Au classement, le Lausanne HC se trouve à un jet de puck de la sixième place avec sept points en six matches. Il ne faut donc pas faire l’erreur de peindre le diable sur la muraille si tôt dans la saison. Mais la prestation bâclée réalisée mardi soir contre Rapperswil (0-4) et la débandade de dimanche soir en dernière période face à Zurich (0-5 dans le dernier tiers) forcent tout de même à se poser quelques questions sur cette équipe même si, il faut bien l’avouer, les blessures (Glauser, Raffl, Sekac) et suspension (Salomäki) ne l’ont pas épargnée.
1. Un gardien étranger va-t-il être engagé?
Cette saison, Petr Svoboda a décidé de miser sur un duo 100% suisse composé du vétéran Tobias Stephan (38 ans) et d’Ivars Punnenovs. Après six sorties, ce dernier a fait ce qu’on attendait de lui. Des matches solides lorsqu’il était en mesure de jouer et des rencontres manquées pour blessure. C'est hélas habituel pour lui. Tobias Stephan, lui, est actuellement le pire gardien de la Ligue tant en termes de buts encaissés par match (4,36) qu’en pourcentage d’arrêts (86,81%). Et puis il y a l’impression générale. Le Zurichois endosse une part de responsabilité sur bon nombre de réussites concédées.
Entre un gardien sur le déclin et un autre qui n’a toujours pas donné une preuve de longévité sur une saison, la question est désormais de savoir s’il ne serait pas plus sage de se renforcer avec un portier étranger. Problème? Les Vaudois ont mine de rien déjà activé sept licences étrangères et il ne leur en reste donc plus que trois à disposition. Pas simple d’en sacrifier une si rapidement dans la saison pour un poste qui, sur le papier, aurait dû être solide. C’est pourtant un problème qui se pose ce matin du côté de la Vaudoise aréna.
2. La place de John Fust est-elle tenable?
C’est une rengaine qui semble vieille comme le monde. Mais lorsque les résultats d’une équipe ne sont pas à la hauteur des exigences, le fusible à actionner est toujours le même: changer de coach. Depuis son arrivée dans l’actionnariat du Lausanne HC, Petr Svoboda a licencié Ville Peltonen pour placer Craig MacTavish sur le banc. Ce dernier a également été prié de s’en aller au profit de John Fust. Cela fait ainsi trois coachs pour le nouveau directoire lausannois.
Les qualités de John Fust ne sont pas à remettre en question ici. Il a fait ses preuves par le passé. Mais dès lors, si son équipe ne tourne pas, d’où vient le problème? Selon nos informations, Petr Svoboda, très intrusif par le passé, s’est mis en retrait et laisserait un peu de place au staff pour travailler dans le calme. Problème? L’ami du Tchèque Bobby Dollas est l'assistant de John Fust, tandis que le frère de Petr Svoboda, Karel, est également dans l'organisation technique. Chaperonné ainsi, quelle est la vraie marge de manœuvre de John Fust?
3. Qui est le leader de cette équipe?
Posons-nous une question simple: Qui, dans le vestiaire de chaque équipe de National League, est le grognard capable de taper du poing sur la table si nécessaire? Qui allie à la fois vécu collectif, vécu individuel ainsi que connaissance du vestiaire pour jouer ce rôle de leader? Genève? Valtteri Filppula, Daniel Winnik et Noah Rod. Fribourg? Julien Sprunger, David Desharnais et Raphael Diaz. Bienne? Gaëtan Haas ou Beat Forster. Bref, on ne va pas faire toute la liste.
Et à Lausanne? Les jours de beau temps, il y a évidemment des noms à ressortir. Et lorsque la tempête menace? Lukas Frick n’a pas certes été élu capitaine par hasard. Mais est-il ce leader fédérateur? Joel Genazzi est une voix qui porte. Mais le fait qu’il n’ait pas été nommé capitaine ni assistant ne semble pas faire de lui un premier rôle. Alors qui?
4. Le Lausanne HC a-t-il définitivement perdu ses partisans?
La patinoire lausannoise était (dé)garnie par 4966 spectateurs pour la réception de Rapperswil. Si les fidèles du kop étaient encore présents - ils en ont connu d'autres -, les places assises étaient terriblement clairsemées. Le public vaudois peine de plus en plus à faire le déplacement de la Vaudoise aréna. Et les Lions ne leur donnent pas franchement de contre-arguments. Depuis de nombreuses années, le club a perdu le lien avec sa base la plus fidèle. Le nouveau CEO, Chris Wolf, l’a bien compris et tente de recoller les morceaux.
Mais toutes les actions – et toute la bonne volonté – ne remplaceront pas le plaisir d’une victoire ou, à tout le moins, le plaisir de voir une équipe se battre. La prestation médicore face à Rapperswil fait suite à un dernier tiers chaotique contre Zurich (0-5) et une défaite initiale contre Bienne. Bref, dans ces conditions, comment en vouloir à ceux qui préfèrent rester à la maison. Le prochain rendez-vous à domicile aura lieu samedi face à Genève-Servette. Le match de l'ultime chance pour ne pas perdre définitivement les derniers indécis?
5. Combien de temps Grégory Finger va-t-il rester calme?
Et, au milieu de tout ça, l’actionnaire majoritaire Grégory Finger vit sa troisième saison complète à ce poste. Durement touché financièrement durant la crise du coronavirus, le Lausanne HC doit doucement remonter la pente. Mais avec une patinoire à moitié vide, on prend plutôt le chemin d’une nouvelle saison compliquée au niveau des recettes.
Toutes les informations glanées depuis des mois font état d’un dirigeant toujours aussi motivé et investi dans ce club. C’est une excellente nouvelle pour le Lausanne HC. Mais la question ultime devra peut-être bientôt se poser. Jusqu’à quand Petr Svoboda va-t-il passer entre les gouttes sans devoir rendre de comptes?
Une victoire à domicile samedi contre Genève pourrait avoir le don de gommer bien des problèmes, voire de lancer une dynamique positive. Mais dans le cas contraire, Petr Svoboda devra trouver des réponses aux nombreuses questions qui se posent. Comme à son habitude, ce denier n’a pas souhaité répondre à Blick. Reste à savoir si les joueurs que le Tchèque a engagés vont, eux, répondre sur la glace.
Prochaine étape: Berne vendredi avant la réception de Genève-Servette le lendemain dans un derby qui s’annonce bouillant.