Jan Alston n'entre pas encore dans les boulangeries de Davos en lançant des «Allegra» - «Bonjour» en romanche - à qui veut bien l'entendre. Mais le nouveau directeur sportif du club grison a déjà repris la main en Suisse-allemand. De sa décennie passée à Zurich (2001-2010), quelques restes sont encore bien présents. «Lorsque l'on me parle en anglais, je m'efforce de répondre en allemand, nous explique-t-il. Mais bon... C'est vrai que pour le romanche, il faudra peut-être encore attendre un peu (rires)» Depuis le 1er mai dernier, Jan Alston est le nouveau directeur sportif du HC Davos, club avec lequel il avait joué au milieu des années 90, durant une saison. C'est à cette époque qu'il a rencontré Marc Gianola, celui qui est désormais son directeur sur les hauts de Landquart. «C'est un club familial, précise Jan Alston. J'apprécie l'atmosphère qui s'en dégage. Les choses se passent simplement. Les gens se parlent franchement et sans détour.»
Lorsque le premier contact a eu lieu, les négociations ont été rapides et Jan Alston a pris possession de ses bureaux le 1er mai dernier, au lendemain de la fin de son contrat avec le Lausanne HC. Une page de son histoire sur laquelle il ne veut pas trop s'étendre: «Cela fait partie du business, vous savez. Il y a de nouvelles personnes qui avaient une autre vision des choses. Si je regarde où se trouvait le club lors de mon départ et où il était à mon arrivée (ndlr: en LNB), je me dis qu'il y a de belles choses qui ont été accomplies et que je n'ai pas de regret à avoir.»
Première année «off»
Aujourd'hui âgé de 52 ans, Jan Alston a commencé sa carrière de joueur en 1984 dans les juniors canadiens. Depuis cette année, il n'a jamais eu le moindre répit. «Lorsque tu es dans ce milieu, tu as toujours la tête dans le guidon, enchaîne-t-il. Ce temps libre consécutif à mon départ de Lausanne m'a donc été bénéfique.» Point de repos au programme pour autant. Celui qui a passé les dix dernières années de sa carrière à se former pour sa «deuxième vie» a mis ce temps à profit pour penser à lui. À ce qu'il peut faire pour s'améliorer. «On peut toujours faire mieux, précise-t-il. Mais il faut avoir le temps pour s'en rendre compte. Ce qui n'est pas le cas lorsque tu es pris dans le tourbillon quotidien.»
Dans les Grisons, Jan Alston pourra bénéficier d'infrastructures flambant neuves avec une patinoire totalement refaite et un centre d'entraînement de premier plan. «Mon objectif principal sera de maximiser le potentiel de ce qui est à disposition, détaille-t-il. Nous avons tout pour bien faire, mais la recherche de la haute performance doit être au centre de tout. Nous avons des jeunes joueurs. Bref, la base est bonne.» L'intégration des jeunes sera donc au coeur du projet. A Lausanne, c'est justement là où cela a pêché sous l'ère Jan Alston. «Tout est une question de budget, précise-t-il. A Lausanne, il n'y avait pas les mêmes ressources. Si nous avions eu le même centre à disposition, nous aurions essayé de faire pareil.»
Décision douloureuse
Depuis son arrivée à Davos, Jan Alston n'a pas chômé. Il a signé l'attaquant suédois Matthias Bromé et discute avec Dennis Rasmussen. Mais il a surtout engagé le gardien Gilles Senn, de retour d'Amérique du Nord. «C'était une évidence que si un ancien junior du HCD revenait en Suisse - et c'était sûr qu'il allait revenir -, il devait signer à Davos», lance-t-il. Est-ce à dire que Davos lui a fait la meilleure offre, blague devenue récurrente lors de ses années lausannoises où il était réputé pour offrir les meilleurs contrats? Il se marre franchement. «Non, justement. Comme je vous le disais auparavant, nous avons une philosophie axée sur la jeunesse et nous ne pouvons pas rivaliser sur certains dossiers.»
Pour engager Gilles Senn, Jan Alston a dû annoncer à Robert Mayer que le club ne comptait plus sur lui malgré un contrat valable jusqu'en 2025. Pour l'heure, l'ancien gardien de Genève-Servette est toujours dans l'organisation grisonne. «Nous avons tenu à faire les choses proprement, détaille le directeur sportif. Avant d'annoncer la venue de Senn, nous nous sommes assis avec Robert et lui avons exposé la situation. Il l'a bien compris et nous sommes désormais en train de chercher la meilleure solution pour toutes les parties. Il sait qu'il est notre troisième gardien, mais je suis persuadé qu'il ne s'en contentera pas. Nous n'avons pas d'échéance pour trouver une solution.»
L'ombre d'Arno
Rapidement dans la discussion, un nom vient sur la table: Arno Del Curto. Le «mage» a passé plus de vingt ans à faire la pluie et le beau temps - surtout le beau temps, d'ailleurs - à Davos. Un héritage lourd. «C'est évident que son ombre est toujours là, précise Jan Alston. C'est incroyable le niveau d'excellence qu'il a été capable d'amener au club. Même si je ne l'ai toujours pas vu depuis que je suis arrivé, je sens sa présence. Cela me semble totalement normal, d'ailleurs. Il a tant apporté ici.»
La mission de Jan Alston sera de remettre le HCD sur la carte. «Lors de deux des trois dernières saisons, le club n'a pas disputé les play-off. Ce n'est pas dans ses habitudes et il est important de lancer un nouveau cycle. C'est un joli défi que les dirigeants se sont donné et je me réjouis de les aider dans cette direction.» Avant de s'en aller, Raeto Raffainer, son prédécesseur désormais parti à Berne, avait signé Valentin Nussbaumer, Raphael Prassl et Axel Simic. Trois jeunes joueurs amenés à prendre du galon avec la formation rhétique. Preuve que le HC Davos a bel et bien envie de reconstruire une base solide pour revenir au sommet.