Le projet d'une région
«Renoncer à la Valais Arena, ce serait un non-sens!»

Avant le vote de ce mercredi, le président du HC Sierre Alain Bonnet et le directeur de Sierre-Valais Sport SA Christophe Stucki, expliquent pourquoi la Valais Arena et l'écoquartier qui l'entourera sont une aubaine pour Sierre et pour l'ensemble du Valais.
Publié: 11.12.2024 à 09:56 heures
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Dernière mise à jour: 11.12.2024 à 10:28 heures
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Le président du HC Sierre Alain Bonnet est conscient que la concurrence est rude pour monter en National League.
Photo: keystone-sda.ch
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Thibault GilgenJournaliste Blick

Des voitures parquées, une friche, des terrains de foot, du froid et personne autour. Difficile de croire que c’est ici, à Sierre, dans le quartier de Condémines, que pousseront la Valais Arena et le futur écoquartier qui l’accompagnera. Le projet de la nouvelle patinoire du HC Sierre, porté par l’ancien entraîneur de Genève-Servette Chris McSorley, a pour objectif d’offrir un écrin flambant neuf à la région.

Avec ses 6500 places, l’arène doit permettre au club local de rejoindre la National League et de s’aligner sur ses rivaux romands qui se sont offert ces bijoux de modernité ces dernières années. Qu’elles se nomment Tissot, BCF ou Vaudoise, à chaque coin de pays son arena. Alors pourquoi pas en Valais? Un tel rêve pourrait se concrétiser si la ville de Sierre et les partenaires publics acceptent de débloquer un crédit de 30 millions ce mercredi (18 pour Sierre, environ 12 pour les communes avoisinantes et le Canton).

Un engouement ressenti

Ces derniers mois, tout a été fait pour convaincre les pouvoirs publics et les citoyens de la qualité du projet, à travers notamment une maison provisoire située sur le futur site de la patinoire, qui explique en détail ce qui attend les Sierrois: «On sent qu’il y a vraiment un enthousiasme après cette présentation», se réjouit Alain Bonnet, président du HC Sierre. «On a aussi de très bons retours politiques avec trois commissions du Conseil général qui nous ont donné un préavis favorable», rapporte-t-il. De quoi envisager le scrutin calmement.

Ces derniers mois, la population sierroise a été informée du projet.
Photo: keystone-sda.ch

Le président du club sent manifestement que les supporters sont tournés vers l’avenir et y voit un signal très positif: «Plus on se rapproche, plus les gens en parlent. Chaque fois que je suis en ville ces temps, les gens me croisent et me disent 'on te tient les pouces pour mercredi soir'. Ce mardi pourtant, il y avait derby contre Viège, mais on ne me parlait que de la votation de mercredi. Rendez-vous compte, cela fait 20-30 ans qu’on parle de cette de patinoire!» Des nouvelles infrastructures qui n’ont jamais été aussi proches de se réaliser.

Totale transparence

De son côté, Christophe Stucki, directeur de Sierre-Valais Sport SA, se félicite que le dossier soit très abouti et indique être serein avant le vote. La société, dont Chris McSorley est le président, est actionnaire majoritaire du HC Sierre et est l’un des acteurs principaux du projet Valais Arena. «Officiellement, nous sommes encore dans une phase d’avant-projet, et je pense sincèrement que l’on propose l’un des avant-projets les plus avancés de l’histoire», affirme-t-il.

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La Ville a souhaité avoir ses propres mandataires pour challenger les nôtres et pousser les analyses au maximum
Christophe Stucki, Valais-Sport SA
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Christophe Stucki se réjouit aussi que la ville de Sierre se soit impliquée très sérieusement dans les préparatifs: «Vous savez, on attendait ce vote l’an dernier déjà. Mais la Ville a insisté pour le repousser, afin de réinvestir temps et argent pour proposer un compromis bien ficelé.» Jusqu’ici, près de quatre millions de francs ont déjà été dépensés pour la préparation du dossier. «La Ville a même souhaité avoir ses propres mandataires pour challenger les nôtres et pousser les analyses au maximum», rapporte le CEO de la société. Pour lui, le projet a fait preuve d’une totale transparence, en mettant aussi en place une foire aux questions, régulièrement mise à jour sur son site Internet.

La National League sans brûler les étapes

Si les défis immédiats sont politiques, il ne faut pas oublier qu’ils seront aussi très rapidement sportifs en cas de oui du Conseil général. Christophe Stucki en est bien conscient. En ce qui concerne la promotion en National League, il y voit un objectif très clair à moyen terme, mais il avoue rester prudent: «Si nous devions inaugurer cette patinoire en Swiss League, ce ne serait pas un problème. Elle a été réfléchie pour nous permettre de régater dans cette catégorie aussi et pour nous donner les moyens de monter.»

Le président Alain Bonnet partage ce point de vue: «Cette saison, on joue pour le titre. Mais il faut rester humble et on sait qu’il y a beaucoup de concurrence. Quand on voit des équipes comme la Chaux-de-Fonds ou Bâle, on sait qu’on doit gentiment se faire notre place. Nous avons déjà déposé notre dossier pour la National League, mais l’accès nous y est refusé à cause de nos infrastructures actuelles. On le sait, on le fait pour se préparer et continuer à travailler pour aller le plus loin possible», assure le président.

