Ce sont des images terribles qui rappellent les scènes les plus tristes de l'histoire du hockey suisse. Dos au jeu et à deux mètres de la bande, un défenseur est projeté la tête la première contre la balustrade par son adversaire. Certains ne s'en sont jamais relevés. On pense évidemment à Ronny Keller ou Pat Schafhauser qui n'ont plus remarché après pareilles situations.
Axel Andersson, lui, n'a pas été aussi marqué dans sa chair. Mais le défenseur d'origine suédoise de La Chaux-de-Fonds a tout de même terminé sa soirée à l'hôpital. Selon «Arcinfo», il est d'ailleurs toujours hospitalisé au CHUV en ce mardi 22 novembre. Sa saison est d'ores et déjà terminée et, toujours selon la même source, il devra porter une minerve durant plusieurs mois pour isoler ses deux cervicales fracturées. Sur le moment, les arbitres n'ont rien sifflé.
Au lendemain de cette scène terrible, la Ligue a annoncé l'ouverture d'une enquête concernant le coupable de cette charge. Anthony Staiger a été suspendu de manière provisionnelle pour une rencontre. Il ne sera donc pas sur la glace ce mardi soir pour le déplacement de Langenthal. Et après? La procédure est toujours en cours, mais il y a fort à parier que l'attaquant de 29 ans ne passe pas une seconde fois entre les mailles du filet. Reste désormais une question: quelle sanction pour cette agression?
Le précédent Keller
Selon plusieurs avis d'arbitres collectés, il faut faire attention à ne pas uniquement juger la conséquence, si terrible soit-elle. Parmi les directeurs de jeu sondés anonymement, un consensus se dégage: le terme agression ne doit pas être utilisé. «Les deux joueurs bataillent pour le puck, précise l'un d'entre eux. Ce qui me dérange le plus? Il prend trois ou quatre pas d'élan, ce qui amplifie le contact et j'espère que cela sera pris en compte au moment du verdict, car c'est le problème que je vois dans cette scène.»
Tous ont rappelé le «cas» Ronny Keller datant de 2013. À l'époque, le joueur d'Olten avait été privé de l'usage de ses jambes après une charge de Stefan Schnyder. Ce dernier n'avait pas été suspendu. «La faute de Stefan Schnyder n'est pas établie, même si les conséquences sont tragiques et à peine concevables pour Keller», avait alors communiqué la Ligue suisse de hockey sur glace.
Poussette ou charge?
Une différence majeure toutefois entre les deux scènes: l'instigateur du contact. Ici, et contrairement à la scène précédemment citée, le coupable va au contact de sa victime. Cela change tout. «Il sait qu'il peut faire mal en chargeant un joueur à deux mètres de la bande, poursuit un officiel. C'est là où on attend un peu d'intelligence de la part des joueurs pour ne pas mettre en danger leur adversaire.»
Surtout que la vulnérabilité d'Axel Andersson est grande. «Le défenseur du HCC est en appui sur un patin et donc moins stable, précise un troisième œil avisé. Cela amplifie la bascule vers l'avant.» Mais les trois personnes sondées sont «mal prises» pour anticiper la décision du juge unique. «Sur la glace, nous faisons toujours la distinction entre une poussette et une charge, nous confie-t-on. Et là, justement, on ne sait pas bien. Son bras droit semble donner une impulsion. Mais on n'est pas sur une grosse mise en échec non plus.»
Sanction en fin de semaine
Selon un autre point de vue, il s'agit clairement d'une charge à la bande et elle aurait dû être sanctionnée comme telle: «Selon la règle 41.1, une pénalité doit être sifflée contre tout joueur qui charge ou pousse un adversaire de manière à le faire heurter violemment ou dangereusement la bande. Pour moi, il aurait dû être renvoyé aux vestiaires sans hésiter.»
C'est dans cette zone grise que doit désormais se dépatouiller le juge unique qui n'a pas encore rendu son verdict en ce mardi matin. Comme Winterthour ne joue pas avant ce week-end, le suspense pourrait durer encore un peu jusqu'à la sanction définitive.