Sans un sursaut d'orgueil en fin de partie, on aurait sans autre parler de honte, mais la Suisse a au moins montré un visage attrayant lors des quinze dernières minutes. Il n'empêche que cette défaite, la troisième en autant de rencontres, fait mal. Parce que le Danemark n'est pas du calibre de la Russie ou de la Tchéquie.
Pourtant au terme des vingt premières minutes, on pouvait se dire que le plan se déroulait sans accrocs. Une ouverture du score de Corvi (16e) à la suite d'un joli travail de Weber avait placé la Suisse en excellente position face à la formation entraînée par Heinz Ehlers. Parce que contre cette escouade danoise habituée à bâtir un mur devant son gardien, marquer en premier amène un avantage certain.
Un tiers à oublier
Un avantage galvaudé dès le début d'un tiers médian que l'on labellisera de sainte horreur à tous les niveaux. On peut même avancer que l'on n'avait pas vu pire période depuis un sacré moment sous l'égide de Patrick Fischer. Tout a commencé par une pénalité (sévère?) à l'encontre de Denis Malgin, de retour dans le groupe après son isolement covid, en tout début de tiers. Le box-play helvétique a plié en sept secondes à la suite de l'engagement perdu par Bertschy. C'est l'attaquant d'Ambri, Peter Regin, qui a battu Reto Berra (21e).
21 secondes plus tard, un lancer anodin de Frederik Strom a attrapé le patin de Lukas Frick pour le 2-1 danois. Le défenseur vaudois a inscrit au passage le 3e (!) autogoal en autant de matches. Sans doute un record. Puis à la 34e, c'est le Luganais Mikkel Boedker qui a trompé Berra d'un tir moyen entre les jambes du gardien de Fribourg-Gottéron. Et alors que l'on imaginait l'orgueil des Helvètes leur permettre de revenir dans le dernier vingt, ces derniers ont encaissé le 4-1 à la 42e après une défense beaucoup trop lâche de Denis Hollenstein.
Puis Loeffel a réduit la marque en power-play à la 45e. Et Herzog, magnifiquement servi par Corvi, a remis la Suisse à une longueur des Scandinaves à la 58e. Bien, mais trop tardif malgré la sortie de Berra pour quasiment les quatre dernières minutes. Et à 59 secondes du terme de la troisième période, Strom a pu inscrire le 5-3 final.
Un manque de discipline
«Nous avons manqué de discipline, nous nous sommes assis trop souvent sur le banc des pénalités, surtout en deuxième période», a analysé Reto Berra. Les Suisses ont écopé de quatre pénalités mineures au cours d'un tiers-temps intermédiaire perdu 0-3. Deux fois, le revenant Denis Malgrin, placé en isolation à son arrivée en Chine, a subi les foudres des arbitres.
«De cette façon, nous avons perdu le rythme. Nous devons absolument éviter les fautes avec la canne», relevait Fischer. Lorsque les Suisses ont enfin trouvé le bon tempo après le 2-4 de Romain Loeffel (45e), ils se sont retrouvés pénalisés pour surnombre à la 53e. Huit secondes plus tard, Simon Moser se retrouvait également sur le banc. Des événements qui n'avaient pas leur place dans cette phase cruciale de la partie.
Des fautes qui ne devaient pas arriver
De surcroît, les Suisses ont montré quelques carences défensives alors qu'ils s'étaient plutôt bien débrouillés lors de leurs deux premiers matches contre le Team ROC (0-1) et la République tchèque (1-2 tab). «Avant les troisième et quatrième buts, nous avons commis des fautes simples dans la zone de défense qui ne devraient pas arriver au troisième match» se plaignait Fischer. «Lorsque nous nous sommes retrouvés menés tout d'un coup 1-3 après avoir connu un bon départ, contre une équipe que nous devions battre, nous avons perdu de notre assurance. Cela m'a toutefois plu que nous n'ayons pas laissé tomber.»
A la question de savoir si le Danemark avait été sous-estimé, Berra a répondu. «En aucun cas. Je ne sais pas ce qui s'est passé, nous voulions vraiment la victoire. Nous nous sommes créé beaucoup de bonnes chances. Maintenant, il faut savoir tirer les bonnes conclusions de cette défaite et grandir comme équipe.»
Un huitième de finale désavantageux
La Suisse a ainsi concédé son premier revers dans un match officiel contre le Danemark après sept succès. Désormais, la sélection helvétique va devoir passer par un huitième de finale, ce qui n'est pas un désavantage selon Fischer. En tant que dernière du groupe B, la Suisse héritera sûrement d'un adversaire de valeur. La désignation se fera après les derniers matches de dimanche.
Sans une révolte salvatrice et à une prise de conscience de ses cadres, cette sélection semble rejouer la même partition qu'à Pyeongchang avec cette sortie sans gloire en huitièmes de finale face à l'Allemagne. L'espoir existe encore, mais il va falloir se montrer sous un meilleur jour.
(ATS)