Tant en 2019 qu’en 2020, Janis Moser était éligible pour être sélectionné lors de la traditionnelle draft de NHL. À chaque fois, il avait entendu le nom de plus de 200 joueurs, mais jamais le sien. Alors cette année, lorsque les Coyotes de l’Arizona l’ont appelé en 60e position, il a tenu sa revanche. Mais il ne le voit pas comme tel. «Je comprends que vous pensiez cela, nous a-t-il expliqué. Mais ce n’est pas le cas. J’ai continué de travailler.» Presque comme si de rien n’était, en somme. Sans faire de bruit.
Pourtant, le défenseur aurait pu se sentir snobé, lui qui a été habitué à brûler les étapes tout au long de sa carrière. Pas assez doué offensivement? Pas assez robuste? Pas assez ceci ou cela? Le Seelandais a laissé parler et s’est contenté de travailler avec le sérieux qui le caractérise. Et si, finalement, ces deux premières expériences malheureuses ne lui avaient pas rendu service? Appelé un peu par hasard – le croyait-on du moins – lors du championnat du monde en 2019 en Slovaquie après une première saison complète de National League, l’arrière avait rapidement balayé les doutes avant de malheureusement se blesser.
Les leçons de pilates
Intégré dans les M20 à 16 ans, il avait rejoint le vestiaire des «grands» un an plus tard. Sa force? La simplicité au service et une capacité à se mettre sans cesse au service de l’équipe. «Qu’il joue avec les juniors élites un match amical ou une rencontre de championnat du monde avec la Suisse, j’ai l’impression qu’il ne va pas changer son approche», nous confiait la saison dernière Anders Olson, ancien entraîneur assistant du HC Bienne.
Après deux saisons prometteuses en Suisse et un rôle de pierre angulaire parfaitement endossé, Janis Moser aurait pu s’arrêter là. Se dire que, à 20 ans, c’était déjà pas mal. Et c’était déjà pas mal, d’ailleurs. Mais il a préféré continuer sa progression. À l’été 2019, il a découvert le pilates lors d’un camp en Floride. «J’ai rapidement remarqué que j’avais un manque de mobilité et une musculature relativement faible dans le bas du corps, avait-il confié à Blick en cours de saison dernière. Pour moi, c’était devenu rapidement clair que je n’étais pas capable d’utiliser correctement mon corps.»
Il a ensuite continué le travail intensif au niveau de ses muscles profonds, avec l’aide d’une coach personnelle: Gina Mathis. Ses trois entraînements hebdomadaires – en plus de tout le reste, évidemment –, lui ont permis d’arriver en excellente forme au début de la saison dernière, celle qui lui a permis de franchir un nouveau cap. «Sur la glace, je me sens plus souple, plus équilibré et plus à l’aise», apprécie-t-il. Une capacité à se remettre en question rare chez un joueur aussi jeune.
Cet été, il n’a rien travaillé de manière spécifique depuis la draft. Ou alors sa capacité à répondre aux sollicitations. «C’est vrai que le jour du repêchage, j’ai reçu énormément de messages», se souvient-il. Depuis, il a rapidement jeté un coup d’œil à l’Arizona, là où il poursuivra sa carrière. «Je connais un peu Tucson et Phoenix, mais pour être honnête avec vous, je vais un peu dans l’inconnu.»
«Physiquement, je me sens beaucoup mieux»
Une certitude, c’est qu’il continuera le pilates. Comme depuis deux ans. «C'est désormais une partie intégrante de ma routine», précise-t-il. Il s’astreint à des exercices de souplesse et de tonicité chaque soir avant de dormir.
«Les progrès sont impressionnants, apprécie-t-il. Entre le moment où j’ai commencé les cours et aujourd’hui, je vois une grosse progression dans ma mobilité et ma souplesse. C’est un exemple anodin, mais en me penchant en avant, j’arrivais à toucher la moitié de mes mollets. Je touche désormais mes orteils avec les poignets. Physiquement, je me sens beaucoup mieux.»
A 21 ans, il parle comme un vétéran. S’il se sent un peu différent des autres joueurs de son âge? Peut-être. «Je réfléchis beaucoup aux moyens de progresser, poursuit-il. La nutrition est un autre exemple. C’est un point qui est assez facile à maîtriser et qui peut vraiment t’aider à progresser. Peut-être que je me pose certaines questions que d'autres coéquipiers de mon âge ne se posent pas.»
Que doit-il faire pour avoir une chance de s’imposer en Amérique du Nord? «D’un côté il y a l’aspect du jeu physique qu’il faut être capable de gérer, détaille-t-il. Les duels sont plus nombreux et probablement plus durs.» Un autre point retient son attention: «Jouer plus simple, rigole-t-il. Les surfaces de glace sont plus petites qu’en Europe et tu as moins de temps pour faire les choses sur la glace. Dès lors, il faut accepter de jouer simple.»
Et faire les bons choix. Mais ça, Janis Moser a toujours sur le faire.