L'analyse de Norvège - Suisse

Un deuxième piège évité et une grosse blessure

Grégory BeaudJournaliste Blick

Que vaut cette équipe de Suisse qui commence doucement, mais sûrement à devenir ambitieuse? Il faudra probablement patienter encore un peu pour le savoir vraiment. «Mais nous avons effectué un excellent début de tournoi, a constaté Patrick Fischer. Nous aurions pu rapidement mener 3 ou 4-0 en étant un peu plus efficace.» Après la Slovénie, l'équipe de Patrick Fischer a écarté un autre adversaire largement à sa portée: la Norvège. Mais il est bien difficile de pouvoir tirer trop de conclusion de ces deux premiers matches.

Il est vrai que ces victoires ne sont pas anodines et la Suisse a eu le mérite d'être très sérieuse et appliquée. Reste toutefois à améliorer deux choses: l'efficacité en zone offensive (que d'occasions ratées en début de match) et gommer les fautes stupides. Mais avant cela, analysons cette rencontre.

Andrea Glauser (défenseur), 1 but et 1 assist. En fin de première période, l'arrière du Lausanne HC a ôté une immense épine du pied de ses coéquipiers. Parfaitement servi par Marco Miranda, le défenseur a magnifiquement déposé le puck sous la transversale de Jonas Arntzen pour inscrire le 2-0. Déjà passeur sur l'ouverture du score, Andrea Glauser a ainsi inscrit son premier but en Championnat du monde pour sa seconde participation.

La paire qu'il forme avec Janis Moser est probablement la meilleure depuis le début de la compétition. Face à la Norvège, les deux arrières ont été les plus efficaces tant en zone défensive qu'en attaque. Au final, 99,1% des actions de buts se sont déroulées devant le gardien norvégien lorsqu'il était sur la glace. Un chiffre quasi surréaliste, mais pourtant bien correct. Impressionnant.

Dario Simion (attaquant), 1 but et 1 assist. Il n'avait pas été le plus remuant samedi contre la Slovénie, mais il s'est parfaitement rattrapé contre la Norvège. Le Tessinois du EV Zoug a ouvert la marque avant d'être impliqué sur le 2-0 en fin de première période. Et si l'on regarde plus loin que les buts, l'ailier a été excellent sur la troisième ligne avec Marco Miranda et Gaëtan Haas.

Ce dernier avait déjà été très bon samedi. Il a récidivé dimanche et permis à Dario Simion de se mettre en valeur. Le trio a constamment apporté du danger autour de la cage norvégienne. Les arrivées de Kevin Fiala et Nico Hischier vont encore densifier cette ligne offensive qui a déjà très belle allure.

Tanner Richard (attaquant), 1 assist. Le No 71 a une nouvelle fois livré une excellente prestation et a surtout fait la différence à un moment clé: la 35e minute. Alors que la Suisse s'est retrouvé à 3 contre 5 durant 35 secondes, le joueur de centre de Genève-Servette a été envoyé au charbon pour deux engagements cruciaux. Résultat? Deux pucks proprement glanés et d'importantes secondes gagnées pour «tuer» les pénalités.

Centre de la quatrième ligne, il compose une paire très efficace avec Christoph Bertschy. Les deux hommes amènent énormément d'énergie. Tanner Richard a disputé neuf engagements et en a remporté huit. Son impact est majeur sur le succès de cette équipe depuis le début du tournoi.

Marco Miranda (attaquant), 1 assist. Le Zurichois de Genève-Servette effectue constamment les bons choix et apporte une belle dimension physique à cette équipe. Face à la Norvège, il a été le deuxième attaquant le plus utilisé par Patrick Fischer. Son assist sur le 2-0 d'Andrea Glauser est un délice. Bref, Marco Miranda a livré un très bon match contre la Norvège. L'arrivée de Kevin Fiala va forcément brasser les cartes, mais il semble avoir trouvé sa place sur une excellente ligne.

Robert Mayer (gardien), 100% d'arrêts (14/14). Difficile de ne pas mentionner dans cette colonne un gardien qui réalise un blanchissage. Mais le portier de Genève-Servette n'a pas franchement été mis à rude épreuve. Sur le premier tiers, il a eu droit à un tir cadré et il n'en a eu que deux durant le dernier. C'est aux alentours de la mi-match, notamment en infériorité numérique, qu'il a su se montrer solide. Le reste du temps, il a beaucoup joué avec sa crosse pour aider son équipe à relancer proprement. Et il l'a plutôt bien fait.

Le premier shift de Calvin Thürkauf a également été le dernier. L'ailier de Lugano est tombé tout seul avant de se fracasser contre la bande. Touché à l'épaule droite, il a terminé l'après-midi à l'hôpital. «Ça ne sent vraiment pas bon pour lui, a tout de suite remarqué Patrick Fischer. C'est agaçant, car c'est un joueur très important de notre système.» En soirée, la nouvelle est tombée: fin de tournoi pour lui. Il devra se soumettre à une intervention chirurgicale.

Tobias Geisser a également dû voir les médecins pour, lui aussi, un problème à l'épaule. Pour l'heure, il n'y a pas d'information définitive le concernant.

Avant ce match face à la Norvège, il restait deux places dans le contingent pour Nico Hischier et Jonas Siegenthaler. La blessure de Calvin Thürkauf permet à Patrick Fischer de remplacer le joueur par un autre sans que cela n'impacte la venue des deux renforts de NHL. Depuis cette année, le règlement permet une rocade en cas de blessure majeure. C'est Damien Riat qui est le bénéficiaire de ce changement puisqu'il a été inscrit dimanche soir.

Après avoir affronté deux «petites» équipes pour son début de tournoi, la Suisse va continuer avec une autre potentielle peau de banane. La troupe de Patrick Fischer défiera mardi le Kazkhstan, une formation qui est totalement à sa portée. Méfiance toutefois puisque le dernier affrontement face à la nation de l'Est n'avait de loin pas été une partie de plaisir. En 2022 à Helsinki, la Suisse ne s'était imposée que 3-2.

Pire. En 2016 à Moscou, les Kazakhs avaient rhabillé les Helvètes pour l'hiver avec une victoire 3-2 qui avait poussé le sélectionneur Glen Hanlon vers la sortie. Mais la sélection d'aujourd'hui n'a plus grand-chose à voir avec celle de l'époque.