De nombreux visages inconnus
Tout savoir sur les nouveaux étrangers de la ligue

Lors de chaque début de saison en National League, plusieurs nouvelles têtes peuplent les vestiaires des différentes équipes. Difficile de savoir qui va être à la hauteur et qui va décevoir. On tente d'y voir plus clair à une semaine de la reprise.
Publié: 01.09.2021 à 05:46 heures
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Jiri Sekac (Lausanne HC)
Photo: keystone-sda.ch
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Grégory BeaudJournaliste Blick

À en croire les différents directeurs sportifs, tous ont engagé «LA» bonne pioche. Le joueur qui est censé faire la différence. Une individualité qui «travaille fort dans les deux sens de la patinoire» et, surtout, «qui a une attitude exemplaire sur la glace, mais aussi dans le vestiaire». C’est sûrement le cas pour certains. Mais tous ne vont pas être flamboyants. Cette saison, les nouvelles têtes sont très nombreuses en National League. Plus que d’habitude d’ailleurs.

Hormis Fribourg, qui a reconduit l’intégralité de sa légion étrangère (exception faite du retraité Viktor Stalberg), toutes les autres équipes de National League ont au minimum un nouvel étranger à présenter. On fait le tour en les classant en cinq catégories.

Les futures stars

Pour le Finlandais la donne est claire: il passe un an en Suisse et décolle immédiatement pour l’Amérique du Nord. C’est du moins le plan qui semble lui avoir été proposé dans l’Emmental. En suivant l’exemple de Dominik Kubalik (Ambri puis Chicago), Aleksi Saarela pourrait vivre une superbe saison du côté de Langnau. À seulement 24 ans, l’attaquant sera probablement le joueur le plus véloce de la ligue.

Lors des matches amicaux, il a été aligné comme centre de la première ligne, mais pourrait probablement davantage mettre à profit son coup de patin dévastateur sur une aile. Toujours est-il qu’il faudra probablement profiter de sa présence en Suisse, car elle pourrait être éphémère.

On en attendait monts et merveilles la saison dernière. Il était rapidement reparti jouer en Amérique du Nord après avoir signé un contrat d’une année avec les Washington Capitals. Avec seulement six rencontres disputées pour les «Caps», le Canadien revient donc en Suisse pour un nouveau passage. Ses huit matches avec les Bianconeri avaient été très prometteurs puisqu’il avait totalisé quatre buts et autant d’assists. Il y a de bonnes chances que l’ailier soit aligné en première triplette offensive avec Mark Arcobello. Le duo a tout pour être absolument inarrêtable.

Les deux dernières saisons de Daniel Carr en AHL donnent un avant-goût de ce qu’il pourrait être en mesure de faire en Suisse: 52 matches, 71 points et 47 matches, 50 points. À 29 ans, il se trouve dans ses meilleures années et pourrait faire très mal sous la houlette de Chris McSorley à Lugano.

Zoug a réussi le tour de force de perdre Raphael Diaz (Fribourg) et Santeri Alatalo (Lugano) tout en étant plus costaud en défense. Oui oui, vous avez bien lu. Avec Christian Djoos, le directeur sportif Reto Kläy a frappé un tout gros coup. La saison dernière avec Detroit, le Suédois a inscrit 11 points en une trentaine de matches de NHL. Arrière routinier, il a une solide expérience en NHL et a même remporté une Coupe Stanley.

En Suisse centrale, le joueur originaire de Göteborg devrait faire oublier le chouchou Raphaël Diaz. Un chiffre pour tenter de vous convaincre? En une saison de AHL, il a inscrit 58 points en 66 matches. Rappel: il est défenseur.

Les excellentes pioches

Après dix saisons de KHL, l’arrière finlandais débarque en Suisse. À 36 ans, Juuso Hietanen ne semble pas être freiné par les années. Il compte parmi les meilleurs défenseurs de la Kontinental Hockey League depuis de nombreuses saisons. Son expérience longue comme le bras devrait sacrément aider Ambri avec, notamment, une influence notable sur le jeu de puissance. Avec Michael Fora, les Léventins pourront s’appuyer sur deux arrières dominants.

Et trois bonnes pioches pour le prix d’une, TROIS! Si le coach Christian Wohlwend venait à décider d’aligner une triplette Bromé – Rasmussen – Stransky, celle-ci aurait le potentiel pour être une ligne de feu. Entre le dévoreur d’espaces Mathias Bromé, le créateur de jeu Dennis Rasmussen et le robuste Matej Stransky, les Grisons sont parés au niveau de leur légion étrangère. Ce dernier vient de terminer meilleur buteur du championnat de République tchèque et pourrait faire des dégâts avec son impact physique. Un scout, convaincu par ce joueur, en parle comme d’un «Klingberg avec de meilleures mains». Si tel est le cas, attention les dégâts.

