Autant le dire d'emblée, ce traumatisme se ressent davantage du côté alémanique de notre pays. Lors de la conférence de presse organisée par la fédération, ce sont les journalistes germanophones qui sont revenus à plusieurs reprises sur le sujet.
Parce que de Berne à Zurich en passant par Bâle et St-Gall, perdre contre les Allemands en hockey a quelque chose d'humiliant. En Romandie, c'est contre la France que la rivalité existe, et au Tessin face à l'Italie. Question de culture.
Contexte différent
Toujours est-il que le dernier duel Suisse-Allemagne qui a compté n'a pas laissé de très bons souvenirs. Que ce soit à Lugano ou en Suisse romande. Un goal de Yannic Seidenberg après 26 secondes dans la prolongation avait permis aux Allemands de filer en quarts de finale du tournoi olympique et contraint la Suisse à rentrer à la maison la queue entre les jambes.
«C'était il y a plus de trois ans et tout est différent, a rappelé Patrick Fischer. Après, une partie contre l'Allemagne dans un match à élimination directe, c'est toujours spécial, c'est clair.» De cette défaite mortifiante, ils sont encore huit dans l'équipe aujourd'hui, neuf si l'on compte Leonardo Genoni qui faisait alors office de suppléant de Jonas Hiller.
Si le coach n'y voit pas une blessure ouverte, Tristan Scherwey semble un peu plus «rancunier»: «On a suivi la partie contre la Lettonie pour voir qui serait notre adversaire. Ca reste un derby contre eux. Et je dirais qu'on a quelques comptes à régler. Aux JO, tout se jouait aussi sur un match. Peut-être qu'à ce moment-là on ne méritait pas encore de passer. Il nous a manqué un petit bout, mais on n'a pas oublié.»
Deutsche Qualität
Les Allemands se présentent en Lettonie avec une équipe plus jeune que la Suisse et quelques joueurs très intéressants, malgré l'absence des stars Tim Stützle (Ottawa) et Leon Draisaitl (Edmonton). Drafté en 6e position par les Detroit Red Wings en 2019, Moritz Seider impressionne du haut de ses 20 ans. Prêté à Rögle en SHL, il a inscrit 28 points en 41 matches de saison régulière et 5 points en 13 matches de play-off.
Repêché l'an dernier par Chicago en 17e position, Lukas Reichel vient de fêter ses 19 ans, mais il affiche déjà 6 points en 6 matches dans ce Mondial. Et le coach finlandais Toni Söderholm peut compter sur des joueurs possédant une certaine expérience nord-américaine comme Tom Kühnhackl, Tobias Rieder, Korbinian Holzer et le véloce Dominik Kahun, débarqué d'Edmonton en cours de tournoi.
Bien dans ses patins en dépit de deux défaites et d'un dernier match contre les Britanniques un peu chaotique, la Suisse va-t-elle au-devant d'un match-piège? «Je ne pense pas, estime Tristan Scherwey. Bien sûr que face au Canada ou à la Finlande, on serait certainement outsider, mais on va faire confiance à notre jeu. Même lorsque cela ne tournait pas comme on le voulait, on a fini par retrouver notre jeu. On doit se concentrer là-dessus.»
Son de cloche identique pour Christoph Bertschy, partenaire de ligne de Tristan Scherwey depuis le début de la préparation: «Peu importe qu'on joue l'Allemagne ou le Canada, nous avons livré nos meilleurs matches quand nous nous sommes concentrés sur notre jeu.»
Genoni ou Berra?
Pour affronter l''Allemagne, Patrick Fischer pourra compter sur un effectif au complet. Cela signifie que Dario Simion et Vincent Praplan sont à sa disposition. Le sélectionneur justement, comment voit-il ce quart de finale? «L'Allemagne est stable défensivement, c'est une équipe qui encaisse peu et qui se bat toujours jusqu'au bout. Il faudra répondre physiquement, savoir garder notre calme et jouer notre jeu. Notre marque de fabrique, c'est d'évoluer avec beaucoup d'intensité en profitant de notre vitesse.»
Fidèle à ses habitudes, Patrick Fischer n'a pas souhaité dévoiler le nom du gardien qui sera entre les poteaux jeudi. La tendance penche tout de même vers une présence de Leonardo Genoni.
Jamais du genre à se cacher derrière un rideau d'excuses ou à tempérer ses propos, Tristan Scherwey résume parfaitement la partie à venir: «Tout autre résultat qu'une victoire serait considéré comme un échec.» Aussi bien à Zurich qu'à Lausanne ou à Bellinzone.