«Entraîneur: John Fust». Au moment où son nom a été annoncé par le speaker de la Vaudoise aréna samedi soir, de nombreux sifflets se sont fait entendre dans les gradins avant le derby entre le Lausanne HC et Genève-Sevette. Deux heures plus tard, c'est toute l'équipe du LHC qui était conspuée par ses spectateurs au terme d'une défaite 1-5. Fidèle à son habitude, Petr Svoboda n'a pas souhaité répondre aux questions de Blick.
Cela fait désormais quatre matches consécutifs perdus par le Lausanne HC. Différentiel de buts durant cette semaine en enfer: 2-17. Tous les ingrédients sont réunis pour que le fusible habituel saute: le coach. Et pourtant, il y a plusieurs arguments qui penchent pour dire que John Fust est davantage victime que coupable dans cette situation. On détaille.
Son importance dans les bureaux
John Fust, au contraire de ses employeurs, connaît le hockey suisse de fond en comble. Coach de club durant de nombreuses années, il a également entraîné des sélections nationales. Dans le milieu, le Montréalais est un homme respectable et respecté. Et Petr Svoboda l'a bien compris. Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si le Tchèque utilise ses «soft skills» au niveau de la Ligue.
Comme John Fust est par ailleurs impliqué dans la direction technique - même si le dernier mot ne lui revient pas -, qu'adviendrait-il de cet autre mandat? Si les résultats de la première équipe ne sont momentanément pas à la hauteur, il serait erroné de mettre un grand coup de pied dans le château de cartes et espérer autre chose qu'un effondrement.
Des étrangers faiblards
Depuis le début de la saison, les recrues étrangères ne sont pas à la hauteur. Certes, Michael Raffl - celui qui aurait dû jouer un rôle de leader sur et hors de la glace - est blessé. Jiri Sekac s'est également fait mal au début de la période trouble que traverse le LHC actuellement. Mais cela n'excuse pas le rendement des autres.
Miika Salomäki? Il a surnagé avant d'écoper de trois matches de suspension pour un coup de coude regrettable. Robin Kovacs? Il a inscrit près d'un tiers des buts de son club (4/13). Pourtant, il est rentré dans le rang depuis une semaine et effectue constamment le mauvais choix. Même s'il a déçu lors de ces quatre derniers matches, c'est peut-être lui le principal espoir pour les Vaudois. Daniel Audette? Totalement invisible.
Dans ces conditions et avec un contingent suisse qui s'est affaibli ces dernières années (départs de Joel Vermin, Denis Malgin ou Christoph Bertschy), difficile de gagner des matches dans une ligue d'un tel niveau.
De nombreux blessés
Comme expliqué précédemment - et l'argument est recevable -, le Lausanne HC doit composer sans plusieurs éléments importants. Il serait toutefois erroné de se réfugier derrière cela comme une excuse.
Mais entre les lignes composées par John Fust durant la préparation et celles présentes sur la glace ces derniers temps, il y a un monde d'écart. Dès lors, un entraîneur doit avoir le droit à une période d'adaptation pour trouver une alchimie correcte. Ce n'est pas encore le cas et le temps presse. Mais John Fust a toujours le bénéfice du doute.
Un staff inadapté
Aucune autre équipe de National League n'a flanqué des assistants aussi peu expérimentés à son coach principal. Si Alex Reinhard n'est pas le dernier venu, que dire de Bobby Dollas? Son principal fait d'armes? Être un ami de longue date de Petr Svoboda. Visiblement, cela a suffi pour qu'il soit enrôlé.
Si sa carrière de joueur mérite le respect, que dire de son pedigree de technicien? Quatre saisons derrière un banc entre 2003 et 2019 dans des ligues de garage au Canada. Son premier employeur? Karel Svoboda, frère de qui vous savez et actuel Skill coach à la Vaudoise aréna.
Et parlons de Karel Svoboda aussi. Débarqué en même temps que son frangin en 2019, il n'avait plus exercé dans un club depuis... 2004, année de l'embauche de Bobby Dollas. Selon le site eliteprospects.com, cette saison était la seule durant laquelle il était en activité dans une organisation. Résumons: deux membres du staff de John Fust sont soit frère, soit ami de longue date de son supérieur hiérarchique. Bonne chance, dans ces conditions, pour travailler correctement.
Ce lundi matin, le sort de John Fust n'est toujours pas scellé. Mais disons le tout net: ce serait une erreur de s'en séparer.