Pour remplacer Linus Omark, il fallait «du lourd» et, sur le papier, Marc Gautschi a trouvé un sacré nom pour prendre la place du Suédois. Avec Valtteri Filppula, les Grenat ont mis sous contrat un joueur avec une carrière prolifique et une expérience à faire pâlir tous les autres étrangers de la ligue. Il sera sûrement moins «flashy» que Linus Omark, mais il sera important de ne pas comparer les deux joueurs.

Ce vécu impressionnant vient, forcément, avec un point négatif pour Filppula. À 37 ans, le Finlandais a-t-il encore les jambes pour tenir le rythme sur une patinoire plus grande qu’en NHL? Hormis une quinzaine de matches durant une grève syndicale, l’attaquant n’a plus évolué en Europe depuis la saison 2004-2005. Il a tout pour être une future star de la ligue. Mais ce dernier point laisse planer un léger doute.

En préparation, il évolue au centre de la première ligne avec un certain succès. L’attaquant polyvalent devrait être l’une des excellentes pioches cette saison. Il n’a peut-être pas le CV le plus ronflant (et encore…), mais il semble toujours trouver un moyen de se rendre utile à son équipe. Après avoir longtemps fait l’ascenseur entre la NHL et la AHL, Phil Varone avait tenté sa chance en KHL la saison dernière. Le Canadien a signé un contrat d’un an avec le Lausanne HC. Malgré une ligne de centre solide, il devrait se montrer incontournable.

Après une saison 2018-2019 fantastique en KHL, il a connu deux derniers championnats plus poussifs. Son aventure en Russie s’est terminée par des play-off en tribunes. Un changement d’environnement lui sera donc probablement positif. Grand gabarit, il va déménager dans les bandes de la Vaudoise aréna.

Le seul léger doute que l’on peut avoir sur lui concerne sa vitesse. Est-il suffisamment explosif pour faire la différence dans le championnat de National League? À 29 ans, la réponse est sûrement favorable, ce qui pourrait faire de lui une des bonnes pioches de la saison. Petite confession au passage. S’il n’avait pas vécu une fin de dernière saison en queue de poisson, il aurait été mis dans les futures stars du championnat.

Le fait qu’il soit Suédois rend peut-être la comparaison un peu trop évidente. Mais l’arrière nordique pourrait évoluer dans le même registre que le Genevois Henrik Tömmernes. Aussi fort que lui? Probablement pas, non. Mais l’ancien défenseur du Spartak Moscou est un joueur doté d’une superbe première passe et d’un sens du jeu assez rare. À Rapperswil, il aura en outre toute la liberté du monde en supériorité numérique puisqu’il sera amené à remplacer Dominik Egli, parti à Davos.

Centre naturel, il évolue sur une aile depuis le début de la préparation. Il faut dire qu’avec Garrett Roe et Marcus Krüger, la ligne de centre zurichoise est particulièrement bien garnie. Justin Azevedo est devenu l’un des joueurs les plus fiables en KHL ces dernières saisons et a même remporté un titre avec Kazan. Avec 0,72 point par match en près de 400 rencontres, le Canadien affiche des statistiques similaires à celles Brandon Kozun (à retrouver plus bas) même si les attentes sont légèrement plus grandes pour lui.

En Suisse centrale, le Suédois sera le deuxième centre pour la simple et bonne raison que Jan Kovar est le MVP de la dernière saison. Mais dans n’importe quelle autre équipe de la ligue, il pourrait prétendre à une place dans la première ligne. Trop fort pour la AHL et un poil juste pour la NHL, il s’est retourné vers la Russie pour y poursuivre sa carrière. Après trois ans et un titre en KHL, il vivra sa première expérience en Suisse au sein de l’armada zougoise. S’il ne sera peut-être pas le joueur le plus prolifique du EVZ, il pourrait être l’un des plus précieux.

Les valeurs sûres

Lors de la saison 2015-2016, le Canadien avait évolué avec Peter Regin (à retrouver ci-dessous) au Jokerit Helsinki. La connexion entre les deux hommes a visiblement permis aux Léventins d’attirer Brandon Kozun aujourd’hui pour reformer le duo. Sur la première ligne de la formation tessinoise, les deux hommes pourraient faire des dégâts. Brandon Kozun avait tout de même disputé les Jeux olympiques avec le Canada en 2018.

Cet ailier de petite taille (173 cm) a inscrit 0,76 point par match en KHL depuis son arrivée dans le championnat. À titre de comparaison, Jan Kovar (Zoug) a inscrit exactement une unité par match dans cette ligue. Si tout se passe bien sous la houlette de Luca Cereda, ce pourrait être une bonne surprise.

