«L'atmosphère est incomparable»
Le hockey féminin est en train de conquérir l'Amérique du Nord

En 2023, la Ligue professionnelle féminine (PWHL) a été fondée. Pour sa deuxième saison, le produit est en train de convaincre. Reportage dans les travées d'une rencontre de la Victoire de Montréal.
Publié: 15:26 heures
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Dernière mise à jour: 15:49 heures
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Grégory BeaudJournaliste Blick

En Suisse, le hockey féminin n'a pas encore trouvé son public. Quelques événements ponctuels attirent des curieux à l'image des 3000 et quelques fans présents lors du derby entre Fribourg et Berne. Mais la finale de la Coupe de Suisse à Lausanne, dimanche, n'a rassemblé qu'une poignée de supporters (820) dans l'immense Vaudoise aréna. Cela prendra du temps, mais les dirigeants du hockey suisse et des différents clubs sont en train de faire en sorte que le hockey féminin trouve son public.

Ils pourraient trouver de l'inspiration en Amérique du Nord, puisque la Ligue professionnelle (PWHL) vit sa deuxième saison avec un succès retentissant. En 2024, sur 104 matches répartis entre les saisons 2023/24 et 2024/2025, l'affluence moyenne était de près de 6000 spectatrices et spectateurs par rencontre. Quel est le secret de cette réussite? Immersion lors du match entre la Victoire de Montréal contre la Charge d'Ottawa devant un public conquis.

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Le premier élément marquant lors de l'arrivée à la Place Bell de Laval - en banlieue montréalaise -, est la mixité du public à tous les niveaux. Les femmes sont majoritaires dans les gradins. Avec la bonne vieille technique dite «du doigt mouillé» on peut estimer à 60 voire 65% de supportrices dans les gradins. «Nous sommes des fidèles de la première heure, rigole Béatrice affublée du maillot de l'équipe locale. Avec mon amie, nous venons toujours aux matches. C'est fantastique de voir à quel point l'ambiance est bonne lors de ces rencontres.»

«Je ne suis pas là par charité»

Durant toute la soirée, la rencontre s'est déroulée dans un doux mélange de fête et de sourire tant sur la glace qu'en tribunes. «L'atmosphère est incomparable, abonde Chantale «avec un 'e'». Je ne suis pas une habituée du hockey masculin. J'en regarde à la télévision, mais je ne vais jamais voir les Canadiens de Montréal au Centre Bell. Trop cher et trop compliqué d'avoir des billets.»

La Place Bell de Laval peut accueillir 10'000 personnes. Il est donc plus aisé de trouver un strapontin de libre à un prix abordable puisque les place coûtent moins de 30 francs. Et sur la glace? Le jeu est de très bonne qualité. «Je ne suis pas là par charité ou pour faire ma bonne action de la semaine, précise Franck. Si je n'appréciais pas le spectacle, je ne serais tout simplement pas là. Comme il n'y a que six équipes dans la Ligue, cela permet d'avoir des contingents de qualité. Et cela se voit sur la glace.»

Parmi les fans de l'équipe locale, une immense majorité a jeté son dévolu sur le maillot No 29 floqué «Poulin». Il faut dire que Marie-Philip Poulin est une légende. Âgée de 33 ans, la Québécoise a tout gagné dans sa carrière. Lors du match face à Ottawa, elle a inscrit un triplé pour permettre à son équipe de gagner. L'attaquante est une pionnière puisqu'elle est également engagée dans la prestigieuse NHL en tant que coach affiliée au développement des joueurs de Montréal. Rien que ça.

Couches et rasoirs

Dans les gradins, les femmes sont plus nombreuses, on l'a dit. Mais les filles également. Kayla tient une pancarte dans ses mains sur laquelle il est inscrit «Merci de m'inspirer à vouloir être comme vous». La supportrice de 13 ans est accompagnée par ses parents. Elle a commencé récemment à patiner et va s'inscrire dans une équipe en vue de la saison prochaine. «Elle se débrouille bien, précise Charles, un paternel très fier. Je suis un fan des Habs (ndlr les Canadiens de Montréal) et sans elle, je ne serais probablement pas venu regarder un match féminin. Mais cela aurait été une belle erreur.»

Si le spectacle est divertissant sur la glace, il l'est tout autant en dehors. On peut faire confiance aux Nord-Américains. Une DJ assure l'ambiance tout au long de la rencontre, tandis que de nombreuses animations ont lieu durant les pauses. À quoi peut-on remarquer qu'il s'agit d'un match féminin? Aux publicités. Tantôt les couches sont à l'honneur, tantôt les rasoirs destinés aux femmes et, enfin, les Barbie. Visiblement, les départements marketing des grandes entreprises ont compris que le potentiel était présent en PWHL. N'est-ce pas un signe clair de la percée réalisée par le hockey féminin? Reste à savoir si l'aspect caricatural du ciblage pourrait déplaire à certaines spectatrices.

Une soirée dans la patinoire de Laval suffit à se rendre compte de l'avancée significative réalisée ces dernières années. La Suisse va-t-elle suivre le mouvement?

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