs suisses se retrouveront sans emploi»
Cependant, comme on ne saura pas avant la fin de la saison s'il y aura cinq ou six étrangers lors du prochain exercice (cela dépend de la promotion, ou non, d'une équipe de Swiss League), il est peu probable que les clubs complètent leurs effectifs en avance.
Sven Leuenberger estime donc «qu'une équipe promue pourrait avoir un bon alignement de départ car un ou deux bons joueurs suisses seront probablement sur le marché en été.» L'agent Gaëtan Voisard prédit plutôt que «les joueurs suisses se retrouveront sans emploi.»
Qui cela va-t-il péjorer? «Il y aura des économies dans les troisième et quatrième lignes», explique Sven Helfenstein. Son confrère Daniel Giger estime que la pression sur les salaires moyens - les joueurs qui touchent entre 200'000 et 300'000 francs brut par année - va augmenter. Surtout chez les joueurs plus âgés.