Les deux risquent de ne pas aller l’un sans l’autre cette saison. Ici aussi, du coup. Quiz: qui se souvient que Peter Regin avait déjà joué en Suisse par le passé? Ceux qui ont répondu Langenthal 2012-2013 durant la grève en NHL ont tout mon respect. À l’époque, son compatriote Heinz Ehlers était l’entraîneur de la formation bernoise. Ceci explique cela… Il n’avait certes joué que quatre matches, mais il ne s’agira donc pas de sa première apparition sur les glaces suisses. Il vivra, par contre, son baptême du feu dans l’élite.

Comme Kozun, le Danois a longtemps écumé le championnat de KHL avec un rien moins de succès (0,65 point par match). Centre robuste et leader expérimenté, il devrait faire un bien fou à cette équipe d’Ambri très jeune. Et si la première ligne Kozun-Regin-Pestoni est reconduite en début de saison, on pourrait même voir ce dernier exploser après plusieurs années compliquées.

Les fans de Genève-Servette n’ont probablement pas oublié le génial letton qui avait enflammé les Vernets durant la saison 2013-2014 (44 points en autant de matches). Au moment où les rumeurs d’un retour en Suisse ont été lancées, un connaisseur du milieu m’avait dit qu’il serait trop lent pour avoir encore une influence significative en National League. Sur le papier, le nom est ronflant, mais cette légère mise en garde pousse à une certaine réserve.

Pouvant aussi jouer ailier, Kaspars Daugavins semble parti pour évoluer au centre de la seconde ligne. En préparation, il avait notamment été aligné avec Vincent Praplan et Tristan Scherwey pour composer une triplette qui, sur le papier, paraît très équilibrée. À voir s’il a toujours la vélocité nécessaire pour permettre au CP Berne de redevenir un des grands clubs de ce championnat.

Lorsqu’un joueur a été capitaine lors de ses quatre dernières saisons tant en Suède (Örebro) qu’en Finlande (HIFK), il n’y a aucun doute à avoir sur son caractère. Jere Sallinen a remporté un titre mondial avec Toni Rajala. Pouvant évoluer autant à l’aile qu’au centre, il semble un peu «juste» niveau vitesse pour le rôle d’ailier. Lors des matches amicaux, le Finlandais a régulièrement endossé le rôle de centre de la deuxième ligne.

Si Bienne venait à engager un cinquième étranger dans ce registre, il est possible que Sallinen soit décalé sur une aile. Dans une offensive seelandaise qui peut compter sur une belle homogénéité, il pourra amener une certaine profondeur.

Avec Harri Pesonen, on sait exactement ce que l’on a. Un ailier capable d’enfiler sa quinzaine de buts par saison – voire plus si affinité – et un joueur doté d’un flair certain pour toujours se trouver au bon endroit. Après une saison en KHL, il revient à Langnau, club avec lequel il avait déjà disputé deux saisons auparavant. En Suisse, il vivra ses dernières bonnes années. Tant que son coup de patin est toujours aussi efficace, Langnau n’aura pas de souci à se faire.

Le nouveau coach Jason O’Leary (ancien assistant à Genève) a ramené le grand attaquant dans ses bagages en provenance d’Allemagne. S’il a la confiance de son futur entraîneur, c’est déjà un excellent signal. Alexandre Grenier avait effectué une pige à Lausanne lors de la saison 2019-2020 (10 matches, 8 points). A Langnau, il devrait probablement évoluer au centre de la deuxième ligne et possède tous les attributs pour faire des dégâts devant le filet adverse.

Dans une équipe visant le haut du tableau, il serait un bon joueur de soutien. À Langnau, il devra endosser plus de responsabilités. Même si ses épaules sont larges, sont-elles suffisamment solides?

Le joueur est une valeur sûre. Habitué à être l’un des meilleurs défenseurs en République tchèque, Martin Gernat a déjà effectué une pige à Lausanne. Sans avoir été brillant, il avait montré des choses intéressantes. Il y a toutefois deux inconnues à son sujet: la durée de son contrat (trois ans) paraît un peu longue et n’est pas dénuée d’un certain risque. Sera-t-il aligné régulièrement parmi les cinq étrangers sous contrat? Il devrait être en concurrence avec Mark Barberio lorsque celui-ci sera de retour de suspension. Si Martin Gernat joue régulièrement, il y a de fortes chances qu’il soit solide et que son apport offensif soit au rendez-vous.

Lorsque l’on est engagé en même temps que Christian Djoos, il est difficile de soutenir la comparaison. Par contre, l’arrière suédois – qui débarque en provenance de Rögle – devrait tout de même être un solide joueur dans cette ligue. À 26 ans, il vient de terminer vice-champion de Suède et tentera sa deuxième saison à l’étranger après un passage en Amérique du Nord entre 2017 et 2019.