Une capacité bien pensée

D’une seule voix, les deux hommes soulignent ce qui fait, selon eux, la grande force du projet: son aspect régional. «Sur 2383 abonnés pour le moment, 30% viennent du Haut-Valais, 20% du Bas et le reste du Valais central», précise Christophe Stucki.

En plus de la patinoire de 6500, une seconde surface de glace, un centre sportif et un écoquartier devraient aussi voir le jour à Sierre.
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Et le président Bonnet de reprendre: «Le Valais est un canton qui est fervent de hockey. Je reste persuadé qu’on pourra remplir la patinoire. Actuellement, on a une moyenne de 2700 spectateurs. Mais c’est une patinoire qui n’a pas du tout de confort, qui est froide. Et je reste persuadé qu’avec les standards d’une patinoire moderne, on pourra viser les moyennes de National League.» Alain Bonnet rappelle aussi que, dans les périodes les plus difficiles du club, comme après la faillite en 2013, le HCS a joué en 3ème ou 2ème ligue devant 2000 à 3000 personnes. Un signe fort, selon lui.

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Nous avons fait une comparaison avec le Tessin, qui le même bassin de population
Christophe Stucki, Valais-Sport SA
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La capacité de la patinoire est précisément le point qui semble surprendre le plus dans la cité du soleil. Pourtant, le chiffre de 6500 places n’a pas été laissé au hasard: «De longues études nous ont menées à poser ce chiffre», explique Christophe Stucki. «Nous avons comparé la région avec le Tessin, où le bassin de population est le même. Là-bas, ils ont deux clubs qui remplissent des patinoires en National League d'une capacité similaire. Mais nous savons aussi que le Valais n’a pas le même tissu économique que l’Arc lémanique par exemple. C’est pourquoi nous ne pouvons pas uniquement miser sur l’apport des sponsors, mais davantage sur la billetterie. Toutefois, le PIB par habitant n’étant pas aussi élevé en Valais qu’ailleurs en Suisse romande, nous sommes aussi conscients qu’il faudra proposer des tarifs abordables. Tout ceci nous a conduit à fixer cette capacité.»

Un poumon économique

D’autant que la Valais Arena, qui disposera également d’un centre sportif et d’une seconde surface de glace, ne sera pas destinée seulement au HC Sierre. «Le temps de glace de la première équipe sera de 5%», précise Christophe Stucki. «Pour le reste, on mise sur les futures générations et l'utilisation publique des patinoires. Il est très important que les écoles s'approprient le lieu et que d’autres sports comme le patinage artistique, le curling ou le patinage public puisse y être pratiqués.»

Autre point que Sierre-Valais Sport SA entend bien développer: une réelle académie de hockey valaisanne. «Le Valais se fait sans cesse piquer ses joueurs talentueux dès l’âge de 13 ans parce qu’il n’y a actuellement aucune structure en place. Nous voulons changer cela et faire de la Valais Arena un centre d’excellence pour les jeunes talents d’ici.»

«
Le Valais se fait sans cesse piquer ses joueurs
Christophe Stucki, Valais-Sport SA
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Plus globalement, Christophe Stucki estime que Sierre a besoin d’un nouveau souffle et que le projet, dans son entièreté, tombe à point nommé: «Sierre s’est assoupi ces dernières années. Ce centre sportif va constituer un nouveau poumon économique pour la région.» L’homme se dit toutefois parfaitement conscient que des oppositions peuvent encore tomber après le vote de mercredi par le biais d'un référendum, et que le nerf de la guerre sera aussi l’écoquartier qui se développera en parallèle de l’arena.

«Un non-sens de bloquer ce projet»

À ce sujet, il s’en remet donc à la Loi sur l’aménagement du territoire (LAT), imposée par la Confédération, pour justifier la densité du projet. «Le quartier sera dense, mais il correspond au bâti existant», répond Christophe Stucki à ses opposants, dont il regrette certaines fausses informations. Il rappelle aussi que le projet Condémines 20-30, pour le développement du secteur concerné, a été voté en 2018. Pour lui, l’écoquartier prévu ne va pas au-delà des éléments déjà connus.

Il balaie aussi l’idée selon laquelle un immense quartier démesuré va sortir de terre d’un seul coup: «Les gens oublient que ça se construit par phases. Cela s’étale dans le temps, parfois sur des décennies.» Il est ainsi beaucoup trop tôt pour renoncer aux plans proposés, car les détails ne sont pas fixés. C'est d'abord le principe qui doit passer la rampe: «C’est un non-sens de bloquer ce projet maintenant, alors que nous en sommes qu’au tout début et que les choses pourront bien sûr bouger à l’avenir. Nous avons la chance d’avoir des investisseurs qui sont d’accord de construire l’arena en premier lieu et d’attendre pour la suite si besoin. Il faut saisir cette opportunité.»

Si les oppositions devaient finalement mettre de sérieux bâtons dans les roues de la Valais Arena, Christophe Stucki se dit prêt à partir au combat: «Nous n’avons pas fait tout cela pour abandonner maintenant.» De son côté, le président du HCS Alain Bonnet est aussi prêt à jouer le jeu: «C’est la démocratie.» Mais il préfère prévenir: «Sans cette patinoire, c’est la fin du hockey professionnel à Sierre.»

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