C’est une action que Fribourg Gottéron espère unique voire historique. Lors du derby face à Lausanne, le 15 octobre prochain, les Dragons incitent les hommes à céder leur place à une femme afin de «redistribuer les cartes», selon un communiqué du club. John Gobbi, CEO du club depuis un an, est au cœur de ce projet et explique les raisons qui ont mené à cette action qui pourrait faire grincer quelques dents.
John Gobbi, expliquez-nous comment est né ce projet.
Tout est parti, à la base, de la réintégration de l’équipe féminine de hockey sur glace à l’organisation de Fribourg Gottéron. Nous avons beaucoup parlé avec Chantal Robin qui est la directrice de la Chambre de commerce et d’industrie du canton de Fribourg. C’est une femme qui dirige une entreprise.
Et avec elle, nous avons beaucoup parlé de la place de la femme dans la société. On voit que cela évolue beaucoup ces temps, même dans le sport. Le football et le cyclisme, notamment, sont beaucoup plus médiatisés. C’est pourquoi nous avons pensé que ce serait bien de mettre la femme au centre d’un match.
Avez-vous un objectif précis pour cette action?
Non pas d’objectif précis, mais si la patinoire pouvait être à 100% féminine, ce serait historique non? Au-delà des chiffres, nous avons vraiment envie de faire de l’arrivée de l’équipe féminine un événement.
N’avez-vous pas peur des retours négatifs?
Pour l’instant, je n’en ai pas encore eu. Peut-être que ce sera le cas ce jeudi soir lors du match que nous disputons face à Tampere en Ligue des Champions. Mais je suis conscient que c’est une idée novatrice et que cela va faire parler.
Plusieurs fans nous ont contacté pour nous faire part d’un certain agacement depuis cette annonce.
Nous avons fait cette action avec pour idée de générer un partage. Que des hommes disent à leur femme, copine, fille ou amie qu’elle peut aller profiter du match à leur place, nous trouvons cela super. Ce partage est l’un des piliers qui nous a menés à cette initiative.
N’avez-vous pas peur que l’on taxe Fribourg d’opportuniste à surfer sur la vague féministe?
Pour moi, ce n’est pas le sujet du tout. Il ne faut pas oublier qu’il ne s’agit que d’une action l’espace d’une soirée. Et les hommes qui joueront le jeu pourront voir le match sur l’écran géant dans la Salle des Fêtes à deux pas de la patinoire. Le problème auquel nous sommes confrontés est que la patinoire est composée à seulement 25% de femmes.
Dans d’autres patinoires, c’est peut-être plus élevé, mais il s’agit de notre réalité. Comment faire pour les intéresser si elles ne sont jamais présentes? En Amérique du Nord, la proportion est proche du 50/50. Afin de refléter davantage la société, ce doit être notre objectif.
Vous serez présent au match le 15 octobre?
Je serai présent autour de la patinoire pour travailler en marge du match, oui. Mais je le regarderai probablement depuis la Salle des Fêtes avec les hommes qui ont pris part à l’opération.