Les sauts dans l’inconnu

Le génial joueur de centre disposera-t-il du même temps de jeu à l’étage supérieur qu’en Swiss League? En deuxième division, le Québécois était absolument génial à chaque fois qu’il posait un patin sur la glace. Face à des défenses plus hermétiques, il se pourrait que le saut de qualité soit difficile à effectuer.

Après avoir tourné à 1,8 point par match, le joueur de centre est prêt à relever le défi. À 31 ans, il sait néanmoins qu’il s’agit là de sa dernière opportunité de s’établir dans l’élite. Comme tout le HC Ajoie, il a au minimum deux ans pour faire ses preuves.

Comme son compère Devos, l’ailier doit prouver qu’il appartient à l’élite du hockey helvétique. Après avoir étrillé, lui aussi, les arrière-gardes adverses, Jonathan Hazen aura à coeur de prouver aux formations de National League qu’elles auraient pu (dû!) compter sur lui. Lors des rencontres de Coupe de Suisse avec le HCA, il parvenait à régater face aux équipes de NL. Mais sera-t-il capable de livrer des prestations abouties tous les soirs et non uniquement lors de «missions» comme ce fut le cas avec les Jurassiens lors de l’épopée victorieuse en Coupe?

La question se pose pour les deux Québécois. Si la réponse est positive, alors le HC Ajoie aura des arguments à faire valoir. Dans le cas contraire, la saison pourrait devenir assez compliquée.

Le Québécois a probablement la meilleure moyenne de buts par match dans l’ensemble des joueurs de National League. Durant ses deux piges avec Genève-Servette, Guillaume Asselin a totalisé six buts en seulement quatre rencontres. Il s’est même fait l’auteur d’un fantastique triplé avec les Aigles. Mais le Canadien ne va pas «tourner» à 1,5 but par rencontre avec le HCA, c’est une évidence. Il faudra toutefois que l’ailier soit productif si les Jurassiens ont envie d’avoir du succès cette saison.

Une chose est certaine, Gary Sheehan lui donnera toutes les opportunités possibles tant à égalité numérique qu’en power-play. À 28 ans et après deux saisons magnifiques à Sierre en deuxième division (86 matches, 119 points), il vivra sa première vraie expérience dans l’élite.

L’arrière va également effectuer un grand saut dans l’inconnu cette saison. Jérôme Leduc débarque de Vienne où il était le troisième meilleur défenseur du championnat de ICEHL. Drafté au troisième tour par Buffalo en 2010, il n’a jamais réussi à faire son trou en Amérique du Nord. L’aubaine pour lui? Ajoie lui offre une porte vers l’un des meilleurs championnats du monde. Défenseur offensif, il aura la lourde tâche de tenir le jeu de puissance ajoulot. A-t-il les épaules suffisamment larges pour cette tâche? On aura bien vite la réponse.

Les différents sons de cloche font état d’un joueur solide, mais rarement génial. Défenseur fiable, il est amené à remplacer Petteri Lindbohm poste pour poste. Si les attentes ne sont pas démesurées le concernant, la satisfaction devrait être au rendez-vous.

La présence de Yannick Rathgeb pour gérer le premier power-play va l’aider et réduire les attentes sur le plan offensif. En amical, Lööv a d’ailleurs fait la paire avec l’ancien international suisse. Preuve que c’est surtout en défense qu’on l’attendra au tournant.

Comme pour Viktor Lööv, le jeune défenseur russe débarque dans le Seeland avec son lot d’incertitudes. Après avoir joué trois matches avec le HCB lors de la saison 2019-2020, il n’avait pas laissé un souvenir impérissable. Avec l’augmentation du nombre d’étrangers dans la ligue, il faudra d’ailleurs s’habituer à ce profil de joueurs moins dominants qu’habituellement. Alexander Yakovenko en est un exemple assez parlant.

La saison dernière, il avait montré de bonnes choses avec Berne, de temps à autre. Mais le Suédois avait globalement été décevant, raison pour laquelle il n’avait pas été conservé par les Ours. En amical, il s’est fait l’auteur d’un triplé, mais aura surtout un rôle de soutien avec les Tigres de l’Ilfis.

Si Lugano venait à enrôler un cinquième étranger, il y a fort à parier que Troy Josephs soit la cinquième roue du char. Débarqué de Viège en cours de saison dernière, il avait terminé la saison au Tessin mais devrait surtout jouer un rôle de soutien.

Qui? Les interrogations ont sûrement été nombreuses lors de l’engagement de Zack Mitchell par Rapperswil. Âgé de 28 ans, l’ailier devra remplacer Steve Moses, blessé pour de nombreux mois voire pour toute la saison. Après une carrière nord-américaine relativement anonyme, il a évolué deux saisons en KHL avec un certain succès. Une chose est certaine, il ne pourra que surprendre en bien.


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