«Paradiso, ça porte bien son nom vous ne trouvez pas?» Sur la terrasse du Cafe Retro, Chris McSorley est tout sourire. Il a de quoi. Ses grands débuts avec le HC Lugano se sont déroulés à merveille. Une victoire 2-0 contre Rapperswil mercredi dernier dans une patinoire généreusement garnie. «Comme Ambri ne jouait pas ce soir-là, la présence médiatique était énorme, rigole-t-il. Heureusement que nous avons gagné car sinon j’aurais passé un sale quart d’heure devant les journalistes.»
«Depuis le Tessin, nous ne connaissions Chris McSorley que pour ses coups de colère, rigole Flavio Viglezio, journaliste suiveur du HC Lugano pour le «Corriere del Ticino». Mais depuis son arrivée, nous avons découvert une autre facette de sa personnalité. Il est très calme et posé. Pour le moment, c’est un plaisir de le côtoyer. On verra si cela change lorsque les résultats ne sont pas au rendez-vous.»
L’autre jet d’eau
Sa nouvelle vie, Chris McSorley l’a entamée avant l’été déjà. «Nous sommes venus avec ma famille le plus rapidement possible afin de nous assurer une bonne transition», poursuit-il après avoir passé commande en anglais. L’italien? Pas encore au programme. «Je suis ici pour gagner un maximum de matches de hockey et je ne peux pas me permettre de me disperser, mais j’ai commencé à l’apprendre.» Il faut dire que l’Ontarien n’a jamais vraiment souhaité s’exprimer publiquement en français durant son règne genevois. «Les gens ne savent pas à quel point je comprends bien votre langue, révèle-t-il. C’était ma petite arme secrète.» À Lugano, il a tout de même eu le temps de se rendre compte de la promiscuité entre le français et l’italien. «Je me suis surpris à comprendre certaines phrases déjà, c’est un bon début.»
Si les températures ne sont pas aussi élevées que d’habitude en ce début septembre, Chris McSorley assure tout de même ressentir cette «Dolce Vita» typique. «Il faut faire attention à ne pas trop se sentir en vacances, poursuit-il. La tentation est là. Il suffit de voir ce panorama avec les montagnes au bord du lac. C’est une ville magnifique. Enfin… un grand village.» Depuis son arrivée en juin, il a pris ses marques et se repère déjà facilement dans la bourgade tessinoise. «À quelques mètres d’ici, il y a un jet d’eau, précise-t-il. Lorsque je suis arrivé, on a voulu me faire croire que c’était en mon honneur pour pas que je ne sois trop dépaysé (rires).» Au moment de l’interview et du shooting photo, la pompe était à l’arrêt. «À Genève, j’aurais pu vous le faire allumer, mais ici ce n’est pas encore possible.»
Une chose a frappé le Canadien depuis plusieurs mois: la ferveur. «Ce n’est pas rare que lorsque je suis arrêté à un feu rouge avec ma voiture, on vienne taper à la fenêtre et me saluer. Et dans la rue, les gens semblent tous soutenir le club, c’est très agréable.» Ce succès initial face à Rapperswil a d’ailleurs été accueilli par un grondement dans une Cornèr Arena brûlante. «Je me réjouis du premier derby face à Ambrì-Piotta. C’est un environnement passionné.»
Mais avant cela, il y aura un autre moment fort. Certes, Chris McSorley sait d’expérience qu’il faut toujours prendre match après match. Mais impossible de ne pas avoir la rencontre du samedi 18 septembre dans la tête. Ce samedi, il se rendra à Genève pour y défier Servette avec Lugano. Il prendra place pour la première fois de sa carrière sur le banc adverse. «Tout le monde m’en parle, donc je ne peux pas faire comme si de rien n’était, pouffe-t-il. J’ai vécu des moments extraordinaires là-bas et c’est une étape majeure dans ma carrière, mais aussi dans ma vie.»
Quel accueil aux Vernets?
Ce chapitre – ce livre, pourrait-on écrire – s’est toutefois refermé brutalement. Le point final n’a jamais été mis formellement. Actuellement, le club et Chris McSorley sont au-devant d’une procédure judiciaire qui pourrait être longue. «C’est malheureux, la manière dont s’est terminée cette histoire, mais je le prends comme une opportunité de vivre un nouveau départ ailleurs pour moi et ma famille. Je suis heureux de faire partie d’une grande et iconique organisation comme le HC Lugano. Ici, les attentes sont très élevées, mais tout est fait en transparence totale, sans discussions de couloir qui nuisent au développement du club.»
Comment sera-t-il accueilli par les fans des Vernets? «Je ne sais pas à quoi m’attendre, avoue-t-il. Ce sera une soirée spéciale, mais je suis totalement concentré sur mon nouveau club. Je n’ai pas le droit de m’éparpiller même si la soirée s’annonce particulièrement riche en émotions.» Et le club? Comment accueillera-t-il celui qui l’a établi en première division et l’a fait devenir une adresse respectée? Ce sera à n’en pas douter intéressant à observer. «Pour vous, les journalistes ce sera une jolie histoire», ponctue Chris McSorley, maître communicateur.