«Ludo! Ludo! Ludo!» Mardi soir, après la victoire de Zurich face à Davos (4-3), Ludovic Waeber était très demandé par un enfant visiblement fan du gardien. Au Hallenstadion, le Fribourgeois est arrivé sur la pointe des lames voici une quinzaine de mois avec un contrat de deux ans en poche. Aujourd’hui, il est l’une des pierres sur lesquelles le «Z» a bâti son futur. Une progression éclair… qu’il n’a pas vécu comme telle. «Pour vous c’était peut-être rapide, rigole-t-il. Mais pas pour moi. J’ai dû me montrer patient. J’étais tout de même trois ans à Fribourg comme deuxième gardien.»
Patient car, dans un premier temps, il était barré par Reto Berra à Fribourg. «J’ai évidemment compris ce choix, nous a-t-il confié. C’était assez logique.» Initialement, «Ludo» pensait peut-être avoir sa chance de déloger le gardien international. Mais à Fribourg, la porte était verrouillée à double tour. Ainsi, il a dû trouver une sortie. Bienne était longtemps sur les rangs, mais c’est finalement du côté de Zurich qu’il a décidé de poursuivre sa carrière. Un choix audacieux mais pas totalement illogique. Au Hallenstadion, il savait qu’à force de travail il pourrait avoir sa chance. Lukas Flüeler, le titulaire, est souvent blessé. Zurich représentait peut-être le filet le plus «accessible». Encore fallait-il être à la hauteur.
Connaître son corps et ses limites
Rapidement, Ludovic Waeber a pris la place de titulaire. Un statut qu’il n’avait jamais connu dans l’élite. «Cela change tout, poursuit-il. Déjà tu sais que tu as le droit à l’erreur. Mentalement, c’est plus agréable que d’être envoyé devant le filet une fois toutes les trois semaines et devoir être immédiatement performant. La répétition des matches est positive et cela te permet de travailler de manière plus sereine.»
Pour lui, ce plus grand nombre de matches est, paradoxalement, presque une source de calme. «Avant, je me demandais toujours si je devais en faire plus ou non. Si je n’étais peut-être pas assez assidu à l’entraînement ou non. Désormais tout est plus clair.» Pour ne pas se griller physiquement, il a toutefois dû s’adapter un minimum. «Quand faut-il s’entraîner et quand faut-il se régénérer? À Fribourg, j’étais le gardien No 2 donc j’étais tout le temps sur la glace du début à la fin de l’entraînement. Désormais je peux m’octroyer des moments un peu plus calmes.»
Une habitude à prendre pour celui qui est loué pour son éthique de travail. «C’est probablement cette adaptation de la charge de travail qui a été le plus compliqué à gérer. J’ai beaucoup appris de Fluëli (Lukas Flüeler, l’autre gardien de Zurich, ndlr.).»
Une grande gueule sur la glace
L’un des rares (seuls) avantages des matches à huis clos était de pouvoir écouter les interactions sur la glace entre les différents acteurs. Et Ludovic Waeber était soir après soir le plus vocal. «Ah vous avez remarqué? (rires) J’essaie d’aider un maximum mes coéquipiers pour leur dire de faire attention au replacement ou à une éventuelle possibilité de contre-attaque. C’est important de communiquer lorsque tu es gardien.»
Le francophone communique tantôt en anglais et tantôt en allemand. «Je fais un peu à ma sauce, se marre-t-il. Allez demander à mes coéquipiers si je parle bien allemand, ils vous diront que non. Mais je comprends presque tout et au moment de parler j’improvise comme je peux. Disons que je me fais comprendre.»
Les supporters de Fribourg Gottéron ont rapidement compris que Ludovic Waeber ne reviendrait pas de sitôt à la BCF Arena. Le contrat de Reto Berra expirera un an avant celui de Waeber à Zurich. «Ce n’est pas quelque chose qui a été au centre de ma réflexion, précise-t-il. Lorsqu’une organisation comme les Zurich Lions te montre une telle marque de confiance, c’est un sacré honneur, appuie-t-il. Nous avons eu des discussions rapidement positives et j’avoue que je n’ai pas réfléchi bien longtemps. Si Zurich te donne trois ans de contrat, tu prends (rires).»
Actuellement, Ludovic Waeber vit près du Hallenstadion à Oerlikon avec sa copine qui l’a suivi dans son aventure. «Changer de canton, changer de vie, c’était une grosse décision qui n’a pas été facile tant pour elle que pour moi. Maintenant que nous sommes bien, il me paraissait clair que nous n’allions pas tout rechanger si c’était possible.» Le gardien et sa copine vont tout de même probablement bouger. Mais à l’intérieur de la ville, comme les Zurich Lions. Dès la saison prochaine, le club prendra ses quartiers dans la Swiss Life Arena, à l’autre bout de la ville. «Cela peut être compliqué au niveau du trafic de devoir traverser toute la ville, mais nous avons encore le temps de voir venir.»
Le temps, c’est justement le luxe qu’a désormais Ludovic Waeber qui a mérité son contrat de trois ans à force de travail.